Le pigeon dans son passé – Le pigeon à travers les siècles. (6)
Petit tube en aluminium pouvant contenir un message attaché à la patte du pigeon
En Europe.
A la fin du Moyen-âge les messageries par pigeons devinrent moins actives en Orient. En Europe par contre et plus spécialement en Belgique, en France et en Hollande, on vit apparaître de plus en plus de pigeons.
Les columbariums poussèrent comme champignons, construits en bois sur piloris ou en tours témoignant de l’opulence des seigneurs propriétaires. Le diamètre de ces tours atteignait de 3 à 6 mètres pour une hauteur de 10 à 12 mètres, avec trois à quatre étages, chaque étage comptant une centaine de petites cases. La population de pareilles tours atteignait jusqu’à cinq cents pigeons. Seule la noblesse avait le droit de bâtir des « columbariums » et les seigneurs les installaient en nombre selon leur fortune. Les paysans supportaient mal cette discrimination et pas le moins parce que les pigeons pillaient leurs champs à la saison des semailles. Les seigneurs ne leur accordant qu’un maigre dédommagement.
On ne soignait pas les pigeons comme de nos jours. Ils devaient subvenir à leurs besoins en picorant sur les champs; ce n’est qu’au plus rude de l’hiver qu’on leur servait quelques graines. Pour les seigneurs comptait avant tout la saveur de la chair sur leur table et le fumier pour leurs terres.
La Révolution française mit fin à l’injustice. Les privilèges furent supprimés. Tous les citoyens avaient le droit de tenir des pigeons. De nombreuses tours furent abattues et les communes, rendues à leurs libertés, fixèrent des périodes durant lesquelles les pigeons devaient rester enfermés, sans quoi les laboureurs pouvaient les tirer. La colombophilie populaire progressa rapidement; les oiseaux amélioraient l’ordinaire. A cette époque l’armée se servait déjà des pigeons pour la transmission de messages. Assiégée par l’armée espagnole en 1574 la ville hollandaise de Leiden subissait une cruelle famine. Sommé par ses concitoyens de capituler ou de leur procurer du pain, le bourgmestre Vanderverf put les calmer en exhibant une dépêche reçue par pigeon voyageur et annonçant que les digues de la Meuse et de l’IJssel avaient été rompues et ne tarderaient pas à mettre les Espagnols avec les pieds dans l’eau. Les assiégés se résignèrent à poursuivre leur resistance. L’ennemi dut bientôt lever le siège. Leiden était sauvée. Les messagers ailés avaient été prêtés par trois frères qui furent récompensés avec des pièces d’argent frappées d’un bateau transportant des vivres. De plus leur fut octroyé le privilège de prendre le nom de Vanduyvenboden (messagers par pigeons), toujours porté de nos jours en Belgique comme en Hollande. De son côté le prince d’Orange voulut que les pigeons fussent désormais nourris par le trésor public. Après leur mort leurs corps furent enbaumés et conservés au Musée de Leiden.
Au 18ème siècle.
La Perre de Roo rapporte dans « L’ Acclimatation » du 20 août 1882 avoir longtemps parlé à des sourds lorsqu’il proposa d’incorporer des pigeons aux services de liaisons de l’Armée française.
Lorsque, le 2 septembre 1870, précise-t-il, j’informai le Ministre de la Guerre qu’il n’y avait, pour Paris assiégée plus d’autre moyen pratique de communiquer avec le dehors que par pigeons voyageurs, l’officier qui accueillit les colombophiles venus présenter quelques pigeons les reçut avec des éclats de rires moqueurs. Il n’empêche que la manoeuvre fut tentée. A l’intervention de M. Louis Van Rosebeke, vice-président de la société colombophile « L’Espérance » des pigeons furent sortis de Paris par ballons et le soir même les premiers d’entre eux rentraient dans la capitale porteurs de dépêches. Ces sorties de Paris en ballon n’étaient pas exemptes de dangers. Le 12 novembre quelques accompagnateurs tombèrent aux mains des Prussiens. Sur trente pigeons emportés, six avaient pu être lâchés. Les 24 autres étaient tombés aux mains de l’ennemi. C’est ainsi qu’un de ces messagers, lancé par les Allemands apporta à Paris la fameuse nouvelle disant que: « Ces diables de Français avaient repris Orléans! »
Le service de liaison par pigeons fut développé et raffiné durant la guerre Franco-Allemande au point d’égaler le service du télégraphe des chemins de fer. Imprimées selon un procédé photographique ingénieux, les dépêches étaient enroulées dans l’intérieur d’une rémige que l’on fixait à la queue du pigeon par fil de soie.
Arrivées à destination les petites feuilles étaient soumises à un bain d’eau ajoutée de quelques gouttes d’ammoniac et fixée entre deux feuilles de verre pour faciliter la lecture.
Le baron de Rotschild avait devancée de plus d’un demi-siècle l’expérience française. En 1815, il put annoncer à ses frères à Londres, la défaite de Napoléon à Waterloo par pigeon. Les banquiers de Rotschild se trouvaient informés trois jours plus tôt que la Cour d’Angleterre et disposant d’informations qui pouvaient influencer les fluctuations boursières bien avant leurs concurrents, ils purent réaliser de fabuleux bénéfices. La colombophilie et la colombiculture se développèrent intensément en France après la guerre avec l’Allemagne. Bientôt plus de deux cents associations s’occupèrent de l’élevage de pigeons voyageurs pour la participation à des concours de longues distances surtout. Le nombre des amateurs s’accrut au même rythme au fil des ans et l’organisation des concours subit une évolution de mieux en mieux structurée à tous niveaux.
[ Source: Article édité par Revue PIGEON RIT ]
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