L’élevage précoce des pigeons voyageurs
Ça y est! Quand paraîtront ces lignes. la plupart des amateurs auront accouplé leurs pigeons pour faire une tournée de pigeonneaux précoces. Pourquoi font-ils cela? Comme dans toute chose humaine, il y a le ‘pour’ et le ‘contre’.
Pour, il y a les 3 mois d’avance qu’auront ces pigeonneaux sur leurs frères de mars. Il y a aussi leur mue, qui est celle de tardifs et non de… précoces, si bien qu’ils ne commencent à muer qu’en mai dans la plupart des cas. Il y a enfin que leur âge va permettre de les jouer facilement sur le nid, donc de les exploiter à fond, ce qui est le but réel de toute l’affaire.
Contre, il y a le temps qu’il fait début décembre, au moment du rapprochement sexuel. Tout le monde sait que les glandes sexuelles sont, chez les oiseaux, sous l’action de la lumière et de l’alimentation. Si le problème alimentaire est facile à résoudre (nous allons voir cela) celui de la lumière est très important, car, par l’intermédiaire du nerf optique (entre l’oeil et le cerveau) cette lumière agit sur la glande hypophyse qui secrète les hormones gonadotropes responsables du fonctionnement des glandes de la reproduction (ovaire et testicules). La lumière du jour peut donc être complétée par une lumière artificielle, quelques heures le matin. Le mieux est l’emploi de lampes spéciales comme dans les serres, dont le spectre est comparable à celui de la lumière du jour, que n’ont pas les lampes classiques. Bien entendu, il ne faut pas allumer cet éclairage artificiel le soir, car, à l’extinction, les pigeons seraient obligés de rester où ils se trouvent, le plus souvent hors de leur case.
On évite ainsi les oeufs clairs, si fréquents, de l’élevage d’hiver.
L’alimentation, au sens large du terme, doit être également rationnelle: il fait frais, il fera froid, alors beaucoup de calories sous faible volume donc beaucoup de graines oléagineuses (colza, lin, tournesol jusqu’à 20% de la ration) tant lors de l’accouplement que lors de l’élevage. Les pigeonneaux ont de gros besoins protéiques (légumineuses) minéraux, vitaminiques. Cela ce sont les grits, pierres à picorer, complexes vitaminiques (il n’y a pas ou peu de soleil, de verdure).
Personne ne sait quel temps il fera à la naissance des pigeonneaux. Mais à été torride, hiver sévère. Le couvage se fait dans les nids bien garnis de paille ou de tiges de tabac, la naissance des pigeonneaux s’y fera.
Tout le monde sait que les pigeonneaux ne régulent pas leur température dans leur première semaine de vie. Ils peuvent donc refroidir impunément pendant cette courte période. Mais dès l’âge de 8 jours c’est fini: laissé trop longtemps au froid, le système de régulation de la température du pipant craque et c’est la mort. Certes les parents sont vigilants mais cela ne suffit pas toujours en particulier vers les 10-12e jours quand les jeunes sont déjà assez gros et sont encore nus. Si le froid est polaire, il faudra se décider à mettre un chauffage d’appoint, simplement pour que la température devienne positive, l’optimum étant 6 à 8°. Pas plus, nous ôterions alors l’aptitude à se défendre et c’est au sevrage qu’on aurait des difficultés. La lutte contre le froid, c’est aussi l’alimentation abondante, hyper-calorique par les graines oléagineuses surtout. Si on veut que le jeune ait son maximum de ration, il faut qu’il ait le temps de digérer celle du matin avant de recevoir celle du soir. Les jours étant courts, il faut assurer un gavage très matinal vers 6 h., donc à la lumière artificielle. Beaucoup de pigeonneaux poussent mal en hiver pour cette simple raison: ils ne sont gavés qu’une fois au lieu de deux. De toute façon, une trémie pleine de féveroles en permanence est toujours une nécessité.
Dès que le pipant est plumé, il est pratiquement tiré d’affaire. Cela ne veut pas dire que l’amateur peut relâcher sa vigilance. Les besoins alimentaires restent les mêmes et le resteront — dans leurs grandes lignes — jusqu’aux beaux jours, si on veut que la croissance continue dans les meilleures conditions. Ne perdons jamais de vue qu’il s’agit d’un élevage contre nature qui exige des soins exceptionnels. On ne peut parler de sélection naturelle (l’élimination des plus faibles) que dans des conditions naturelles, ce qui n’est pas du tout le cas ici.
Deux autres précautions: l’eau de boisson ne doit pas geler car il n’y a pas de gavage sans eau. A quoi bon alors les graines à volonté.
Il existe maintenant des réchauffeurs électriques sur lesquels on place l’abreuvoir, qui règlent élégamment le problème.
Il est aussi indispensable de nourrir au moins partiellement à la case, dès le 10-12e jour. Tout ‘passage à vide’ au moment du sevrage parce que le pipant ne sait pas manger seul serait catastrophique par temps très froid (nous serons dans la 2e quinzaine de janvier) et hypothèquerait gravement l’avenir de ces pigeonneaux.
Il faut, autant que possible, un colombier où tous ces précoces se retrouveront seuls. Si possible dans une partie proche d’une source de chaleur qui leur évitera les froids extrêmes. Et où ils recevront la ration riche qu’exige leur croissance et leur formation optimale. Ils seront mis à la trappe rapidement de manière à se repérer très vite dans les alentours, tout comme les jeunes de printemps. Attention toutefois aux brouillards brutaux de l’hiver sources de pertes au toit considérables.
Après, on n’aura plus qu’à espérer un mois d’avril printanier pour mettre sans tarder ces gaillards à l’entraînement. Les bonnes habitudes se prennent quand on est jeune.
Dr. J.P. Stosskopf
Notices:
- Tout le monde sait que les pigeonneaux ne régulent pas leur température clans leur première semaine de vie. Ils peuvent donc refroidir impunément pendant cette courte période.
- La lute contre le froid, c’est aussi l’alimentation abondante.
[ Source: Article édité par Dr. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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