sens dorientation des pigeons voyageurs
16 septembre 2021 Par admin

Le sens d’orientation des pigeons voyageurs

sens dorientation des pigeons voyageurs

Il m’a été suggéré par un de mes aimables correspondants occasionnels qui résumait ainsi ma vision personnelle du sens d’orientation de nos pigeons voyageurs.
Comme pour l’éventuel concours sur Rome, l’énoncé de cette théorie de la sensibilité qui consiste à considérer le pigeon voyageur comme un engin télé-guidé extra sensible a fait couler beaucoup d’encre à en juger par le nombreux courrier reçu.
Commenter les lettres qui confirment et appuient la théorie de la sensibilité n’offre pas beaucoup d’intérêt. Examiner les arguments des adversaires ou des amateurs qui admettent difficilement cette vision des choses est beaucoup plus distinctif. Je voudrais cependant commencer ces commentaires par un extrait de la lettre de R. Desmet de Villers le Bel qui, à mes yeux, résume assez bien la base de mon raisonnement. A la question de savoir pourquoi la colombophilie n’est pas un sport à record, cet amateur écrit: « A l’inverse de l’homme, orgeuilleux, qui désire toujours plus et qui calcule, je pense que le pigeon ne sait pas qu’il doit vaincre. Sa lutte est celle pour la vie: la nourriture et le pigeonnier. Il ne peut comprendre et on ne peut même pas lui faire comprendre que s’il rate trop souvent, il sera sacrifié. Un athlète est motivé: les médailles, les honneurs, l’appât du gain. Mais le pigeon est insensible à tout cela. Pour battre les records, il y a les dispositions naturelles des individus, mais aussi beaucoup de travail, beaucoup de volonté, d’abnégation, de sacrifices à s’imposer pour atteindre le but envisagé. L’homme peut le faire, mais pas le pigeon ».
Ces quelques lignes résument parfaitement bien la base de mon raisonnement: le pigeon n’a aucune motivation pour voler plus vite que son concurrent. Et je pense que par la pratique du veuvage, les amateurs ont précisément essayé de combler cette lacune et de fournir une raison majeure au pigeon de réintégrer plus rapidement son pigeonnier. Je crois que les amateurs se trompent et que si on ne discute plus la supériorité du veuvage sur la méthode dite naturelle, elle ne résulte pas d’une motivation sentimentale supérieure mais bien de simples avantages physiques tels que meilleure santé, plus grand calme permettant l’accumulation de réserves nerveuses etc… Bien que tout le monde soit loin de faire l’unanimité à ce sujet.
Ainsi par exemple. Mr. Van Hecke de Bosselaere-Merelbeke trouve lui que beaucoup de pigeons dans un petit colombier ne constitue certainement pas un handicap, que d’autre part, les pigeons au naturel ne sont pratiquement jamais malades, et qu’enfin les pigeons avec nid sont toujours beaucoup plus calmes que les veufs. Je ne sais pas combien de veuvagistes seront de cet avis. Certainement pas moi.



Une lettre particulièrement intéressante est celle de Win A. Maltait de Dilzen. Particulièrement intéressante mais, à première vue, pleine de contradictions. Cet amateur, et parait-il également chroniqueur colombophile, marque son accord sur la première question: à savoir qu’il n’y a pas de limite entre le pigeon battu de justesse de quelques cm/minute et celui rentrant deux heures trop tard: ils ont tous les deux parcouru plus de kilomètres que le vainqueur.
Par contre, il n’est pas d’accord avec la deuxième question: pourquoi un pigeon rentrant tard, c’est-à-dire à plus petite vitesse – est plus fatigué qu’un pigeon de tête qui, soi-disant, à volé vite – ma réponse est simple: ils ont tous les deux volé à la même vitesse, mais le retardataire a parcouru beaucoup plus de kilomètres, donc sera plus fatigué. Son opposition à cette constatation ne l’empêche pas d’écrire: « la principale qualité du bon pigeon est son meilleur sens d’orientation. Le bon pigeon vole vite et maintient aussi longtemps que possible cette vitesse et surtout il suit « au maximum la ligne droite. »
Cette affirmation lui permet aussi de confirmer la troisième question: il est évident que le pigeon pointant de la bonne direction est celui qui a suivi le plus court chemin, donc doit voler la tête, une fois de plus non parce qu’il vole plus vite, mais simplement parce qu’il a choisi le plus court chemin.
Quatrième question: le pigeon de 1980 vole-t-il plus vite que le pigeon de 1930? Mr Malfait répond affirmativement mais ne donne aucune preuve.: « Je suis convaincu, écrit-il, que la vitesse du pigeon voyageur a augmenté dans les mêmes pro-portions que celle des autres sports athlétiques. » A cette affirmation, je réponds catégoriquement par la négative. Les meilleurs pigeons atteignaient les mêmes vitesses en 1930, compte tenu des conditions atmosphériques, qu’en 1980. La raison en est simple: le pigeon n’a aucune motivation pour voler plus vite aujourd’hui qu’il y a 50 ans. Pas plus qu’il n’a de motivation pour voler plus vite que son concurrent immédiat. Mr. Malfait admet que les concours sont beaucoup plus rapidement terminés en 1980 qu’en 1930. La raison en est simple: « La colombophilie est pratiquée actuellement dans de beaucoup meilleures conditions et le pourcentage de pigeons enlogés dans de bonnes conditions est beaucoup plus grand ».
Totalement d’accord avec lui, d’autant plus que le nombre de prix – 25 % des pigeons engagés -reste le même.
Quant à la cinquième question: le pigeon lâché à Quiévrain, va-t-il voler plus vite que le pigeon lâché à Angoulême ou à Bordeaux, il répond logiquement par la négative pour la raison toute simple que le pigeon ne sait pas, lorsqu’il est mis en liberté, combien de kilomètres il a à parcourir.
Mr. Malfait fait cependant remarquer que, lors d’un même concours à 100 km, 400 km et 700 km les résultats vont révéler des vitesses plus faibles pour les grandes distances. Explication: la fatigue des pigeons. Je ne crois pas à la fatigue du pigeon que pour les très longues distances: au-delà des 700 km.
En deça, la fatigue est un facteur qui n’intervient pas. Tout pigeon, bien constitué et en bonne santé est capable de voler 500 km comme tout homme normal est capable de marcher 5 km…
Si la vitesse diminue au fur et à mesure que la distance s’allonge, c’est simplement parce que la possibilité de détours est plus grande en fonction de la distance. Un pigeon volant Quiévrain peut difficilement faire 75 km de détour, cela représente le double, soit 100 % de la distance normale.
Si un pigeon revenant de CAHORS fait 75 km, cela ne représente que 10 % de chemin supplémentaire parcouru. Donc le pigeon rentrant de Cahors a beaucoup plus d’occasion de faire des détours que celui qui revient de Quiévrain.
Si la théorie de la sensibilité n’est pas admise par tout le monde, tous mes correspondants sont cependant d’accord pour reconnaître que la vitesse attribuée au pigeon telle que nous la pratiquons depuis que la colombophilie existe ne signifie absolument rien. C’est une donnée fausse qui n’a aucune signification en valeur absolue. Ma proposition est simple: supprimons-la et remplaçons-la par un classement au temps, c’est-à-dire établir pour chaque pigeon le temps qu’il aura besoin pour atteindre une ligne d’arrivée imaginaire. Mr. Van De Vyver de St. Nicolas-Waes me demande un exemple. Je prends le cas que lui-même me fournit: Concours de Quiévrain:

Pigeon A – Distance 89.450 m – temps de vol: 1 h 8’45 »
Pigeon B – Distance 88.640 m – temps de vol: 1 h 7’59 »
Vitesse pigeon A = 1301,09 mètre/minute
Vitesse pigeon B = 1303,84 mètre/minute
Donc le pigeon B est classé avant le pigeon A.
Etablissons une ligne d’arrivée imaginaire au point extrême du rayon, par exemple 90.000 m.



Temps que mettra le pigeon A pour atteindre cette ligne: 4.150 secondes.
Temps que mettra le pigeon B pour atteindre cette même ligne: 4.142 secondes.
Le pigeon B sera de toute façon classé avant le pigeon A.
Le classement au temps ne modifiera pas le classement établi à la vitesse mais seulement il aura l’énorme avantage d’éliminer cette notion fausse qu’est la vitesse et il aura le grand mérite de rectifier les résultats établis en deçà des 800 m/minute, limite pour laquelle je n’ai d’ailleurs jamais reçu d’explication valable.
Même Mr. Maltait ne peut m’en donner. Mais où la communication de Mr. Maltait devient tout à fait intéressante, c’est lorsqu’il affirme que dans tous les concours, les points les plus courts (avant main) sont avantagés sur les points les plus longs (arrière main).
C’est la première fois que j’entends défendre pareille théorie et je ne comprends d’ailleurs pas l’exemple cité:
Pigeon A: 105.370 mètres, temps de vol: 79,82 minutes, Vitesse: 1.320 m/minutes
Pigeon B: 116.645 mètres, temps de vol: 88,36 minutes, Vitesse: 1.320 m/minutes
Deux pigeons ex-aequo.
Supposons que les pigeons perdent 30 secondes au départ:
Temps de vol réel:
Pigeon A: 79 minutes 32″, vitesse 1.328,42 m
Pigeon B: 87 minutes 86″, vitesse 1.327,62 m
Mr. Maltait en conclut que l’avant main est avantagée,
ll oublie une chose: que le pigeon B, qui a volé soi-disant moins vite est classé grâce au système de calcul à la vitesse ex-aequo avec le pigeon A. Qui des deux retire un bénéfice, sinon le pigeon B, le pigeon à la plus longue distance.
Tout temps perdu au départ, désavantage nettement l’avant matin, et ce d’autant plus que cette perte de temps est importante. Cela ne peut être discuté: c’est mathématique.
Théorie de la sensibilité ou théorie de la vitesse. Comme écrit mon collègue Jan Aerts: « Est-ce que cela a de l’importance? »
Que demande l’amateur: que ses pigeons reviennent le plus rapidement possible.
C’est vrai. Mais il y a le plaisir de savoir. Et peut-être la théorie de la sensibilité débouchera-t-elle sur des observations qui nous permettront d’éviter à l’avenir les retours difficiles et même les désastres.
Mais comme disait Kipling, « Ceci est une autre histoire ».

[ Source: Article édité par Dr. Georges De Paduwa – Revue PIGEON RIT ] 

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