Le bon trio – pigeon voyageur
De bons pigeons, un bon colombier et un bon colombophile, sont les trois ingrédients indispensables au succès. Quand un facteur est manquant, l’interrupteur est éteint et l’on se retrouve en balance entre la misère et de maigres succès.
Le pigeon.
Le point principal est « le pigeon ». Il ne faut rien espérer avec de mauvais pigeons. Ces derniers ne sont bons que pour la soupe. J’ose affirmer que de mauvais pigeons logés dans un pigeonnier extraordinaire et conduits de manière professionnelle ne donneront jamais rien. Par contre de bons pigeons, logés dans un pigeonnier moyen, et de plus mal soignés, se feront régulièrement remarquer. Un véritable bon pigeon peut supporter beaucoup plus qu’un pigeon moyen. Cependant dans ces conditions il ne faut pas espérer des succès continus.
Le colombier.
Le pigeonnier vient en deuxième position. La mauvaise qualité d’un pigeonnier est fortement influencée par les conditions atmosphériques, l’environnement et le nombre de pigeons. Dans un tel pigeonnier, dans des conditions favorables, les bons pigeons se feront remarquer de temps en temps. Un bon colombophile peut obtenir certains succès avec des pigeons honnêtes dans un tel pigeonnier mais la régularité et les titres de champions sont à oublier.
Le colombophile.
Je mets « le colombophile » en troisième position mais en fait je devrais le situer en toute première place. Un bon colombophile s’arrange pour avoir de bons pigeons et un bon pigeonnier. Il voit très rapidement où le bât blesse et les solutions à apporter: aux pigeons ou bien au pigeonnier. Ce sont des hommes qui restent champions toute leur vie. Ils connaissent parfois un revers et une moins bonne saison mais l’année suivante ils sont de nouveau là. Ce sont les merles blancs du sport colombophile. Ce n’est pas seulement un don qu’ils ont reçu à la naissance. Le champion sacrifie tout à son sport. Il est conduit par les succès. Aucun effort n’est trop dur pour lui. Il épluche tout et se tient au courant de l’évolution du sport colombophile. Le plus souvent il est fanatique, esclave des pigeons et intransigeant au point de vue de l’hygiène. Avec l’âge, son ambition diminue, il devient philosophe et découvre la différence entre l’essentiel et le superflu. Les prestations sont peut-être un peu moins éclatantes mais grâce à sa grande expérience et sa clairvoyance du sport colombophile il restera toujours un bon colombophile.
Comment reconnaître le crack?
Les pigeons sont mon travail et mon hobby. A mon travail parmi les pigeons je peux être nerveux pendant la journée et me retrouver le soir tout à fait détendu près de mes propres pigeons. Je n’exagère pas si je vous dis que je prends en mains chaque année environ quelque 75.000 pigeons. Pour beaucoup de colombophiles ceci est une référence qui laisse supposer une grande connaissance. Aussi il m’est souvent demandé: « Comment je reconnais un crack ou un bon pigeon? ». Cette question m’a trotté dans la tête pendant de longues années… J’ai beaucoup cherché, questionné et lu, mais honnêtement je dois avouer que je n’ai pas de réponse satisfaisante : « Je n’en sais rien. » Lorsque je réponds ceci au colombophile me questionnant, souvent il pense que je ne veux pas lui dire la vérité. C’est pourtant ce qu’il y a de plus vrai. Il y a un type de pigeon que j’aime bien mais sous cet aspect il y a plus de mauvais que de bons. Depuis j’ai trouvé une réponse laconique qui fait toujours sourire mon interlocuteur: « Comment vous expliquer en cinq minutes ce que j’ai mis 35 ans à comprendre? ».
Une telle boutade lorsqu’elle est suivie d’une explication sérieuse est généralement bien acceptée. Je ne crois pas qu’il existe une personne au monde possédant « la connaissance » du bon pigeon, qu’il soit producteur ou voyageur. Il y a beaucoup de charlatans et de personnes qui croient avoir cette connaissance mais je n’ai pas encore rencontré de véritable expert.
J’ai déjà eu l’occasion de trouver plus d’une fois le meilleur pigeon lors de mes visites au colombier. Et l’on en parle encore toujours. Mais la dizaine, la centaine de fois et même sûrement plus où je me suis complètement trompé cela est oublié depuis longtemps. Ainsi est le sport colombophile. Le seul colombophile que j’admire énormément est Noël De Scheemaecker. Je mets l’accent sur « colombophile » car il l’est au plus profond de son coeur. Je n’en connais aucun autre ayant autant de compréhension, d’intelligence et de sagesse que Noël De Scheemaecker. C’est grâce à lui que je suis venu à la Station d’Elevage. J’y ai beaucoup, vraiment beaucoup, appris. Je voudrais citer une de ses phrases, qui restera toujours gravée dans ma mémoire et qui en fait résume tout: « Plus nous approfondissons la matière colombophile, plus nous nous rendons compte du peu de connaissances acquises! ». Paroles sages d’un homme sage de 83 ans qui possède une expérience comme personne d’autre.
Et pourtant… il ne m’en voudra certainement pas et vous ne me croirez peut-être pas, si je vous dis que souvent il doute et est incertain. Ce n’est pas de la fausse humilité mais « il sait qu’il sait très peu. » Je l’ai souvent entendu dire « ce pigeon possède tout pour faire un bon mais je suis incapable de voir à l’intérieur. » Celui qui connaît monsieur Noël et qui possède un tout petit peu d’intelligence, passe son chemin avec pitié ou secoue la tête lorsqu’un morveux de 30 ou 50 ans, attablé à un comptoir, met en vente ses connaissances colombophiles et ses qualités de sélectionneur.
Croyez-moi: si un matin quelqu’un vient me montrer comment reconnaître les bons pigeons des mauvais, cela vaudra de l’or. Mais ce sera néanmoins la fin du sport colombophile. Les plus riches pourront acheter les meilleurs pigeons. Heureusement, il n’en est rien et je ne crois pas que cela se produise un jour.
[ Source: Article édité par M. André Roodhooft – Revue PIGEON RIT ]
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