Le vocabulaire colombophile – pigeon voyageur
Le vocabulaire en colombophilie ( élevage de pigeons voyageurs ) comprend un certain nombre de termes populaires, qui désignent un symptôme caractérisé: ainsi on parle de diphtérie, de muguet, de tête de hibou, de inflette et de… sec.
Si ces termes ont le mérite de désigner une anomalie nettement définie, ils ont le gros défaut de mettre sous le même mot de nombreuses maladies différentes possibles, dont les remèdes sont aussi tout à fait différents. Peu à peu, l’amateur doit apprendre à différencier ces causes, donc les remèdes – de plus en plus performants – à appliquer, au malade lui-même et au besoin à toute la colonie. S’il s’agit d’une maladie contagieuse ou d’une cause commune (alimentaire par exemple). Un pigeon qui a « le sec » maigrit progressivement jusqu’à perdre 90 % de ses muscles, la perte au niveau des pectoraux étant évidemment la plus spectaculaire. L’abdomen se creuse, les fientes souvent diarrhéiques au début, diminuent progressivement et deviennent très petites, noires et collantes au doigt. En fait, elles ne contiennent plus que mucus intestinal et sels biliaires. Aucun déchet alimentaire puisque le pigeon ne mange plus. Ce tableau extrême, frappe surtout les pigeonneaux sevrés, d’environ 5-6 semaines à 3 mois maximum.
A plus jeune âge, on parle guère de « sec » et le pigeonneau au plateau qui maigrit est le plus souvent diarrhéique (trichomonase, coccidiose) ou souffrant d’occlusion par abcès à trichomonas (gorge, coeur, foie, intestin, nombril).
Sa suppression est automatique mais la connaissance de la cause – contagieuse et probablement frappant plus ou moins tous les pigeons de la colonie – n’en est pas moins importante puisqu’elle exige une intervention médicamenteuse. Le sec des pigeonneaux sevrés peut avoir de multiples causes que nous allons préciser peu à peu.
Les commémoratifs (c’est-à-dire ce qu’on a remarqué au préalable dans la colonie) vont nous diriger. Est-ce le premier cas? L’élevage s’est-il déroulé dans de bonnes conditions ou y-a-t’il eu déjà quelques ratés?
S’ils ont été faits, qu’ont montré les examens de salive et de fientes? (trop d’amateurs croient qu’un petit traitement de quelques jours résoudre définitivement tous les problèmes de parasitisme ou de microbisme). Les graines sont-elles toutes impeccables? On peut ainsi multiplier les questions. Mais se les poser et chercher à y répondre est toujours très utile.
Tous les parasitismes intestinaux sont des parasitismes de colombier, c’est-à-dire que tous les pigeons – les pigeonneaux y étant plus sensibles – sont contaminés. Seul un pigeonneau tout récemment introduit et provenant d’une colonie parantée peut faire exception à cette règle (de l’intérêt de quelques jours de quarantaine). Donc tous les pigeonneaux laissent à désirer, et l’amateur attentif l’a déjà remarqué.
Il n’a plus qu’à faire préciser le ou les parasitismes en cause et y remédier. Son cas de sec, n’est qu’un cas extrême parmi d’autres moins graves.
Il y a dans la nature un équilibre entre les espèces. Tout le monde sait cela. L’exploitation intensive des animaux – et de nos pigeons en particulier – modifie cet équilibre en faveur d’un certain nombre de microbes, parasites etc. qui nous obligent à lutter contre eux. Mais ces microbes et ces parasites ont des ennemis naturels avec qui ils s’équilibrent dans l’organisme. D’autre part dans la maladie, l’affaiblissement par le germe « spécifique » permet la prise de virulence de germes dits « secondaires » ou « de circonstance » ou de « sortie », qui habituellement sont inoffensifs. Ainsi l’herpes-virus du coryza permet la prise de virulence de staphylocoques, de klebsielles, de colibacilles jusque là inoffensifs.
Les antibiotiques employés sont actifs contre certains microbes et pas sur d’autres. Les germes sensibles une fois morts, « font de la place » aux microbes insensibles. Ainsi s’expliquent l’apparition de maladies telles que les mycoplasmoses qui se compliquent de colibacilloses (cardio-pulmonaires + sacs aériens) provoquant peu à peu le « sec » chez des pigeonneaux de 2-3 mois qui ne présentent alors qu’une grande tristesse, absence d’appétit, pour mourir très maigres après quelques jours. A l’autopsie, on trouve des traces en lamelles blanches dans les sacs aériens et souvent l’enveloppe du coeur (le péricarde) blanc comme du papier à cigarette voire du papier journal. Chez ces jeunes, et sur les moins jeunes on peut voir la même maladie se présenter sous forme de « râle » et de coryza. Quelquefois c’est une intoxication préalable ( engrais par ex., minérale le plus souvent) qui a lésé profondément foie et surtout reins qui est à l’origine de ce sec. Chez les pigeons de voyage, rentrés tardivement très maigres et qui le restent malgré tous les soins, c’est toujours une atteinte rénale qui est en cause. On voit donc la multiplicité des origines possibles de ce « sec » et je n’ai pas la prétention d’en avoir énuméré aujourd’hui toutes les origines possibles. Mais rien qu’à la lecture de ce catalogue on voit que parler du remède du sec est une galépade.
Le remède dépend d’abord de l’origine de l’affaire si on a pu – ou voulu – la rechercher et la trouver.
Doct. Vét. J.P.Stosskopf
Notices :
- Il y a dans la nature un équilibre entre les espèces, mais l’exploitation (anti naturelle) de nos pigeons. obligés à concourir plus ou moins souvent, modifie et perturbe cet équilibre en faveur d’un certain nombre de microbes, de parasites et de virus. Ceci nous oblige à lutter contre eux et à faire appel à des médicaments, mais de là à croire qu’un traitement de quelques jours résoud définitivement les problèmes c’est une grave erreur. Un traitement n’est effectif que si on élimine en même temps la cause du problème de santé.
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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Un fin colombophile (1) – pigeon voyageur
Un fin colombophile (2) – pigeon voyageur