pigeon voyageur évolution
9 octobre 2021 Par admin

Le pigeon voyageur est-il arrivé au terme de son évolution?

pigeon voyageur évolution

Débutant:
J’ai lu récemment dans un livre traitant de l’évolution des espèces, que nous pouvons considérer cette évolution arrivée à son terme. Cela voudrait dire que les hommes et les animaux qui existent maintenant garderaient leurs caractéristiques, tandis que dans des millions d’années ils ont évolué pour arriver à leur stade actuel. Ils resteraient tels qu’ils sont.

Victor:
Et tu as naturellement pensé à nos pigeons…

Débutant:
Oui, et je me suis demandé si tous nos efforts pour améliorer — c’est-à-dire « changer » — nos pigeons servent bien à quelque chose.

Victor:
Tout d’abord je te rappelle ce que je t’ai déjà souvent dit: la seule science consiste à se connaître soi-même — et cela pour la bonne raison que sans contrôle de ses propres « déviations » d’une pensée conditionnée à outrance, nous rie pouvons atteindre la vérité. Or, puisque nous sommes limités dans le temps et donc conditionnés par notre relation à celui-ci, il nous est impossible de vivre l’évolution de tout ce qui nous entoure, et qui s’opère au rythme de centaines de millénaires. Il est donc impossible de dire que l’évolution est arrivée à son terme.



Débutant:
Et pourtant tu m’as dit un jour que la valeur d’une race, c’était la valeur de la main du colombophile et de la sévérité de la sélection.

Victor:
Oui, – mais!
Il y a une différence fondamentale entre l’évolution naturelle — celle qui s’opère au gré de la sélection naturelle basée sur le « Strugle for life » et donc aussi l’adaptation au milieu — et l’évolution qui s’opère par la main de l’homme.
L’évolution sans l’intervention de l’homme a commencé chez les oiseaux, il y a 150 millions d’années. Impossible de s’en rendre compte pendant la durée d’une vie humaine — mais il n’en est pas de même pour l’évolution du pigeon voyageur. Il y a ici deux critères qui vont intervenir: le sélection à la main du colombophile — et la sélection par le panier.

Débutant:
Je t’ai bien suivi mais ce qui m’intéresse c’est de savoir comment toi, tu vois dans le futur le pigeon soumis à cette double sélection?

Victor:
Considérons par exemple comment trois champions qui se sont spécialisés depuis de longues années dans trois domaines différents, le fond, le demi-fond et la vitesse, ont pu « modeler » ou « sélectionner » leurs pigeons pour obtenir le rendement maximal. Prenons par exemple le petit colombier du champion flandrien Robert Willequet de Kwaremont, et dont je viens de revoir les pigeons il y a quelques jours.
Et tout d’abord je dois commencer par dire que ce champion est le prototype du colombophile calme, patient et qui sait conduire sa petite colonie avec cette grande maîtrise que lui donne son don d’observation, sans se laisser impressionner par les théories.

Débutant:
Et comment sont ses pigeons.

Victor:
A mon avis il a réussi par la sélection de ses producteurs à obtenir le pigeon de fond idéal — mais un pigeon de fond qui peut se défendre à merveille dans le demi-fond — comme le prouve son dernier résultat sur Dourdan — neuf prix sur neuf engagés avec les trois premiers prix — ce qui n’est pas peu dire.
Voici les caractéristiques de ses pigeons: une petite moyenne comme gabarit et donnant l’impression de légèreté – une ossature épaisse, allongée et très résistante – une souplesse d’aile extraordinaire – une aile épaisse à la prise entre les doigts – moyennement allongée avec une arrière-aile très fournie et moyennement large – un plumage étonnamment soyeux – mais alors surtout une tête assez petite, calme qui dénote l’ intelligence, un nez effacé et des yeux dont je pourrais dire qu’ils dénotent également un certain tempérament reposé, sans fougue. A part cela une musculature extrêmement souple et bien rebondie, une respiration imperceptible, et une fente oblongue et fine derrière une langue bien reposée au creux du bec, dont l’intérieur est d’une couleur assez pâle.

Débutant:
Tu viens donc de m’énumérer là toutes les qualités d’un vrai pigeon de fond?

Victor:
Je crois, en effet, que ce sont là les qualités essentielles d’un vrai pigeon de fond. Je pourrais y ajouter ceci: un dos pas très large, mais compacte. Il y a des pigeons dont le dos est aussi large que la musculature entre les ailes, je ne crois pas que ce soit une qualité, mais plutôt un défaut dans l’équilibre des pigeons, car le poids et la largeur doivent se trouver par devant, non à l’arrière.
Toutes ces qualités Robert Willequet les a remarquablement réunies chez ses pigeons par une maîtrise certaine dans la sélection. C’est pour cette raison, et en voyant ses pigeons, que je crois que nombre de colombophiles qui veulent améliorer les qualités d’endurance chez leurs pigeons peuvent recevoir une leçon de sélection chez ce champion de longue date. Ce ne sont pas de beaux pigeons au point de vue « Standard beauté » mais au point de vue « Standard Sportif » ils sont parfaits.
Je voudrais terminer ce dialogue sur les qualités à rechercher pour « créer » le pigeon de fond en te donnant un extrait de la description de la « Peureuse » des frères De Scheemaecker, championne extraordinaire qui se classa entre-autres dix fois dans les dix premiers de 700 à 1.100 km.
La voici:
« Quand je t’avais en mains, que tu étais petite! Comment as-tu échappé à la mort à l’âge du sevrage, toi petit moineau, trop insignifiant sans doute pour être tuée… et mangée ! Ah, quand je songe à ce qui aurait pu arriver si tu n’avais été si peureuse! Car tu dois sans doute ta vie au fait que tu te mettais toujours hors de portée de mes mains.
Pourtant tu es restée en vie, et t’es montrée la plus forte, la plus résistante entre des centaines de milliers de pigeons.
Où puisais-tu cette force?
Je sais que tu mangeais peu, que tu étais légère comme une plume, gonflée comme un ballon, et que tu n’abandonnais jamais la lutte.
Tu devais, sans doute, « glisser » dans l’air tellement ton plumage était soyeux. Tes ailes, sans doute, ne se fatiguaient jamais, tellement elles étaient souples, et se balançaient à ton corps telles des rames de bateaux dans leurs dames de nage.
Les extrémités de tes plumes de l’aile étaient plutôt plates, mais celles-ci étaient d’une souplesse extraordinaire. Je crois qu’on aurait pu y mettre un noeud sans qu’elles se fussent cassées. Mais, à part la légèreté de ton poids, la finesse de ton plumage, ce qui me laisse l’impression la plus durable, était la « ligne » idéale. Ah ! de la ligne, tu en avais à revendre, et bien de jeunes filles t’auraient regardé passer… si tu en avais été une!
Ça commençait déjà avec ton bec. Que ton nez était mince — ce grand atout d’un pigeon qui doit voler sur de longues distances, tu l’avais à la perfection. Que ta petite bosse entre les yeux te donnait un air sympathique et intelligent. Que tes petits yeux pétillants mobiles, lumineux comme des étoiles, captaient et arrachaient le coeur de ceux que tu donnais le coup de foudre!
Mais quittons ta petite frimousse pour promener nos yeux le long de ton cou harmonieux, très mince surtout en dessous du bec, signe de grande santé, pour descendre aux épaules, qui étaient peut-être un peu larges, par rapport à l’ensemble. Mais, pour moi, tu étais admirable ainsi, avec ton buste large fièrement porté vers l’avant. Cela aussi te donnait de la personnalité. Cela ne faisait pas lourd tellement tu avais la démarche nerveuse et légère.
Ton dos était bien droit, très effilé vers l’arrière; jamais, je n’ai pu sentir où commençait ta queue. Et ça c’est très rare chez les animaux de ton espèce.
Excuse-moi, ma petite chérie, mais je ne dirai rien de ton ventre pour le bon motif que… tu n’en a jamais eu! Et c’est bien pour cela que tu étais si légère. »



Débutant:
Cela me rappelle un peu ce que Enzo Ferrari demandait à ses ingénieurs pour ses voitures de course: « Donnez-moi plus d’aérodynamique, moins de poids et plus de puissance dans un moteur increvable… »

Victor:
Tu as bonne mémoire et si tu veux te distinguer dans les concours de fond et y remporter des prix de tête, songe aux pigeons de Robert Willequet, et à la « Peureuse »… Une prochaine fois nous parlerons des qualités spécifiques du pigeon de « Vitesse et de demi-fond. »

Noël De Scheemaecker


Robert Willequet de Kwaremont pigeon Georges De Jaegher de Melden

Sur cette photo prise en 1975 nous voyons à gauche Robert Willequet de Kwaremont en compagnie de Georges De Jaegher de Melden. Tous les deux sont des champions bien con-nus en Flandre orientale, ils se sont à maintes reprises déjà distingués sur le plan national. Noël De Scheemaecker les connaît très bien et dans cet article il parle de son ami Robert-Willequet auquel il a rendu visite il y a quelques semaines. Robert Willequet a la bonne race dans son colombier. Grâce à une sélection sévère de ses reproducteurs il est arrivé à élever d’excellents pigeons de fond, des pigeons de fond qui se défendent aussi très bien dans le demi-fond.

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la peureuse-pigeon

 

La « Peureuse »


[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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