Le Power-Training – pigeon voyageur
Débutant:
Lors de notre dialogue précédent on avait parlé des muscles chez le pigeon, et tu avais fait allusion à ce que le Dr. Bricoux en disait, notamment que le pigeon devait ressembler à la forme d’une poire. Cela voudrait donc dire que le pigeon doit avoir une poitrine large et rebondie. Ai-je bien compris?
Victor:
Tu as très bien compris. On sait qu’un pigeon avec des muscles puissants, lorsqu’on le reçoit en mains, penche vers l’avant. Ces pigeons se distinguent particulièrement par vent debout. N’oublions pas que le pigeon est un « rameur », tandis que les rapaces sont des planeurs. Cela me fait penser à ce que mon ami Carl Kratz de Rotterdam m’a raconté. Lui-même grand champion colombophile et sportif de haut niveau, il avait participé aux Jeux Olympiques après la première guerre mondiale. Il me dit ceci: « Etant ami avec l’entraîneur de l’équipe d’aviron allemande qui avait emporté presque toutes les médailles aux Jeux Olympiques, je lui posai la question: mais quel est ton secret? A quoi il me répondit: mais tout simplement dans le fait que mes athlètes s’entraînent avec un gros morceau de bois attaché à leur bâteau, et qu’ils sont obligés de traîner avec eux. Cela leur « donne » du muscle. »
Débutant:
Mais puisque le pigeon est aussi un « rameur-, on pourrait imaginer pour le pigeon un système similaire au truc de l’entraîneur allemand.
Victor:
Eh bien. c’est de cela que je voudrais te parler. Dis-moi si je te raconte des sottises, et si mon imagination ne me conduit pas à de la folie…
Débutant:
Je te le dirai. Mais peut-être que ta folie pourrait rejoindre le but que tu poursuis. Pascal n’a-t-il pas dit que nous sommes tous tellement fous d’un autre tour de folie pour n’être pas fous!
Victor:
Allons-y! Voilà une première idée qui m’est venue et que je vais expérimenter les mois à venir. J’ai quelques tardifs qui ne finiront pas la mue des rémiges, et qui, naturellement, ne pourront pas voyager l’an prochain, mais seront néanmoins soumis à quelques entraînements. A ces tardifs je vais leur couper au ciseau trois centimètres des trois dernières plumes de l’aile. lls devront de ce fait « ramer » dur pour suivre les autres… mais ils se feront du muscle. Evidemment je fais cette expérience sur des pigeons qui ont une aile assez longue. Pourquoi? Voici. Un jour j’étais. avec Maurice Delbar et Victor Torrekens, allé dire bonjour aux frères Cattrysse. Nous montâmes évidemment au colombier et nous avons pu examiner e.a. les fameux voyageurs issus du couple producteur le « Pette » et le « Mette ».
Ayant en main l’extraordinaire « 45 », un des meilleurs pigeons de la Belgique, Victor me fit la remarque suivante, le « 45 » a l’aile la plus longue, mais il a aussi les meilleurs muscles. On doit admettre que la théorie de l’aile de Vander Schelden serait exacte dans la mesure où, avec l’allongement de l’aile, on augmenterait aussi le volume de la musculature qui doit actionner l’aile.
Débutant:
Je sais que les athlètes de haut niveau font de plus en plus de « power-training », c.-à-d. l’entraînement de la puissance. Les résultats sont là pour prouver l’efficacité de la méthode. Et je pense à ce que Emile Hertoghs de Schoten faisait.
Victor:
Ah, je sais à quoi tu fais allusion. C’est moi qui te l’ai raconté. Emile était avec ses quelques pigeons — une dizaine de couples au maximum — un des champions à l’Union d’Anvers, où il a remporté beaucoup de premiers prix.
Le pigeon est un « rameur », tandis que les rapaces sont des planeurs.
Il soumettait ses pigeons à du « power-training », probablement sans le savoir! Que faisait-il? Avant de lâcher ses pigeons pour la volée, il les nourrissait bien. Et pour les faire rentrer, il donnait simplement quelques petites graines. Le « power-training » consistait dans le fait que ses pigeons volaient « lestés » par 25 à 30 gr de graines.
Débutant:
Jusqu’à présent il me semble que tu n’as pas encore dit des sottises. Mais cela va sans doute encore venir…
Victor:
Je ne le crois pas. Autre chose maintenant. N’as-tu pas remarqué qu’il y a beaucoup de voyageurs extraordinaires parmi des tardifs quand ceux-ci ont atteint l’âge adulte? La raison se trouve probablement dans le fait qu’ils ont dû voler la première année avec un plumage non encore épanoui, et une aile plus courte? Et de ce fait la musculature s’est développée favorablement. Puisque nos pigeons sont des athlètes de l’air et des rameurs, pourquoi ne pas nous efforcer à copier, dans la mesure du logique, ce que font les entraîneurs de nos athlètes avec des jambes et des bras… sans oublier le muscle cardiaque…
Débutant:
Pas fou, tout cela!!!
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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La mue des grandes rémiges – pigeon voyageur