Le pigeon dans son passé – Le pigeon militaire. (7)
Les pigeons militaires étaient particulièrement bien protégés pendant leur transport.
La Perre de Roo a joué un rôle décisif dans l’érection des colombiers militaires en Europe. Il établit des contacts avec des personnalités de premier rang dans les divers pays pour les convaincre de l’utilité de cette formule de messagerie. Il offrit d’ailleurs bon nombre de pigeons entraînés aux gouvernements de divers pays. Ayant obtenu de ses compatriotes Florent Joostens commandant de cavalerie dans l’armée belge et Georges Dhanis, un riche propriétaire anversois. quatre cents pigeons de la meilleure souche, il les offrit, avec une vingtaine des siens au gouvernement français. Offre suivie de l’allocation d’un crédit pour l’érection d’un colombier central au Jardin d’Acclimatation à Paris. M. La Perre de Roo a également peuplé à ses frais des colombiers militaires en Autriche. en Italie, en Espagne, au Portugal et en Suisse. Ce qui fit conclure par le chroniqueur de « L’indépendance belge » à l’époque: « Grâce aux efforts persévérants de notre infatigable compatriote, tous les pays d’Europe auront bientôt un colombier militaire peuplé de pigeons belges. » Instruits par la guerre de 1870 les gouvernements étrangers et l’Allemagne en particulier ont érigé des colombiers de liaison pour desservir leurs places fortes. L’Allemagne encouragea fortement la création de sociétés colombophiles dans le but d’augmenter le nombre de messagers ailés qu’elle pourrait réquisitionner en cas de conflit. Le Kaiser fit bâtir des postes frontières avec colombier. Une section d’élevage de pigeons fut crée au Jardin zoologique. L’empereur Guillaume 1er et l’état-major de l’armée allemande témoignaient le plus vif intérêt pour les pigeons étrangers tombés entre leurs mains. Bismarck fit ériger un colombier personnel à Berlin et l’empereur reconnut d’utilité publique les sociétés colombophiles dès 1878. Le Ministère de la Guerre fut chargé de l’entraînement des pigeons tandis que le Ministre de l’Agriculture instaurait une prime à l’extermination des rapaces.
Répondant au souhait de l’empereur la société des chemins de fer dut consentir une réduction de 25% sur ses tarifs pour le transport de pigeons. A son tour l’empereur Guillaume Il devint président d’honneur de l’Association colombophile nationale fondée en 1884 et groupant quatre cents sociétés, En 1879 le budget prévu pour la colombophilie à l’armée s’élevait à 13.000 marks.
En 1890 il atteignait 50.000 marks! En 1897 le journal belge « De Duif » publiait la statistique des colombiers militaires de l’empire allemand. Elle renseignait: 516 sociétés affiliées à la Fédération impériale, avec quelque 200.000 pigeons pouvant être réquisitionnés dans les plus brefs délais. La Prusse seule groupait 416 sociétés, la Bavière 22, Hambourg 15, Darmstadt 10 etc. Par la suite la pratique colombophile devait prendre une grande extension dans les provinces Rhénanes fortes de 244 sociétés pour 167 à Dusseldorf, 37 à Aix-la-Chapelle. 27 à Cologne etc.
Même l’Alsace comptait une vingtaine d’associations colombophiles allemandes. Toutes ces sociétés étaient équipées d’un matériel de photocopie microscopique, de boïtes pour contenir les dépêches etc. Chaque fort de première classe, comme chaque navire de guerre avait ses pigeons de transmission. Certaines places fortes comptaient même trois à cinq colombiers de liaisons. Pour l’ensemble du Reich les pigeons militaires étaient au nombre de 500.000 environ. Tous portaient, en plus des marques dans l’aile, une bague à la patte frappée aux armes de l’Allemagne et un numéro matricule.
Les colombiers civils pouvant être réquisitionnés étaient administrés sous surveillance du baron von Alten lequel avait à répondre de sa gestion envers le Chancelier et l’Empereur.
Les colombiers pouvaient être contrôlés par les commandants de places lesquels avaient également droit de regard sur les sociétés colombophiles locales. Tout colombophile en âge de service militaire était engagé, sous serment, dans une section technique en temps de guerre. Celle-ci était chargée de la conduite des colombiers et de la réception des messages apportés par les pigeons. Les porteurs. pédestres ou équestres devaient fournir les messages aux autorités dans les plus brefs délais. Les contrevenants pouvaient encourir jusqu’à la peine de mort! En plus des concours, on organisait annuellement des manoeuvres de mobilisation avec transmissions de messages par pigeons, afin d’exercer tous les colombophiles concernés. Nos compatriotes enviaient ce qui se faisait de l’autre côté du Rhin car dans notre pays les sociétés colombophiles devaient subvenir à leurs besoins. Encore que le Roi, le comte de Flandre et les administrations communales encourageaient la pratique de la colombophilie en accordant des subventions pécuniaires converties en prix d’honneur pour les vainqueurs des principales compétitions.
L’Allemagne poussa plus loin encore, créant une section spécialisée pour la protection des pigeons par des faucons entraînés à cet effet, alors que d’autres devaient attaquer les messagers ailés des armées adverses.
Pour échapper à ces attaques on armait les pigeons d’une plume attachée dans la queue et taillée de telle façon qu’elle produisait, en vol un sifflement aigu qui tenait les agresseurs à distance. C’est principalement en Italie et dans les régions alpestres que l’on eut le plus souvent recours à ce moyen de défense.
De nos jours, des amateurs habitant des régions peuplées de rapaces en font encore usage.
[ Source: Article édité par Revue PIGEON RIT ]
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