Le bec et le jabot chez le pigeon
C’est, comme chacun sait, l’extrémité cornée de la tête de pigeon. Il se divise en deux valves supérieure et inférieure. La valve supérieure enveloppe, côté corps, l’orifice des 2 narines.
La croissance du bec est assurée par une série de petites glandes situées à la limite du bec, glandes très comparables aux follicules plumifères, produisant comme eux une substance cornée. La composition de la corne du bec est très proche de celle de la hampe de la plume.
Chez les pigeons foncés, cette corne est chargée en mélanine (noire), chez les floris, il peut y avoir des marbrures noires-roses (décolorées) comme sur les ongles et le plumage, les blancs vrais (floris complets) ont eux le bec et les ongles roses.
A la naissance, le bec se termine, sur sa valve supérieure, par le « diamant » (le « grain de riz ») plus rigide, qui permet l’éclatement de la coquille lors de l’éclosion. Cette protubérance s’estompe très rapidement les jours suivants. Contrairement aux follicules plumifères, les glandes productrices de la corne du bec ont une activité lente mais continue. En effet le bec lors des repas en particulier, s’use régulièrement. Ce bec est limité, sur sa valve inférieure par la peau mais adhère au maxillaire inférieur par du tissu conjonctif. La valve supérieure adhère au maxillaire supérieur, limité par les narines sur les 2 côtés et à l’arrière par la masse des caroncules (morilles). Il peut arriver au bec diverses aventures. Il peut être victime d’un choc violent (en vol en général); arrachement: il se désolidarise de son support osseux. Cela se répare tout seul mais il est fréquent de constater ensuite une croissance anormale de la valve atteinte (bec de perroquet). J’ai vu rentrer jadis un de mes bons pigeons avec la valve supérieure du bec courbée vers le bec et enfoncée entre les 2 branches de la valve inférieure. Remis d’aplomb par simple soulèvement et sans suites fâcheuses. Une poquette située juste à la commissure du bec a, même après guérison, une influence fréquemment néfaste: en effet l’inflammation de la glande productrice provoque une production accélérée de corne ce qui a pour effet d’en provoquer la déviation du côté opposé. Cela donne diverses infirmités telles le bec croisé qui peu à peu gène l’absorption des graines. L’amateur est alors dans l’obligation de redresser ce bec en le coupant progressivement, peu à peu, au risque d’une hémorragie et d’une plaie à vif s’il y a été trop fort.
Le jabot.
Le jabot n’est qu’une double poche sur l’oesophage. C’est donc l’ensemble du conduit qui mène les graines et l’eau de la bouche au ventricule succenturié. Ce conduit est musculeux, c’est-à-dire qu’il se contracte par des mouvements péristaltiques (en ondes progressives) pour faire avancer la nourriture vers les organes profonds. Si la bouche est riche en glandes salivaires, la salive qu’elles produisent étant surtout lubrifiante, le jabot lui produit du mucus chargé en enzymes digestives, que les mouvements de contraction de l’organe vont mélanger à l’eau de boisson absorbée pour imprégner la ration de graines. Ce liquide fait gonfler les graines, les ramollit, donc facilite leur attaque acide dans le ventricule succenturié et surtout leur broyage dans le gésier. Les enzymes du jabot sont surtout du type « amylase », c’est-à-dire qu’elles participent à la transformation des hydrates de carbone (en particulier l’amidon) en sucres source du glucose énergétique puis des graisses également énergétiques. Le jabot apparaît en temps de repos comme une membrane d’environ 1 mm. d’épaisseur, de couleur blanc rosé. Très fréquemment, l’amateur voit un de ses pigeons rentrer avec une plaie du devant de la poitrine, ayant provoqué une déchirure du jabot. Quelquefois, il attribue cet accident à l’attaque d’un rapace.
Comment faire alors?
Il faut d’abord enlever tous les détritus de plumes cassées, graines de la plaie et tout autour sur 15 mm de large de chaque côté. Essuyer la plaie. La laver apporte souvent plus de saletés qu’on n’en enlève.
Au moyen d’une laine mousse un peu coupante, séparer la peau de la paroi du jabot sur un bon centimètre de large de chaque côté et sur toute la longueur évidemment et même un peu plus. Si la peau est déchirée irrégulièrement, ne pas hésiter à la rectifier aux ciseaux bien coupants. Ensuite, on prendra du fil non coupant (cordonnet de soie, coton à repriser) et on recoudra le jabot par des points en surjet. Un petit coup de poudre anti-septique sur ce jabot recousu et on recout la peau ensuite – surjet ou points séparés ou en u. Inutile d’enlever tes fils: ils sont éliminés naturellement dans les 3 ou 4 semaines suivantes. L’important est que la couture du jabot soit parfaitement étanche. Laisser le pigeon sans boire ni manger pendant 48 h. puis le ré-alimenter peu à peu. Le jabot est aussi le siège de profondes modifications qui commencent quelques jours après le début du couvage et vont s’amplifiant jusqu’à la naissance des pipants. Tant chez le mâle que chez la femelle la paroi interne du jabot s’épaissit, de nouveaux vaisseaux sanguins apparaissent, les cellules se chargent de graisse. Cette graisse accompagnée de protéines digestibles et d’eau, ce sera le lait de jabot (pape). Ces modifications se produisent sous l’influence d’une hormone, la prolactine, d’origine hypophysaire. Ce lait sera le seul aliment du pipant les 4-5 premiers jours de sa vie puis il se mêlera de plus en plus de graines. La production de cette prolactine est accompagnée d’une chute de l’hormone femelle dans le sang (folliculine) et du blocage immédiat de la mue.
Doct. Vét. J.P. Stosskopf
Notice:
Le bec est, l’extrémité cornée de la tête. Il se divise en deux valves supérieure et inférieure. Le bec est limité, sur sa valve inférieure par la peau mais adhère au maxillaire inférieur par du tissu conjonctif. La valve supérieure adhère au maxillaire supérieur, limité par les narines sur les 2 côtés et à l’arrière par la masse des caroncules (morilles).
[ Source: Article édité par Dr. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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