10 décembre 2021 Par admin

Le système Dr. Bricoux pour les pigeons

Le système Dr. Bricoux pour les pigeons est-il encore actuel?

Le Dr. Bricoux de Jolimont était certes un grand champion. Les résultats de ses pigeons sur les concours de fond en témoignent.
Beaucoup de colombophiles pensent cependant que le Dr. Bricoux n’avait pas affaire à une véritable concurrence. Il fut l’un des premiers à appliquer le système du veuvage et étant médecin il possédait les médicaments nécessaires pour traiter les maladies les plus courantes de ses pigeons… Nous pouvons difficilement nier qu’il y a un fond de vérité dans tout cela. Comment dès lors interpréter réellement ses résultats?
Il est naturellement très difficile de comparer des chiffres et des données de décennies différentes. Cela vaut également pour les résultats des concours. Nous pouvons cependant dire que si le Dr. Bricoux avait vécu à l’époque actuelle, il lui aurait été beaucoup plus difficile d’obtenir une réussite pareille à celle obtenue pendant la période entre les deux geurres. Ceci peut s’expliquer par le fait que le sport colombophile en était à ses premiers balbutiements avant la deuxième guerre mondiale.
Cependant si nous examinons les constatations du Dr. Bricoux sur les concours de fond, il faut admettre que même en 1990 ce serait un « fameux » client. Noël De Scheemaecker, qui était un ami du Dr. Bricoux, a écrit plusieurs fois dans sa chronique que le Dr. Bricoux devait ses succès à son système. Mais quel était donc le système Bricoux?

Le Dr. Bricoux n’éduquait jamais ses pigeonneaux. Mon grand-père, qui était entre les deux guerres un bon amateur de la région de Liège jusque 400 km, n’éduquait pas non plus ses jeunes pigeons. A cette époque cela ne représentait pas une exception.
Le Dr. Bricoux entraînait ses pigeons d’un an sur des étapes jusque 200 à 250 km. Il les jouait sur des positions de nid car on pensait à cette époque que si les juniors étaient joués suivant le système du veuvage, leur carrière sportive était sensiblement raccourcie. A deux ans les pigeons sont enlogés jusque 600 km et ainsi amenés à l’âge de trois ans à être joués sur les concours de fond. C’est pourquoi à sept ans, ces pigeons étaient encore capables de voler des prix de tête. Ils avaient été épargnés durant leur jeunesse et leur croissance. Actuellement, il y a encore très peu de colombophiles capables d’avoir autant de patience. Beaucoup pensent même qu’un tel système n’est plus d’actualité. Je pense pourtant le contraire. Je suis d’avis que les futurs vieux pigeons doivent être épargnés comme jeunes et yearlings. Nos pigeonneaux sont épargnés; les précoces jusque 230 km et les autres jeunes jusque 150 km. Personnellement, je suis partisan d’éduquer les pigeonneaux. Si l’année de leur naissance ils volent seulement une sixaine de concours entre 100 et 200 km, cela peut difficilement les « brûler ».
Nos yearlings volent comme veufs une dizaine de concours, d’une distance de 100 à 400 km. Comme deux ans, nos veufs participent, après quelques entraînements, à cinq concours de 400 à 600 km. De leur troisième à leur sixième année d’âge, ils participent aux concours de fond, pour être ensuite placés au pigeonnier d’élevage.
Finalement, notre système ne diffère pas beaucoup du système Bricoux, à deux exceptions près. Nous éduquons nos pigeonneaux l’année de leur naissance et jouons nos yearlings au veuvage, à la place de les jouer au « naturel ». Ce qui est commun aux deux systèmes, c’est que les pigeons sont épargnés pendant leur « jeunesse ».
Notre « Bordeaux », qui s’était classé sept fois dans les 31 premiers Nationaux dans des concours de grand fond, fut encore à l’âge de 6 ans cinquième nationaal as-pigeon de fond. Ce pigeon fut entraîné comme jeune jusque 150 km et comme yearling jusque 260 km. Ses deux fils, le « Cahors » (1984) et le « Flori » (1985), actuellement nos deux meilleurs pigeons de fond, furent entraînés tout comme leur père, jusque 150 km comme pigeonneaux et jusque 300 km comme yearlings.
A l’âge de deux ans, ils volèrent quelques concours de 400 à 600 km et débutèrent les concours de fond à l’âge de trois ans. Ensemble ils volèrent jusqu’à la fin de 1989 onze fois dans les trente premiers provinciaux et sept fois dans les cent premiers nationaux. Lorsqu’ils seront âgés de six ans, ils rejoindront le pigeonnier d’élevage tout comme leur père.

Tout ce qui précède nous prouve bien que le « système » est toujours actuel. Il ne faut cependant pas perdre de vue que le Dr. Bricoux avait une bonne main. Cela veut dire qu’il connaissait bien ses pigeons et qu’il n’avait pas besoin pour les trier de se baser sur les résultats que ses pigeons avaient obtenus avant l’âge de trois ans.
Par contre si vous possédez des pigeons que vous ne connaissez pas bien, il est conseillé de tester les pigeonnelles. Ainsi vous aurez – disons de manière indirecte -une idée de la valeur de vos jeunes mâles. Comme yearling et deux ans de tels pigeons peuvent être jugés sur leurs résultats bien qu’il faille être très prudent avec les pigeons d’un an. Les meilleurs pigeons de fond sont parfois irréguliers comme yearlings.A la question de savoir si le système Bricoux est également valable pour la vitesse et le demi-fond, je dois répondre affirmativement. Dans ce cas, il est également conseillé éduquer les jeunes jusque 150 km. Si le Dr. Bricoux était encore vivant, il aurait certainement aussi entraîné ses jeunes. Comme je l’ai déjà dit, entre les deux guerres, les jeunes étaient très peu ou pas du tout entraînés. Si par la suite, aucune « folie » n’est commise avec de tels pigeons destinés aux concours de vitesse et de demi-fond, il est probable que ces derniers auront une longue carrière. En accord avec ce qui a été mentionné plus haut, il faut faire remarquer que la plupart des pigeons de vitesse et de demi-fond, deviennent moins rapides avec l’âge, ce qui peut être compensé en augmentant légèrement les distances. Ceci n’empêche pas de les jouer jusqu’à l’âge de 6 à 7 ans, du moins s’ils ont été épargnés jusqu’à l’âge de 2 ans.
En conclusion, nous pouvons dire que le système Bricoux est toujours valable, mais que néanmoins chacun doit le réactualiser et l’interpréter selon sa propre situation.

Patrick Philippens – Décembre 1990

Notices:

Si le Dr. Bricoux avait vécu à l’époque actuelle, il lui aurait été beaucoup plus difficile d’obtenir une réussite pareille à celle obtenue pendant la période entre les deux guerres. Cependant si nous examinons les constatations du Dr. Bricoux sur les concours de fond, il faut admettre que même en 1990 ce serait un « fameux » client.
C’est seulement en épargnant ses pigeonneaux et ses yearlings que l’on a des vieux qui durent.
Il est préférable de tester les pigeonnelles.
Les pigeons de vitesse et de demi-fond deviennent moins rapides avec l’âge.
Le Dr. Bricoux n’éduquait pas ses jeunes pigeons. Il les débutait comme yearlings. Nous sommes cependant partisans d’éduquer les pigeonneaux. Si l’année de leur naissance ils volent seulement une sixaine de concours d’une portée de 100 à 200 km, cela peut difficilement les « brûler ».

[ Source: Article édité par M. Patrick Philippens – Revue PIGEON RIT ]