23 janvier 2021 Par admin

Le pigeon dans son passé – Les races Belges de base. (3)

Alexandre Hansenne était originaire de Verviers en Belgique et avant de mourir en 1903, il avait façonné une souche de pigeons voyageurs exceptionnels.

Si notre pigeon voyageur belge a atteint un tel sommet de réputation à travers le monde, nous le devons aux grands pionniers colombophiles du siècle passé. Les colonies championnes ne poussent pas comme des champignons, elles doivent leur succès aux races de base qui furent patiemment et méticuleusement cultivées tout au long de la seconde moitié du XIXème siècle.
Les premiers concours avaient déjà eu lieu en terre liégeoise et verviétoise une cinquantaine d’années auparavant pour devenir réguliers dès les années 1820, alors que la Belgique n’existait pas encore. Les tout premiers concours venaient d’avoir lieu à Anvers sous l’impulsion des amateurs liégeois qui organisaient aussi bien des concours sur Anvers, Francfort, Londres ou Lyon… A la moitié du XIXème siècle, le mouvement colombophile avait gagné en ampleur, essentiellement à l’est du pays. On organisait déjà régulièrement des concours sur Lérida ou Sarragosse (1.200 km) tandis que dans la métropole anversoise, les concours commençaient à être organisés de manière plus suivie.
– Les deux grands types de pigeon voyageur, l’un liégeois, l’autre anversois, avaient été fixés par les amateurs mais également par la sélection due au « milieu » (relief, distance des concours, etc…).
Leurs caractéristiques morphologiques étaient fort distinctes au départ. Avec la période des grands croisements, naquit le pigeon bruxellois, synthèse entre le messager anversois et le messager liégeois.
Le messager liégeois fut progressivement introduit pour affiner et réduire la grossièreté des traits du pigeon anversois et lui donner cette qualité tant recherchée: la capacité de vol en endurance pour les étapes de grand fond.

Parallèlement à cela, quelques amateurs doués d’un sens aigu de l’observation pour ne pas dire d’un certain génie dans l’élevage et la sélection de leurs coursiers, surpassèrent le lot de leurs rivaux avec un tel brio que leur nom passa à la postérité et est toujours encensé par la tradition colombophile plus d’un siècle après. Ce sont eux les pères fondateurs de notre colombophilie actuelle et c’est en grande partie grâce à leur travail que nous possédons aujourd’hui ce merveilleux voilier qu’est le pigeon voyageur moderne. Parmi ceux-ci, Alexandre Hansenne de Verviers fut incontestablement le plus grand et le plus réputé de son vivant comme une fois passé à la postérité. Mais comme pour tous les faits et témoignages du siècle passé en colombophilie, la réalité ne finit-elle pas par rattraper et même dépasser la légende? Ce qui fait la grandeur et la supériorité d’une race exceptionnelle qui fut peut-être égalée mais jamais plus surpassée. Les pigeons de culture Hansenne étaient essentiellement des mailletés ou des noirs velours, plus rarement des écaillés, des bleus et ne possédaient pour ainsi dire pas de plumes blanches si ce n’est un petit trait de plumes blanches au bord de la paupière. Leur tête était ronde et possédait un front large et haut, fortement développé avec un oeil haut placé. L’oeil était la plupart du temps de couleur foncée, témoignage de la vieille race du messager liégeois: brun marron, brun grenat, grenat ou rouge foncé. Le bec était de couleur noire ou foncée, de taille moyenne en opposition aux lignées flandriennes issues du messager anversois dont le bec était nettement plus long. Les caroncules et les paupières étaient petites et fines, peu développées quel que soit l’âge du sujet. Leur gabarit était moyen mais ils possédaient pourtant un bréchet très long, des épaules fort solides et une bonne ouverture de poitrine.
Sans être descendus de bréchet, ils possédaient une bonne prise en mains, témoignant de puissants muscles pectoraux fort longs et fort souples. L’aile était longue et souple. La plume, de couleur foncée, était très riche. Ces pigeons possédaient surtout un plumage très dense et très fourni qui les protégeait des fortes intempéries et mauvaises conditions de vol. Cette vieille race fut à l’origine des meilleurs et des plus fortes colonies de Belgique au fil des décennies. Par le passé, des amateurs comme les Dr. Lejeune de Rabosée, les Collin d’Hoignée, les Dardenne, les Steenhuise, les Gurnay, les Mathonet et tant d’autres qui acquirent leurs lettres de noblesse grâce aux Hansenne.

Plus près de nous, un Adonis Denis, un Matterne et même un Henri Mornard sont redevables directement en partie à cette vieille race liégeoise qui a malheureusement disparu trop vite de nos mémoires… et de nos colombiers. Cette réputation de supériorité de la race Hansenne, justement établie du vivant de son créateur, déborda largement du cadre de nos frontières européennes. Nombre d’Américains et même d’Australiens acquirent à prix d’or les meilleurs sujets de la colonie championne de Verviers. Malgré sa gloire et sa réputation mondiale, Alexandre Hansenne était resté un amateur parmi les autres. Il ne s’était pas laissé abuser par les mirages du succès. Lors d’un concours de St-Jean-de-Luz, il avait réalisé une moisson exceptionnelle de prix. La plus grande partie de l’argent touché servit à payer le banquet auquel il convia tous les amateurs de son club… Pendant trente ans, cet homme qui avait conservé sa culture issue du messager liégeois grâce à la consanguinité avait été largement au-dessus du lot de la concurrence nationale. Renier Gurnay paracheva le travail de son maître et ami. Mais comme dirait Kipling, ceci est une autre histoire.

Notices :

Alexandre Hansenne de Verviers a formé grâce à sa connaissance du pigeon et son talent d’éleveur, une race de pigeons voyageurs qui peut être qualifiée de supérieure à son époque (deuxième moitié du 19ème siècle). C’est aussi une des grandes races de base du pigeon voyageur moderne.

[ Source: Article édité par Revue PIGEON RIT ]