filoplumes pigeons
1 novembre 2020 Par admin

Les filoplumes des pigeons

filoplumes pigeons

La rédaction de « Pigeon Rit » a reçu une lettre très intéressante. Dans cette lettre, J. Schiepers de Saint-André explique son problème: « Comme chacun le sait, un certain nombre d’animaux sont doués d’un sixième sens. Cette propriété prend différents aspects suivant les espèces. Certaines espèces, comme la murène, sont capables de produire des champs électriques; d’autres, comme les abeilles, sont sensibles à l’approche d’un orage ou sont capables d’utiliser les champs magnétiques comme les dauphins et les pigeons.
J’ai fait personnellement la constatation que les pigeons possèdent de jolies petites antennes dont on ne parle jamais. Elles sont situées de chaque côté des ailes protégées par les plumes de couverture. A leur tête, se trouve toujours la même quantité de petites ramifications. Elles sont donc implantées à des endroits sensibles de la peau. Grâce à ces antennes les différentes sensations sont transmises à travers le corps du pigeon au « sixième sens ». Il en va plus ou moins de même avec la sensibilité des cheveux à l’électricité. Ces petites antennes permettraient la captation des ondes des différents champs magnétiques. »
Je vais essayer de donner une réponse aux différentes questions suscitées par la lecture de cette lettre.
A partir de la description et de l’échantillon accompagnant la lettre, je puis affirmer que ce lecteur parle de filoplumes, une des différentes espèces de plumes du pigeon. Naturellement, le rôle de ces plumes est discuté dans toute une série de revues scientifiques spécialisées sur les oiseaux. Il y est fait également allusion dans trois livres plus particulièrement destinés aux colombophiles:
1. C.G. Van der Linden: Le Pigeon voyageur (1950);
2. W.M. Levi: The Pigeon (1963);
3. H. Vindevogel, J.P. Duchatel et P.P. Pastoret: Le pigeon voyageur (1987).
Il est donc vrai en effet que la plupart des livres colombophiles parlent des rémiges, des rectrices, des plumes de couverture et du duvet mais pas des filoplumes. Peut-être est-ce dû au fait qu’elles se trouvent sous les plumes de contour (rémiges, plumes de couverture) mais c’est un fait que la plupart des colombophiles ignorent leur existence. Et pourtant, tous les ont déjà vues. Ainsi après avoir plumé un pigeon, il reste comme des petits « poils » qui doivent encore être flambés avant de songer à une cuisson éventuelle! L’auteur de la lettre qualifie ces filoplumes d’antennes, dans ce cas il s’agit d’un terme malheureux et inadéquat. En biologie, on utilise le terme « antennes » pour désigner essentiellement les proéminences situées sur la tête des arthropodes, comme par exemple les insectes. La comparaison n’est pas valable d’un point de vue structurel et fonctionnel car les antennes des insectes diffèrent complètement des filoplumes.
Les antennes sont constituées de tissu vivant, protégé par une couche (cuirasse) relativement épaisse de chitine. Toutefois cette cuirasse est pourvue de pores, ce qui permet un certain contact entre le tissu vivant et le monde extérieur: les molécules chimiques comme les parfums peuvent entrer en contact avec le tissu vivant et occasionner une réaction de l’animal.
Au contraire, les filoplumes sont comme tout le plumage constituées de kératine, une protéine spéciale riche en minéraux. La kératine est un tissu mort, aucune plume ne contient de cellules vivantes.
Les filoplumes sont très simples et sont constituées d’un long rachis mince, terminé à son extrémité par quelques barbes dressées obliquement. Elles sont logées dans une petite dépression du tissu vivant cutané (le follicule plumifère), très proche de l’implantation d’une plume de contour.
Les parois des follicules des filoplumes contiennent des corpuscules sensitifs qui sont très sensibles aux influences mécaniques comme les vibrations ou les variations de pression. Les filoplumes enregistrent et transmettent aux corpuscules sensitifs tous les mouvements des plumes de contour.
Ceci cause des excitations nerveuses qui peuvent être perçues par la moelle épinière et le cerveau.
Grâce à ce système, le pigeon est sensible à de faibles variations de pression atmosphérique (de l’ordre de 10 mm de pression d’eau, ce qui correspond à une différence de hauteur de 10 mètres) et nous pouvons comprendre facilement qu’il puisse choisir pendant son vol les couches d’air les plus favorables (hautes par vent arrière, basses par vent de bec). Pour conclure, voici quelques points en rapport avec le contenu de la lettre.
1. Monsieur J.S. a probablement pensé lors de son hypothèse aux antennes des appareils de radio et de télévision. Elles n’ont pourtant rien en commun. En principe, un émetteur radio envoie dans toutes les directions des ondes électromagnétiques (mêmes caractéristiques que les ondes de lumière mais avec des longueurs d’ondes beaucoup plus élevées) dont seulement une petite partie est captée par les antennes réceptrices. Ici, dans un tel phénomène, les filoplumes ne sont certainement pas à prendre en considération.
2. Certains poissons (comme la murène) possèdent des organes électriques spéciaux qui leur permettent de donner des secousses puissantes (certaines décharges atteignent 500 V et plus).
Ils s’en servent pour capturer certaines proies et pour éloigner leurs ennemis. D’autre part, ils sont capables d’émettre de faibles décharges qui créent un champ électrique dans leur environ immédiat, leur permettant ainsi d’éviter les obstacles et de délimiter leur territoire. Ceci constitue donc une forme d’orientation.
3. Depuis longtemps l’on sait que les dauphins possèdent un organe auditif comparable à celui de la chauve-souris. Le dauphin est non seulement capable d’entendre les bruits extérieurs mais également les cris spéciaux qu’il pousse.
Ces cris aigus, puissants, de haute fréquence, lorsqu’ils heurtent un obstacle sont répercutés en sorte d’écho que l’animal entend. Ce « sonar » (comparable à un radar) lui permet de reconnaître ses proies, d’éviter des obstacles et de s’orienter (écho-localisation). Le plus curieux est que la baleine, proche parente, ne possède pas un tel sonar.
4. Des données tendant à démontrer que certains cétacés possèderaient un système magnétique de navigation ont été apportées principalement par M. Klinowska (1985 et 1986). Les cétacés pourraient donc également s’orienter grâce à cette sensibilité magnétique. Par contre J.L. Kirschvink signale dans sa dernière publication (1989) qu’il subsiste de nombreux doutes quant à la possession d’un sens magnétique chez un certain nombre d’animaux (y compris le pigeon).
C’est quand même remarquable pour un chercheur qui a été pendant des années un défenseur acharné de toutes les « trouvailles » positives dans le domaine.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ] 

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