Explications sur le sens d’orientation du pigeon voyageur
Les articles concernant mon hypothèse et mon interprétation personnelle du sens d’orientation du pigeon voyageur ayant été publiés au cours de plusieurs mois, de nombreux amateurs me demandent de vouloir en faire une synthèse générale. C’est avec plaisir que je répondrai au désir de ces lecteurs en essayant d’être aussi simple que possible.
Mon hypothèse de départ est de considérer les concours de pigeons comme des exercices d’orientation et non comme des courses de vitesse. Cette hypothèse implique comme corollaire que, lors d’un même concours tous les pigeons volent à peu près à la même vitesse et que le pigeon qui remporte le premier prix est celui qui a emprunté le plus court chemin pour réintégrer son pigeonnier. C’est cette idée de base qui a provoqué le plus de surprise pour beaucoup d’amateurs et même des sarcasmes chez certains journalistes colombophiles. Je puis expliquer la surprise, je ne comprends pas les sarcasmes.
Que les amateurs soient surpris par pareille affirmation n’a rien d’étonnant, puisque depuis que la colombophilie existe, on a toujours parlé de la vitesse du pigeon et que tous les classements et résultats sont établis sur cette notion de vitesse. C’est pour essayer de dissiper cette confusion que j’ai proposé le classement .au temps et non à la vitesse avec éventuellement pour chaque concours une ligne d’arrivée théorique.
Si nous acceptons cette hypothèse, une question vient immédiatement à l’esprit: « Comment et pourquoi certains pigeons-les bons-trouvent-ils plus facilement le plus court chemin de retour que d’autres-les rosses? Autrement dit « Qu’est-ce que le sens d’orientation du pigeon »?
Après avoir analysé toutes les théories avancées jusqu’à ce jour en vue d’élucider ce problème de l’orientation du pigeon voyageur, après avoir établi la différence entre la migration des oiseaux et ce sens d’orientation que certains ont tendance à assimiler à un instinct ce qui est certainement faux puisque le sens d’orientation ne pourrait être qu’un instinct qui doit être développé et exercé, ce qui conséquemment n’est plus un instinct-j’en suis venu à me demander si notre pigeon voyageur n’était pas un merveilleux engin téléguidé en communication avec son pigeonnier par l’intermédiaire d’ondes électromagnétiques émises par le milieu ambiant dans lequel vit le pigeon.
Poursuivant mon raisonnement, j’ai dû admettre dans ces conditions que la qualité essentielle du bon pigeon est sa plus ou moins grande sensibilité à capter ces ondes électro-magnétiques, et que tous les critères extérieurs du soi-disant bon pigeon que par tradition, nous évaluons depuis des décennies ne sont que des critères physiques totalement étrangers au véritable sens d’orientation. J’en suis aussi arrivé à la conclusion que seule l’épreuve du panier était le critère valable pour déterminer la valeur sportive d’un pigeon. Cette hypothèse du « pigeon-engin téléguidé » permet la réponse à beaucoup de questions restées inexpliquées par les théories classiques. Entre autre la forme du pigeon: sensibilité maximum obtenue par une santé parfaite et un système nerveux amené au sommet de sa tension.
Autre explication possible: la différence entre un pigeon de vitesse de demi-fond ou de fond: la sensibilité du pigeon de fond étant plus grande que celle du pigeon de vitesse, les ondes peuvent être captées à plus grande distance.
L’objection formulée contre cette dernière conception est simple: « Et les pigeons de fond ou de grand fond qui ne parviennent pas à se classer dans les concours de vitesse? » J’admets que cela arrive et notamment dans mon propre pigeonnier.
Ma réponse est facile: en ce qui concerne mes pigeons de fond, j’essaie de les préparer de façon à ce que leur sensibilité maximum soit obtenue vers les mois de juin-juillet, notamment en agissant sur leur système nerveux pour en obtenir une tension maximum à ce moment. Or, ces mêmes pigeons volent en guise d’entraînement dans les concours de vitesse au mois d’avril et au mois de mai. Heureusement pour moi à cette époque, leur sensibilité n’est pas encore développée de façon optima et il n’est pas étonnant qu’ils ne se classent pas alors que leurs concurrents à ces épreuves de vitesse connaissent déjà eux, une condition optimum. Qui me dit que mes pigeons de fond dans la condition qui est la leur au mois de juillet ne se classeraient pas en ordre utile en vitesse?
Mais, voilà, les concours de vitesse ne m’intéressent pas, je ne leur ai jamais fait disputer des épreuves de vitesse quand ils sont en condition maximum. Donc, aucune conclusion ne peut en être tirée contre ma théorie.
Autre explication possible: la limitation par la distance du sens d’orientation du pigeon. Alors que les oiseaux migrateurs peuvent parcourir des milliers de kms pour retrouver leur endroit de nidification, le pigeon semble totalement perdu au delà de 200 kms. Malgré une grande sensibilité, il ne parvient plus à capter les ondes émises par son milieu ambiant.
Enfin, la diminution du sens d’orientation en fonction de la fatigue. Cette dernière serait la cause d’une diminution sensible de la sensibilité du pigeon. Un pigeon, très fatigué, même à quelques kilomètres de son colombier ne sait plus s’orienter, si tous les pigeons qui participent à un concours volent pratiquement à la même vitesse, quel est dans ce cas, l’avantage indéniable de la méthode du veuvage?
J’en ai énoncé quatre qui manifestement n’ont aucun rapport avec la sexualité ou l’attrait de la femelle: diminuer de moitié le nombre de pigeons au pigeonnier; facilité plus grande pour maintenir le pigeon en bonne santé; méthode idéale pour maintenir le pigeon calme et disponibilité plus grande de chaque pigeon. Rien à voir avec un vol plus rapide en vue de retrouver plus vite sa compagne. Et enfin, deux faits troublants viennent, me semble-t-il, appuyer mon hypothèse:
La première est une communication que le professeur américain de biologie, Charles Walcott, de l’université de l’Etat de New-York, a faite au journal « Boston Sunday Globe », selon lequel, il aurait découvert dans la tête du pigeon voyageur, un ensemble de tissu cellulaire particulièrement riche en fer et porteur d’une très importante charge électromagnétique. Cet ensemble de cellules d’environ 1 mm2 de surface serait situé derrière l’oeil du pigeon et serait l’aboutissement d’un important réseau de cellules nerveuses.
Et le professeur Walcott de se demander, si ces cellules particulières ne constituent pas, à l’image des micro-processeurs modernes, le secret du sens d’orientation du pigeon voyageur. Beaucoup d’expériences sont certes encore nécessaires, avant d’aboutir à une conclusion définitive. Mais ne trouvez-vous pas que l’analogie avec mon hypothèse du pigeon engin télé-guidé est frappante.
Mon collègue « De Kyker » a aussi fait allusion aux propos du professeur Walcott il y a quelques semaines dans sa chronique hebdomadaire.
Autre fait troublant qui m’est arrivé au cours de la saison ’79. J’avais participé au Barcelone du 7 juillet avec notamment trois femelles. L’une d’elle entre dans le pigeonnier de Monsieur Delforge de Jemeppes Sur Sambre dès le lundi matin donc à peine hors des prix du doublage femelle. Monsieur Delforge me téléphone immédiatement mais n’ayant pas la possibilité de me déplacer à ce moment pour aller rechercher le pigeon, je demande à l’aimable amateur de le soigner pendant un jour ou deux et de lui rendre la liberté estimant qu’ayant parcouru la distance Barcelone-Jemeppes, elle serait capable de rejoindre Tervuren après un repos salutaire, d’autant plus que Monsieur Delforge, me signalait que le pigeon n’avait pas l’air particulièrement épuisé.
Le jeudi suivant, nouveau coup de téléphone de Monsieur Delforge: la femelle remise en liberté ne voulait plus quitter son toit et après avoir volé quelques tours autour de la maison, avait immédiatement rejoint le pigeonnier. Devant cette situation, je proposai à Monsieur Delforge d’enloger mon pigeon avec ses jeunes le samedi suivant. Ce qui fut fait à la partie de Compiègne (180 kms). Quelle ne fut pas la stupéfaction de Monsieur Delforge de voir pointer mon pigeon en troisième position et encore parfaitement dans les prix!! Donc, huit jours après avoir volé Barcelone, ce pigeon faisait prix à une distance de 180 Kms dans un pigeonnier où elle n’avait jamais séjourné! Comprenne qui pourra! ! Monsieur Delforge remit alors mon pigeon à un voisin qui devait se rendre dans les environs de Tervuren le lendemain et ainsi je retrouvai finale-ment ma femelle le mardi matin au pigeonnier. Remise en liberté, elle n’est cependant pas retournée à Jemeppes. Mais, l’histoire ne se ter-mine pas là.
Le 16 septembre, profitant du beau temps d’arrière-saison, je vais personnellement lâcher une vingtaine de jeunes pigeons à Mons, le lâcher eut lieu à 11 hs. 1/4.
A 14 Hs, je reçois un coup de téléphone d’un aimable amateur me signalant qu’un de mes jeunes venait de rentrer chez lui. A peine deux heures après avoir été lâché, il était entré dans un pigeonnier étranger. On ne peut pas, dans ce cas, prétexter la fatigue.
Et le comble est que cet aimable amateur n’était autre que Monsieur Delforge de Jemeppes, le même amateur donc qui avait vécu l’aventure de ma femelle de Barcelone!!!
Voilà deux de mes pigeons, l’un venant de Barcelone d’abord, de Compiègne ensuite, l’autre venant de Mons qui ont cherché refuge dans le même pigeonnier alors qu’il y en a plus de 100.000 en Belgique. Le hasard a parfois bon dos, mais ici, je n’y crois pas.
Alors, je cherche une explication. Et si elle était tout simplement dans le fait que les installations de Monsieur Delforge et les miennes propres émettaient des ondes électro-magnétiques de fréquences très voisines captées simultanément par nos pigeons?
J’accepte bien sûr, toute autre explication plausible. Mais je crois que j’attendrai longtemps.
[ Source: Article édité par Dr. Georges De Paduwa – Revue PIGEON RIT ]
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Vision et sens magnétique – pigeon voyageur
Sens de l’orientation – pigeon voyageur