Le transport d’oeufs de pigeons
Question:
J’ai acheté des oeufs de pigeons auprès d’un amateur de Flandre occidentale. Le vendeur désire que je vienne chercher les oeufs lorsqu’ils seront couvés de 5 à 6 jours. Ma question est la suivante: ces oeufs sont-ils assez couvés pour supporter un voyage de 120 km? Il y a deux solutions:
1) prendre le risque « d’abimer » l’embryon de certains œufs par le voyage et donc de diminuer le pourcentage d’éclosion;
2) ne pas faire couver les oeufs, donc les enlever immédiatement après la ponte et les conserver au frais jusqu’au moment où tous les couples ont pondu leur deuxième oeuf.
Question:
Comment doit-on manipuler les oeufs pour préserver leur fertilité?
Dans le passé, j’ai transporté beaucoup d’oeufs de pigeons. Une petite partie était destinée à renouveler le sang de mes pigeons. La plus grande partie étant pour le laboratoire où des études sur l’incubation des oeufs de pigeons et le développement des embryons étaient réalisés. C’est pourquoi j’ai réuni dans le texte suivant les diverses observations et constatations que j’ai eu l’occasion de faire. Tout d’abord, en ce qui concerne les soins à apporter aux oeufs pendant le transport, voilà ce que j’ai constaté. Cela est principalement destiné aux amateurs colombophiles qui vendent ou donnent des oeufs en cadeau. Parfois ces oeufs doivent être conservés un certain temps parce que les périodes de ponte ne concordent pas toujours. Des essais ont clairement montré que le pourcentage d’éclosion diminue avec l’augmentation du temps de conservation, de sorte qu’on a tout intérêt à les faire couver le plus vite possible (j’ai cependant eu de bons résultats avec des oeufs pondus depuis 7 jours). Les meilleures conditions de conservation se situent aux environs de 12°C.
La température ne doit pas dépasser 23°C, car à cette température le développement embryonnaire débute. En ce qui concerne la température minimale, je puis dire que des oeufs de poule conservés pendant 24 heures, juste au-dessus du point de congélation, éclosent normalement.
Par contre, à une température de 3°C, cela commence à aller mal après 6 jours de conservation. En fonction de tout cela, nous pouvons donc conclure qu’avec les oeufs de pigeons, il n’est pas nécessaire dans la pratique de prendre des mesures spéciales. Seulement en cas de fortes gelées ou de grosses chaleurs, il ne faut pas laisser les oeufs au pigeonnier. En ce qui concerne le retournement des oeufs pendant la période de conservation, les avis divergent. Cependant des essais ont montré que cette manipulation n’est pas nécessaire (tant que la période de conservation n’excède pas une semaine). Il ne faut donc pas avoir peur que le germe « colle » aux membranes de l’oeuf..
Le transport.
Les oeufs de poules sont transportés en conditionnement spécial: bien maintenus avec le bout le plus « pointu » vers le bas (c’est mieux que le contraire). J’ai pu constater qu’avec les oeufs de pigeons il faut être plus prudent qu’avec les oeufs de poules: il faut éviter plus encore les chocs (ce qui peut avoir pour conséquence la formation de monstres). Les oeufs de pigeons peuvent être maintenus pendant le transport par du papier ou de la paille. Je les entourais individuellement d’ouate et les plaçais couchés en position naturelle (donc pas sur la pointe). S’appuyant sur quelques essais, quelqu’un m’a conseillé de laisser reposer pendant 24 heures les oeufs frais (de poules ou de pigeons) après le transport avant de les faire couver.Bien que n’ayant jamais suivi ce conseil, je n’ai pas observé de désavantage à ma méthode. Les gens ne sont cependant pas unanimes sur la période la plus favorable pour le transport.
Certains affirment que les oeufs ne peuvent pas être frais. Je ne sais pas d’où ils tiennent cela, par contre je suis sûr de n’avoir jamais eu d’ennuis avec des oeufs frais; d’ailleurs c’est la règle pour le transport des oeufs de poules.. Certains affirment également qu’il faut éviter de transporter les oeufs de pigeons autour du 10ème jour de couvaison parce que le germe se retournerait?
Les recherches scientifiques ont montré que la mortalité embryonnaire chez l’oiseau est la plus élevée entre les 3ème et 4ème jours et les 14ème et 15ème jours de couvaison. Faut-il pour cela en conclure que ces périodes sont critiques pour le transport des oeufs? Je pense que non. J’ai transporté de nombreux oeufs de pigeons à tous les stades de développement et n’ai pas observé la moindre différence. Cependant, si l’on a le choix, il vaut mieux les transporter en fin de couvage parce que ces oeufs supportent mieux un léger refroidissement et aussi parce qu’il est plus facile de vérifier s’ils sont fécondés. Il arrive parfois qu’un oeuf reçoive un coup et soit abimé. Tout n’est pas perdu pour autant et surtout si le coup n’est pas trop important et que la membrane coquillère n’est pas déchirée. Parfois, la solution est simple, il suffit de coller un petit morceau de papier sur l’oeuf. Si malencontreusement, un oeuf a été cassé et que suite à cela d’autres ont été souillés, alors une intervention s’impose: dès l’arrivée à la maison, aussi vite que possible, les oeufs sales doivent être nettoyés avec un peu d’eau tiède. Ce travail de nettoyage doit être effectué délicatement, d’autant plus que la période de couvaison est longue. En effet, au fur et à mesure que la couvaison s’avance, la coquille devient de plus en plus fragile. Lorsqu’un colombophile a l’intention d’aller chercher des oeufs chez un autre amateur, il est préférable que les femelles soient synchronisées, c’est-à-dire que les pontes s’effectuent dans les deux pigeonniers à peu près en même temps. Parfois ce n’est pas le cas et il n’y a pas concordance. Que faire?
Si les oeufs acquis ont été couvés moins longtemps, alors les pigeons « nourriciers » devront surcouver. Cela est possible quelques jours. Certains couples tiennent le nid plus longtemps mais alors il y aura certains problèmes au niveau du lait de jabot et les jeunes recevront trop vite des graines et leur croissance sera ralentie. Eventuellement, on peut essayer de corriger cela, en servant aux reproducteurs une ration composée d’un fort pourcentage de chanvre ou bien en donnant directement aux jeunes, dès l’âge d’une semaine, du chanvre et quelques jours plus tard, des féveroles. Dans le cas contraire (lorsque les jeunes éclosent avant la fin de la période d’incubation), il y a également une limite à ne pas dépasser. Un pigeon doit couver au moins depuis 14 jours pour avoir un début de production de lait de jabot. Même après 14 jours de couvaison, il y a plus d’eau que de « pape » dans le jabot. Mais un tel jeune peut survivre en utilisant les réserves, entre autres le reste de vitellus.
Il y aura bien un arrêt de sa croissance d’un jour mais cela sera rapidement comblé par après.
Pour diminuer cette différence dans les temps de couvaison, le colombophile peut avoir recours à un truc, une manoeuvre de ralentissement.
Presqu’a la fin de la période de couvaison, le colombophile retirera les oeufs du nid et les laissera refroidir à l’abri. En les conservant ainsi 12 heures à température ambiante, l’éclosion sera retardée d’un jour. Avec des oeufs de valeur, je n’oserais pas prolonger cette période car il pourrait y avoir un affaiblissement du germe. La manoeuvre réussit mieux pendant la bonne saison. En automne j’ai souvent obtenu de mauvais résultats: le refroidissement est trop important. Les jeunes y ont perdu trop de vitalité et n’ont plus la force de sortir de l’oeuf.
Prof. G. Van Grembergen
Notices:
- Pour l’échange d’oeufs, il faut faire son possible pour qu’il n’y ait pas de différences supérieures à 2 jours dans les pontes. Autrement, les reproducteurs « nourriciers » devront surcouver trop longtemps ou pourront avoir des problèmes de formation de lait de jabot.
- Les oeufs de pigeons peuvent être transportés n’importe quand. Pour le transport, on les placera en position couchée, naturelle. Placés dans les graines, les oeufs resteront stables. Il faut faire attention que les oeufs puissent continuer à respirer pendant le transport et la boîte de transport ne doit pas être fermée hermétiquement par un couvercle.
[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]
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