Le plumage et la mue (1) – pigeon voyageur
Dans les milieux colombophiles, les discussions sont fréquentes à propos de la mue et du plumage des pigeons. C’est pour ces raisons que le Professeur G. Van Grembergen a trouvé opportun d’écrire un long article sur ce sujet. Son article « le plumage et la mue » sera publié en quatre parties. C’est un article très intéressant et cela ne fait aucun doute que de nombreux colombophiles prendront de l’intérêt à sa lecture.
A. Développement de la plume.
Ce sujet est tellement vaste et complexe qu’il me sera difficile de traiter l’entièreté du sujet. Toutefois, je serai le plus clair et le plus complet tout en étant, cependant, obligé de me limiter. Je commencerai par faire une esquisse de la naissance et du développement des plumes car cela permettra de bien comprendre toute une série de phénomènes. (fig. 1 )
A l’endroit où une plume (duvet de naissance, duvet normal, plume de couverture, penne) va apparaître, le derme (recouvert par l’épiderme) va former un renflement, la papille dermique (pulpa). Dans un deuxième temps, la papille s’enfonce progressivement et se trouve logée dans une sorte de sac tubulaire, le follicule (ce dernier sera responsable de l’implantation et de la solidité de la future plume. La papille dermique va s’accroître pendant un certain temps (grâce aux aliments apportés par les petits vaisseaux sanguins) jusqu’à un certain maximum. Puis par après elle régressera et disparaîtra complètement. Sur ces entrefaites, l’épiderme qui recouvre la papille commence par former une protubérance; cette première couche cornée constitue la gaine plumifère. Ensuite, une deuxième couche cornée apparaît et donnera naissance à la véritable plume (de structure variée suivant les différentes sortes de plumes). Pour que la plume puisse apparaître, la gaine protectrice doit se déchirer; elle se désagrège en de nombreuses pellicules que l’on peut retrouver par exemple dans le nid. Cette désagrégation donne l’occasion à la nouvelle plume de se déplier et de croître complètement. Il faut signaler également un deuxième processus important: au fur et à mesure que la plume grandit, la pulpe régresse doucement (les vaisseaux sanguins également) jusqu’à la base de la plume. Ce qui subsiste de la pulpe reste dans un état végétatif.
Lorsque surviendra l’époque du remplacement de la plume, la papille sera de nouveau « réveillée » et en pleine activité. De nombreuses divisions cellulaires et un arrivage plus important de sang ont lieu. Cela est particulièrement visible lorsqu’une penne commence à « piquer »: la base qui entourait la vieille penne devient rouge et légèrement enflée. La nouvelle plume repousse l’ancienne et vient prendre sa place dans le follicule.
B. Défauts des plumes.
Tout ce qui précède constitue le déroulement normal de la croissance des plumes. Parfois certains manquements dans ce processus occasionner toute une série de défauts aux plumes.
Ainsi, il est possible que parfois la gaine ne se rupture pas et que la plume reste prisonnière du « tuyau ».
Cela peut se produire tant pour le duvet que pour les plumes de couverture. On l’observera, par exemple, dans la nuque, surtout chez les pigeons rouges. Les colombophiles sont surtout attentifs à ce défaut lorsqu’il s’agit de pennes. Les « pennes de sang » sont également bien connues: cela provient du fait que le sang ne se retire pas de la base des plumes.
Finalement, si le sang disparaît, une plume plus petite, plus frêle et souvent racornie apparaît. Il y a également les « pennes fendues »: le sillon situé à la face inférieure du rachis peu apparent chez une plume normale est ici très profond, c’est une véritable fente.
Cela n’est pas dramatique mais il faut dire que de telles pennes sont moins souples et moins solides.
Les anomalies sont parfois moins importantes. Elles peuvent se limiter à la présence d’un ou plusieurs « noeuds » dans le rachis et de « barres » dans la plume (succession de bandes claires et foncées): tout ceci témoigne de heurts dans la naissance, c’est-à-dire d’une certaine interruption dans la pousse de la plume. Naturellement se pose la question de connaître la cause de ces anomalies. L’on a constaté qu’il pouvait y en avoir plusieurs. De toute façon, chaque anomalie est l’expression d’un état de santé déficient au moment du remplacement et de la croissance de la plume concernée: à un moment où cette plume est encore quelque chose de vivant; une fois la croissance terminée la plume est en effet un tissu mort, qui ne peut plus être modifié. Les défauts comme les « plumes de sang » ou les « plumes en buseau » sont surtout le fait d’infection grave aux trichomones ou à des parasites intestinaux comme la coccidiose et les vers. Pour certains auteurs, des microbes spécifiques seraient impliqués. Je ne peux cependant pas cautionner de telles affirmations. Ce n’est pas toujours aussi grave. Ainsi l’on trouve parfois chez des jeunes pigeonneaux en pleine croissance une ou des rectrices non épanouïes (« buseau »). Ces dernières sont plus lentes à pousser et la partie supérieure est épanouie alors que la partie inférieure est encore prisonnière de la gaine. Dans ce cas, la cause n’est pas grave; cela est occasionné par un léger dérangement dans l’approvisionnement sanguin de la papille (conséquence d’indispositions de courte durée).
Il est d’ailleurs possible d’agir efficacement (à condition de ne pas avoir attendu trop longtemps et que l’enveloppe ne soit pas complètement desséchée) en broyant le plus doucement possible avec l’ongle l’enveloppe résistante.
Toutes les baisses de régime (par exemple un pigeon qui a été perdu pendant longtemps) et parfois même certains concours difficiles se marquent par des irrégularités du plumage.
En ce qui concerne les « plumes de sang », ce défaut peut être la conséquence d’une hémorragie faisant suite à des coups ou des blessures occasionnées aux plumes naissantes. Dans ce cas l’anomalie se produit d’un côté seulement. A propos des plumes fendues, il faut ajouter que ce défaut repose en grande partie sur une base génétique; c’est alors l’expression d’une diminution de la qualité du plumage. Si l’on pratique l’élevage avec de tels pigeons une grande partie des descendants présenteront ces défauts. Il vaut donc mieux éviter de les mettre à l’élevage car le pourcentage de pigeons présentant des plumes fendues, sèches, rudes ne fera qu’augmenter.
A la fin de la saison, les pennes de la frappe (surtout les extérieures) semblent être rongées à leur extrémité. Pourtant cela n’a rien à voir avec des parasites. C’est l’usure des barbes consécutives aux vols, aux frottements contre le sol et contre le fond des nids… L’importance de cette usure dépend de la qualité du plumage…
A ce propos on remarquera que les plumes blanches sont plus fragiles que le plumes colorées. Ainsi se termine le premier article sur le plumage et la mue. L’article suivant approfondira au moyen d’exemples les causes responsables des défauts au plumage.
(A suivre) Prof. Dr. G. Van Grembergen
Notices :
- Un vol difficile peut être la cause de « noeuds » dans le rachis ou de « barres » dans les barbes des plumes.
- Une partie des cas de « plumes fendues » est liée à l’hérédité.
- Il est possible que la gaine ne se désagrège pas, de sorte que la plume reste prisonnière de son fourreau. Ainsi chez de jeunes pigeonneaux en pleine croissance, on observe parfois une ou des rectrices non épanouïes, la partie supérieure est fleurie alors que la partie inférieure reste prisonnière de la gaine. Cela n’est pas grave et est occasionné par un léger dérangement dans l’approvisionnement sanguin de la papille. Il est d’ailleurs possible d’agir efficacement en broyant le plus doucement possible avec l’ongle l’enveloppe résistante.
[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]
Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !
Le plumage et la mue (2) – pigeon voyageur
Le plumage et la mue (3) – pigeon voyageur