Le pigeon dans son passé – L’origine du pigeon voyageur. (2)
Il n’est pas simple de déterminer l’ascendance précise du pigeon voyageur. Le Persan, le culbutant, le dragon et le cravaté sont sans doute représentés dans sa génétique évoluée à la suite de nombreux croisements dirigés ou accidentels. Grand spécialiste ès colombophilie, auteur de nombreux écrits, V. La Perre de Roo n’y est pas allé par quatre chemins pour prétendre que la « race » du pigeon dit voyageur est, je cite: « de pure création belge. » Opinion d’autant plus valable qu’elle est celle d’un témoin de l’évolution qui devait s’engager au début du 19ème siècle.
Dans « L’Acclimatation », journal des éleveurs, il écrivait en 1882 (il y a 139 ans):
— Nous devons ce précieux messager aux croisements entre le carrier et le culbutant ou le monte-au-ciel et le pigeon cravaté, et, selon toute probabilité à d’autres croisements opérés au hasard dans les fermes et les basses-cours.
Tenant à la fois du carrier, comme le démontrent les caroncules nasales, du cravaté et du monte-au-ciel, le pigeon voyageur belge s’en distingue cependant par des traits fixes qui lui sont propres et qui caractérisent la race. Il a le bec de couleur corne foncée, épais à sa base, fort et long chez les uns, court et voûté chez les autres et la mandibule inférieure s’adapte exactement à la supérieure; les caroncules nasales extrêmement développées; chargées d’excroissances chez certains sujets, très peu développées par contre, lisses et blanches chez d’autres; la tête grosse, ronde et large entre les yeux; l’oeil hardi, brillant, bien dilaté, d’un rouge vif ou d’un rouge orangé, ou perle, enchassés dans deux cercles charnus plus ou moins épais, lisses, d’un blanc farineux. Les amateurs s’attachent ardemment à ce que ces cercles fassent bien le tour de l’oeil et soient partout de largeur et d’épaisseur uniformes.
On rencontre quelques fois des types dont le développement des caroncules nasales et des bourrelets charnus autour de l’oeil rappellent d’une manière frappante le dragon dont ils ne se distinguent que par leurs ailes moins largement attachées au tronc et par leur bec moins droit et moins long. Son cou court et gros s’arrondit en une courbe gracieuse à sa jonction avec la partie postérieure de la tête. La poitrine est large et quelques fois ornée d’un jabot. Il a le corps rapassé et solidement campé sur des pattes vigoureuses, courtes avec des tarses d’un rouge vif; les ailes vigoureuses et longues s’étendent jusqu’aux trois quarts de la longueur de la queue qui est étroite et composée de douze rectrices superposées qui se recouvrent les unes les autres. Et de poursuivre: Autrefois il existait en Belgique plusieurs variétés de pigeons voyageurs, elles ont disparu devant l’invasion d’une race améliorée qui ne comporte que deux variétés désignées sous les dénominations de pigeon voyageur belge à bec long et de pigeon voyageur belge à bec court ou liégeois. Les colombophiles belges rapportent indistinctement à la première variété les pigeons voyageurs anversois et tous les pigeons à bec long, tandis qu’ils rapportent à la seconde variété les liégeois et tous les pigeons à bec court.
Ces deux variétés ne différaient donc entre elles que par le développement du bec. Ce qui incitait La Perre de Roo à prédire: il est probable que les deux types ne tarderont pas à se confondre en un type unique. Et d’ajouter: le petit pigeon liégeois devient déjà rare et tend à disparaître devant l’invasion d’une race de plus forte taille. réputée peut-être à tort plus vigoureuse et plus robuste. En France nous la désignons sous la dénomination de pigeon voyageur belge ordinaire. Le plumage est épais, serré, lisse bien lustré et très variable, mais les nuances les plus communes sont le bleu, le bleu étincelé, le rouge étincelé, le gris meunier, le fauve etc.
L’aspect de l’oiseau est coquet et distingué; son allure est vive en alerte et son vol est puissant et soutenu.
La coloration des yeux et du plumage n’exerce aucune influence sur les mérites de ces remarquables oiseaux et leurs aptitudes ne relèvent en rien de ces caractères. Il y a donc de bons pigeons de toutes robes et les colombophiles belges, avec raison, ne prêtent aucune attention à la couleur du plumage de leurs pigeons. Le pigeon anversois se rapproche plus que les deux autres du type unique, par sa taille et par ses formes en général. Le pigeon liégeois diffère de l’anversois par sa taille qui est moindre, par les formes de son corps qui sont plus mignonnes; par son bec plus court et par son jabot qui orne plus ordinairement sa poitrine. Mais ces deux variétés tendent graduellement à se fondre en un seul type comme sous le rapport essentiel: un instinct d’orientation extrêmement développé chez l’une comme chez l’autre. Certains chercheurs et historiens en herbe nous parlent de plusieurs autres variétés. On a opéré des cultures un peu partout dans le pays et en Europe, en Hollande, en Angleterre, en France et en Italie mais tous se confondent finalement dans le type dit belge. Qui donc voudrait contredire le savant V. La Perre de Roo?
[ Source: Article édité par Revue PIGEON RIT ]
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Le pigeon dans son passé – L’origine du pigeon voyageur. (1)
Le pigeon dans son passé – Les races Belges de base. (3)