Les femelles dans le collimateur – pigeon voyageur
Ce n’est pas d’hier que je vous parle du jeu à femelles ( pigeonnes). Il est très en vogue ces récentes années. Les accrocs du « veuvage » ne les ont guère appréciées jusqu’ici. Ils les considéraient même comme quantité négligeable. Et voilà qu’ils font fureur, grâce à elles aujourd’hui !
Dans un précédent article je vous ai décrit le système de jeu à femelles, tout en soulignant qu’elles ont bien plus de qualités que les mâles.
Elles acceptent beaucoup mieux le séjour dans le panier de voyage en cours de transport, elles récupèrent plus vite de leurs efforts, etc. On s’aperçoit maintenant que ceux d’entre nous qui ne maîtrisent pas le système et se font battre à plate couture par ces dames veulent boycotter ce jeu. On radote de tout sur le dopage et les hormones dont nous ne pouvons toujours pas déceler la présence. ana même proposé de ne plus accepter les femelles dans les concours et les championnats nationaux. A quoi jouons-nous? La colombophilie est déjà suffisamment affaiblie pour que l’on aille la rendre plus faible encore par ces ragots.
Dopage et hormones
S’accrocher au fait que nous ne pouvons pas (encore) déceler la présence d’hormones n’est que foutaise. Je n’ai pas la moindre idée en combien l’administration d’hormones pourrait améliorer les prestations du pigeon.
Il ne pourra de toute manière pas triompher sans disposer d’un sens parfait d’orientation. J’ai joué à pigeonnes dès ma jeunesse. Je n’avais pas de « veufs » lorsque je résidais à Geel.
Le jeu de femelles avait et aura toujours ma préférence. J’ai déjà révélé d’ou me vient cette petite attache.
La femelle est plus endurante, fait moins de stress dans le panier de voyage, récupère plus vite de ses efforts et elle est, aussi, plus ponctuelle que le mâle.
Au risque de paraître prétentieux, je vous dirai que j’ai toujours compté au sein de ma colonie de bonnes femelles, sans devoir les doper ou leur fournir des hormones. Si vous me passez deux, trois bonnes femelles, je n’éprouverai aucun mal à récolter des succès, sans devoir recourir à toutes ces crasses.
Un bon pigeon, en bonne forme n’en a que faire. Elles ne pourraient que nuire à sa santé et réduire sensiblement la durée de sa carrière sportive. Un sujet sans talent ne deviendra jamais un « super » parce que vous lui passez des stimulants.
L’histoire se répète
Il y a quelques années, une poignée d’amateurs, dont Lou Wouters, faisait fureur à l’Union d’Anvers avec les femelles et la presse colombophile épinglait particulièrement les « doublages femelles ». Comme les adeptes du « veuvage » étaient les plus nombreux à l’Union, le « doublage femelles » fut rayé de la carte, sans plus! Lou Wouters avait des femelles exceptionnelles. Il était, de son côté un spécialiste, réel « artiste » de ce jeu. Encore qu’il n’était pas naïf, il n’eut pu faire la différence entre une aspirine et une hormone. Il n’a jamais trafiqué ses pigeons. Lou Wouters jouait ses pigeons « sur leur classe », dopage et hormone lui étaient inconnus.
Au cous d’un reportage pour « Pigeon Rit » en 1994, Lou s’est exprimé comme suit sur le jeu à femelles. « Je conseille à tout qui veut garantir l’avenir de sa colonie, de jouer quelques femelles. Une femelle aura du mal à se défendre contre les vieux mâles. Celles qui font exception sont clairsemées, mais il y en a. Un concours, uniquement pour femelles (doublage) est bien plus attrayant.
Dommage que l’Union d’Anvers n’a pas voulu entendre et a préféré suspendre le jeu à femelles, sans plus ». Son attitude n’avait rien de commun avec le sport, mais je préfère ne pas l’évoquer.
En Amérique du Sud
En 1993 j’ai consacré un article à la méthode de jeu en Argentine. J’en reprends un passage pour montrer qu’on savait déjà là-bas que les femelles composent le « sexe fort » en colombophilie. « L’Argentine ne connaît pas le veuvage. On ne joue pratiquement que des femelles dans les concours. Elles occupent généralement un colombier pour elles seules. On ne leur présente un mâle ni au départ ni à l’arrivée du concours. Si deux d’entre elles s’accouplent on les sépare et l’une d’elles part dans un autre colombier. On ne garde que quelques mâles pour la reproduction. La plupart des colonies comptent 80 % de femelles pour 20 % de mâles. Ainsi vivent la majorité des colombophiles du pays. Je suppose que l’un ou l’autre champion appliquera bien une variante et qu’il présentera bien un mâle au colombier de temps à autres pour motiver les femelles.
Certains l’avouent, mais la grande majorité ne jure que par le célibat intégral des femelles. L’amateur argentin moyen tient de 15 à 20 couples de producteurs et 40 à 50 pigeons pour participer aux concours, en majorité des femelles ».
Conclusion
Nous constatons que les femelles étaient jugées depuis longtemps à leur juste valeur, ailleurs.
Se passe-t-il quelque chose d’anormal avec les femelles chez nous? Sans doute mais uniquement parce que le jeu à femelles commence à convaincre de plus en plus d’amateurs.
La où une poignée de femelles seulement participait aux concours, il faut plusieurs paniers pour les accueillir maintenant. Je compte dans mon entourage des amateurs’ qui discréditaient le jeu à femelles il ya une dizaine d’années et que je vois engager de 50 à 100 femelles dans les concours aujourd’hui!
Et je ne puis que leur donner raison d’agir ainsi. Le jeu à femelles offre beaucoup de variantes et au plus d’amateurs se spécialiseront, plus d’autres suivront pour battre les mâles du veuvage. Qui ne suivra pas le mouvement sera laissé à la traîne. Il faut en finir de disqualifier et de mal apprécier le jeu à femelles. Va-t-on aussi limiter le jeu de pigeonnelles ?
Le jeu à pigeonneaux s’en trouverait torpillé. La menace n’est pas si réelle que certains ragoteurs veulent bien le prétendre.
Je crois même qu’elle n’arrivera jamais à exécution.
[ Source: Article édité par M. André ROODHOOFT – Revue PIGEON RIT ]
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