Les dépérissements des jeunes pigeons
Lors du syndrome du dépérissement des pigeonneaux deux à trois semaines après le sevrage la diarrhée est observée, parfois des vomissements. Après quelques jours, des pigeonneaux se tiennent en boule et sont apathiques. Le jabot est rempli de liquide. Les oiseaux maigrissent et quelques-uns vont mourir. Parfois les symptômes se manifestent, plus tard, après les premiers entraînements.
Dans d’autres cas il y aura de la mortalité de jeunes dans les nids. L’intensité et la nature des symptômes sont fort variables. Malgré les nombreuses publications scientifiques sur le circovirus, lorsque certains vétérinaires spécialistes de pigeons, sont consultés ceux ci diagnostiquent, généralement sur simple description des symptômes, très souvent de l’ ‘adéno-coli’ et administrent un mélange d’antibiotiques.
Note de la rédaction:
Chaque année au printemps, on entend un peu partout en Belgique des colombophiles se plaindre d’une maladie appelée communément « adénovirose ».
Qu’en est-il exactement de cette maladie que certains chercheurs scientifiques attribuent à un autre virus très peu connu du milieu colombophile: le circovirus.
Pour en savoir un peu plus nous avons posé une série de questions à l’Ingénieur Jean Pierre Duchatel de la Faculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Liège. Rappelons que Jean Pierre Duchatel est colombophile et fait partie depuis 1974 du service de Médecine Aviaire comme collaborateur du Prof. Vindevogel. Ensemble, ils ont fait des recherches très approfondies sur les virus du pigeon et ont développé pour Fort Oodge des vaccins tels que le Colombovac PMV, le ColombovacPOX et le Colombovac Paratyphus. Actuellement, l’Ingénieur Jean Pierre Duchatel est responsable d’une recherche sur la circovirose du pigeon voyageur, financée par la F.C.I.
– Quel est donc cette maladie appelée communément « Adénovirose » ? Deux à trois semaines après le sevrage, de la diarrhée est observée, parfois des vomissements. Après quelques jours, des pigeonneaux se tiennent en boule et sont apathiques. Le jabot est rempli de liquide. Les oiseaux maigrissent et quelques-uns vont mourir.
Parfois les symptômes se manifestent, plus tard, après les premiers entraînements.
Dans d’autres cas il y aura de la mortalité de jeunes dans les nids. L’intensité et la nature des symptômes sont fort variables mais souvent des cas de coryza apparaissent. Parfois, les analyses, extrêmement sensibles, permettent de détecter le virus sans symptôme associé. Ce syndrome du dépérissement des pigeonneaux est devenu tellement important que la puissante fédération colombophile allemande a subventionné une étude auprès des Facultés Vétérinaires allemandes. Les conclusions de ces études ont été présentées par les scientifiques lors des journées nationales qui se sont déroulées mi-janvier à Dortmund.
La British Homing World show a également payé une étude dont les conclusions ont été publiées dans le journal British Homing World en décembre 2003. Ces deux études ont mis en évidence le rôle primordial du circovirus du pigeon dans cette pathologie.
Malgré cela et les nombreuses publications scientifiques sur le sujet, lorsque certains vétérinaires spécialistes de pigeons, sont consultés ceux-ci diagnostiquent, généralement sur simple description des symptômes, très souvent de l’ ‘adéno-coli’ et administrent un mélange d’antibiotiques. Chacun possède son petit « mix miracle ». Voilà pourquoi, de nombreux colombophiles pensent, à tort, que leurs jeunes pigeons ont contracté l’adénovirose.
– Qui a détecté l’existence du circovirus en Belgique et quand?
Dès 1998, nous détections pour la première fois ce virus en Belgique dans un élevage de pigeons voyageurs (Duchatel en al., 1998).
Quelques semaines plus tard, un vétérinaire français du sud-ouest de la France, présentait des pigeons de chair (des Kings blancs) à la clinique aviaire pour examen. Un taux de mortalité et de pigeonneaux chétifs anormalement élevé était observé. A l’époque, j’étais présent tous les jours à la consultation et le Professeur Vindevogel, chef de service, me chargea du cas. C’est ainsi que j’ai mis en évidence le premier cas français de circovirose. L’étude n’a pas fait l’objet d’une publication car elle n’apportait aucun renseignement supplémentaire par rapport au cas décelé en Belgique et récemment publié.
Très rapidement, je me rendis compte du danger pour nos pigeons et dans un article paru dans Pigeon Rit en 1999, je mettais en garde le monde colombophile et écrivais: « une dissémination des circovirus est donc à craindre parmi les pigeons voyageurs dans un avenir proche et cela d’autant plus qu’il n’y a pas de traitement ni de possibilité d’éviter la maladie par la vaccination. Il est donc urgent que les colombophiles, par l’intermédiaire de leurs fédérations respectives, subventionnent des recherches pour mettre en place des moyens de diagnostics rapides et la mise au point d’un vaccin ».
A l’époque, beaucoup de vétérinaires spécialistes affichèrent du dédain pour ce qu’il considéraient comme une « trouvaille » de laboratoire.
– A-t-on aujourd’hui plus d’informations au sujet du circovirus ? Bien entendu, je ne suis pas resté les bras croisés à l’Université de Liège et en collaboration avec le Dr Todd de la Queen University of Belfast nous avons développé et appliqué une méthode de détection extrêmement sensible du circovirus par PCR. Cela nous a permis de progresser dans la connaissance de cette infection.
Sur un pigeonneau vivant, nous pouvons maintenant à partir d’un simple écouvillon cloacal mettre en évidence ce circovirus par analyse PCR. La même technique a été développée pour les adénovirus, ce qui permet d’établir un diagnostic différentiel avec les cas d’adénovirose vrais ceux-là, qui sont actuellement beaucoup plus rares que certains ne le prétendent. Sur un pigeonneau mort, la méthode permet de mettre en évidence le virus dans de nombreux organes. Au niveau du foie nous avons pu montrer des quantités importantes de virus, rejoignant les conclusions de T.Pennycott qui a réalisé l’étude anglaise.
Aujourd’hui, en 2004 une partie du travail à été fait mais il n’y a toujours pas de vaccin disponible. Toutefois de plus en plus de dirigeants sont conscients du problème et une véritable intention constructive existe au sein de la FCI.
– L’infection par le circovirus est-elle préoccupante?
Tout d’abord les circovirus sont très résistants aux agents chimiques et persistent donc longtemps dans le milieu extérieur (par exemple la litière des paniers de voyage). Ces particularités rendent difficile le contrôle de la maladie et les nombreuses ventes et échanges de jeunes facilitent la propagation de l’infection.
Deuxièmement, parce que le virus s’attaque au système immunitaire affaiblissant la résistance des pigeons.
Cet affaiblissement a pour conséquence l’apparition de diverses infections secondaires comme la paratyphose et surtout le coryza herpétique qui existe à l’état latent dans la quasi-totalité des colonies. Cet herpès profite bien évidemment d’une diminution des défenses immunitaires pour se multiplier dans l’organisme.
Cela provoque une augmentation de la fréquence des traitements, notamment au moyen d’antibiotiques et d’antiparasitaires, avec toutes les conséquences néfastes pour l’environnement. De plus tous ces traitements supplémentaires ont un coût non négligeable pour l’amateur.
Enfin des échecs de vaccination sont observés notamment contre la paramyxovirose parce que certains jeunes pigeons infectés par le circovirus ne sont pas capables de développer une bonne réponse immunitaire après la vaccination contre la maladie de Newcastle. Bien entendu, la marque du vaccin n’a rien à voir dans cet échec.
– Pourquoi ne dispose-t-on pas encore d’un vaccin?
Classiquement, un vaccin comme le Colombovac PMV est réalisé à partir du virus cultivé sur œufs embryonés de poule, (tout comme le vaccin de la grippe humaine). Ce vaccin sera inactivé (tué chimiquement).
Or, tous les essais de multiplication du circovirus du pigeon sur culture de cellules ou œufs embryonés ont échoué.
Il faut donc privilégier une autre approche pour réaliser un vaccin. Dans ce cas précis, il s’agit d’appliquer la technologie de l’ADN recombinant à la production d’un vaccin sous unitaire.
Le génome viral du circovirus a été décrypté et tous les espoirs sont donc permis.
Ce n’est maintenant plus qu’une question d’euros.
[ Source: Article édité par Ing. J.P.Duchatel – Revue PIGEON RIT ]
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