plumage et la mue 4 – pigeon
27 décembre 2020 Par admin

Le plumage et la mue (4) – pigeon voyageur

plumage et la mue 4 – pigeon

D. Physiologie de la mue.
Il va de soi qu’un événement aussi important que la mue dans la vie des oiseaux a suscité l’intérêt des chercheurs.
Il a été constaté que la mue et son déroulement met en branle des processus complexes qui ne sont pas encore complètement élucidés.
On est cependant sûr que des hormones y sont impliquées. A l’origine, on pensait que les mécanismes étaient exclusivement sous le contrôle de la glande thyroïde; plus tard il a été admis que cette conception était fausse parce que la plupart des essais qui furent réalisés en administrant des hormones thyroïdiennes aboutirent à une mue anormale.
Actuellement, il n’est plus affirmé que la glande thyroïde ne joue aucun rôle et c’est un fait acquis que l’on a tout intérêt à ce qu’elle produise une quantité normale d’hormones dont la thyroxine. Ce qui est possible si l’organisme dispose de quantité suffisante d’iode pour fabriquer la thyroxine. Puisqu’on n’est jamais sûr à 100 % que la nourriture et l’eau de boisson en apportent des quantités suffisantes, je donne depuis longtemps aux colombophiles le conseil, pour plus de sûreté, de donner en période de mue une petite dose supplémentaire d’iode sous forme de Lugol (10 gouttes par litre d’eau pendant quelques jours). Si cela ne fait pas de bien, cela ne fait certainement pas de mal et de toute façon cela ne coûte pas cher.



Il y a également tout lieu de croire que les hormones sexuelles jouent un rôle. Ainsi l’augmentation du taux de ces hormones (par exemple par injection) réprime la mue. Lors de la diminution du taux de ces hormones le résultat obtenu est tout à fait différent suivant la méthode suivie. Ainsi après la castration (donc l’ablation des organes sexuels), le déroulement de la mue se précipite; au contraire si la quantité d’hormones sexuelles diminue d’une manière naturelle, par exemple pendant la couvaison et l’élevage des jeunes (diminution provoquée par une augmentation de la production de prolactine), alors la mue est arrêtée. La prolactine, si justement nommée, joue sans aucun doute le rôle le plus important lors de la mue. Cette hormone est sécrétée par l’hypophyse (une petite glande qui se trouve à la base du cerveau) et est déversée dans le courant sanguin. La sécrétion débute dès que les oeufs sont pondus. Le premier effet de la prolactine est que les pigeons se mettent à couver; la prolactine favorise également l’attachement des parents pour leurs jeunes. Ensuite vient un deuxième effet. Au fur et à mesure que la couvaison s’avance, la quantité de prolactine augmente graduellement avec pour conséquence que les parois du jabot s’épaississent de plus en plus pour être prêtes à la production du lait de jabot au moment de l’éclosion des jeunes; la sécrétion de prolactine et du lait de jabot se prolonge ensuite pendant encore un peu de temps. La prolactine a également aussi une troisième action: elle freine la mue. De là, lors du gavage des jeunes, la mue des vieux s’arrête pendant environ trois semaines. Les plumes précédemment tombées continuent cependant à croître correctement. En pratique, le ralentissement de la mue lors du gavage des jeunes est utilisé par les colombophiles. Si l’on désire jouer avec succès des vieux pigeons à partir de la deuxième moitié du mois d’août, il faut qu’ils soient bien emplumés. Il faut les enloger avec une aile pleine ou presque, ce qui se produit en fin de couvage ou mieux lorsqu’il y a un pipant dans le plateau. Les jeunes pigeons sont sur ce point moins délicats comme je l’ai déjà montré avec des exemples vécus. Si l’on considère l’entièreté des explications d’un point de vue physiologique, on arrive alors à la conclusion que les différentes pièces du puzzle sont connues mais que l’on est encore incapable de les assembler.

E. Doping.
Les problèmes du doping sont discutés depuis longtemps par le monde colombophile. En préambule je dois dire que j’y avais toujours été opposé. Je ne pouvais accepter que l’on ait pu obtenir quelque chose par l’utilisation de stimulants comme les amphétamines (qui furent cependant autrefois très utilisées par les coureurs cyclistes et qui le sont maintenant par les étudiants pendant la période des examens, bien que le résultat soit aléatoire).
Je n’ai jamais non plus cru dans un effet positif des hormones sexuelles sur les résultats aux concours, ainsi que des anabolisants (activateur de croissance musculaire). Même si cela est vrai pour certaines disciplines sportives (comme pour le sprinter Ben Johnson aux Jeux Olympiques de Séoul ), où une augmentation des prestations est possible: il existe encore une énorme différence entre un concours athlétique et une course de pigeons.
Maintenant j’avoue douter depuis environ trois ans. Quelques spécialistes à jeunes sont parvenus à remporter de tels résultats que cela fait penser inéluctablement que quelque chose de spécial se produit, et cela d’autant plus que ces fameux voyageurs sont vendus à la fin de la saison! Et cela arriva. Il y a quelques mois d’astucieux « détectives » communiquèrent le résultat de leurs investigations: des noms de colombophiles et de produits furent cités. Les informations firent l’effet d’une bombe. Cela serait donc vrai!
Je dois dire honnêtement que cela fut pour moi également une véritable surprise: je n’aurais jamais cherché dans cette direction. Il faut souligner que les produits en question n’appartiennent pas au groupe des amphétamines ni à celui des anabolisants, mais que ce sont des corticostéroïdes. Ce groupe comprend des hormones (entre autres la cortisone) qui sont sécrétées par les capsules surrénales (petits organes qui se trouvent à l’extrémité des lobes des reins), ainsi que des hormones synthétiques qui sont copiées sur le modèle des hormones cortico-surrénales.
La cortisone a été utilisée pour la première fois en médecine humaine pour traiter l’arthrite rhumatoïde. Avec le temps son champ d’action s’est étendu. Depuis les années 70-80, de nombreuses préparations à base de cortisone sont apparues sur le marché pharmaceutique comme Cortril, Terracortil, Neocortef pour le traitement des maladies oculaires chez l’homme, soit sous forme d’onguents ophtalmiques, soit sous forme de collyres. Les vétérinaires y eurent également recours pour le traitement des yeux « malades », surtout fréquent chez les jeunes pigeons.
Après cette première vague de médicaments, d’autres sont venus, comme Ledercort, Kenacort et dont tout le monde parle en ce moment. Quelques petits futés ont remarqué que ces produits avaient d’autres effets que la guérison ou la prévention des maladies oculaires.



En dépit des dangers liés à l’utilisation d’une thérapie à base de cortisone même de courte durée, ils osèrent l’appliquer à des pigeonneaux dès leur prime jeunesse.
Ils remarquèrent que pendant l’application du Ledercort par exemple la mue des jeunes était complètement arrêtée, ce qui dotait les jeunes d’une aile pleine (en ce moment, je ne peux fournir que des hypothèses sur le mécanisme de ce blocage). Les colombophiles considèrent généralement que les bonnes prestations de ces pigeonneaux sont dues à cette aile pleine. Pour moi cette explication n’est pas satisfaisante.
J’ai dit précédemment que je m’étais bien défendu en enlogeant des jeunes dont le plumage n’était pas parfait. Il y a aussi le fait que presque 100 % des autres concurrents ont également une aile bien en plumes (cela fait souvent suite à une position de nid).
Le Ledercort (et substaces similaires) agirait-il alors vraiment comme un véritable dopant? Mais il se pourrait aussi que tout cela repose sur le fait qu’il n’est plus nécessaire d’amener les pigeonneaux traités à prendre un nid.
Ces derniers pouvant donc être joués comme de simples célibataires, comme des veufs, ce qui signifie donc une épargne d’énergie et une extra-motivation. Pour conclure je veux exprimer mon inquiétude sur le déroulement de cette affaire. J’ai peur que cette pratique ne se généralise et conduise des colombophiles à décrocher. N’est-on pas tout simplement en train de placer sur notre hobby favori une bombe à retardement? Ce qui sera un véritable désastre pour les vrais colombophiles!

Prof. Dr. G. Van Grernbergen.


Notices :

  • Il y a tout lieu de croire que les hormones sexuelles jouent un rôle dans le déroulement de la mue. C’est surtout le cas pour la prolactine. Cette hormone a trois effets:
    1. Les pigeons se mettent à couver lorsqu’il y a des oeufs dans leur nid.
    2. Au fur et à mesure que la couvaison s’avance, la quantité de prolactine augmente graduellement avec pour conséquence que les parois du jabot s’épaississent de plus en plus pour être prêtes à la production du lait de jabot.
    3. La prolactine freine la mue. Lors du gavage des jeunes, la mue des vieux s’arrête pendant environ trois semaines.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ] 

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