Les formations de vol chez les pigeons
Les oiseaux volant en groupe forment souvent un front caractéristique. La formation la plus connue est la formation en V inversé des oies, des cygnes, entre autres, pendant leur vol de migration. Depuis longtemps on en cherchait la signification. On arriva à la conclusion que ces oiseaux, en groupe, profitent d’avantages aérodynamiques et économisent l’énergie. Ils profitent les uns des autres, du courant d’air ascensionnel (lift) formé autour de leurs ailes. C’est pourquoi ils doivent voler dans le même plan (à la même hauteur) et avec les extrémités des ailes le plus près possible les unes des autres. On a calculé d’une manière théorique que des oies volant de cette manière, réalisaient une économie de 12% par rapport à un individu isolé. Récemment des chercheurs sont arrivés à la conclusion que cela était exagéré et que le gain d’énergie n’était que de 2,4% de [‘énergie totale. Je dois encore ajouter que l’oiseau de tête dans une telle formation en V est celui qui a le plus de travail (voir fig.). On peut présumer (Alerstam, 1990) qu’il y a régulièrement changement à la tête de la formation de sorte que tous les oiseaux sont mis à contribution de la même façon mais on n’en a pas la certitude. On pense également que la formation d’un V crée un mécanisme qui évite aux oiseaux d’entrer en collision les uns avec les autres et leur permet de rester en contact visuel.
ECONOMIE D’ÉNERGIE
Figure (d’après Alerstam)
Economie d’énergie par vol en groupe
I. chez les oies If chez les pigeons
AB = valeur moyenne de cette économie d’énergie
A’ B’ = valeur chez l’oiseau de tête (la différence avec la valeur moyenne d’économie d’énergie est relativement grande chez les oies mais très petite chez les pigeons.
Plus remarquable encore est le fait que le vent a peu d’effet sur la position des oies qui volent en formation. Comme tout le monde le sait, il en va autrement pour les pigeons voyageurs. Tout d’abord la formation a une autre forme: ils volent sur un large front (légèrement courbé). Il existe assez bien d’observations d’amateurs réalisées à partir d’avions sur des groupes de pigeons en vol. Ces dernières n’ont fourni aucune donnée utile. Par contre les recherches d’Alerstam (1990) ont apporté quelque chose sur ce sujet. Des petits groupes de pigeons (3 à 5) furent suivis par hélicoptère. Les arrangements et réarrangements au sein de ces groupes furent suivis avec précision et lors de poses régulières notés sur cartes. Cela fut facilité par le fait que les pigeons étaient reconnaissables individuellement puisqu’avant les essais, ils avaient été choisis de différentes couleurs.
Il fut constaté que les pigeons changeaient souvent de place. Il y avait donc des changements dans la direction.
Il a été constaté que certains pigeons (au milieu du front) montraient un comportement de chef (c’est-à-dire qu’ils restaient plus longtemps à la tête que les autres). Contre toute attente, ces « leaders » ne furent pas les plus rapides à rejoindre leur pigeonnier.
Pour les pigeons, le gain global d’énergie (pour tout le groupe) est beaucoup plus faible que pour les oies et la dépense d’énergie du meneur au centre du groupe n’est pratiquement pas différente de celle du reste des oiseaux (voir fig.). Après coup, ces résultats semblent logiques. Pour un concours de demi-fond ou de fond, donc des vols avec un grand rayon, il est normal que les pigeons de tête quittent quelque part la grande bande et il faut accepter l’idée qu’ils effectuent une grande partie du trajet en solitaire.
Et de plus, ce sont ces véritables pigeons « en avant » qui doivent parfois en découdre avec des vents qui leur sont défavorables. Si cela se produit qu’un premier prix est gagné par un pigeon se détachant soudain d’une grande bande en vol alors c’est certainement parce qu’il a rejoint un groupe d’un autre concours et s’est laissé momentanément remorquer. Il n’y a donc pas de grand handicap pour le pigeon à voler en solitaire.
2. Mouvement de la tête lors de l’atterrissage du pigeon.
Lorsqu’un pigeon marche, il effectue des mouvements rythmiques de la tête (avant, arrière, etc)… en courbant et en étirant la nuque (les Anglais
ont pour décrire cela un terme spécial: head-bobbing). On a maintenant remarqué que les pigeons effectuent les mêmes mouvements (au rythme du battement des ailes, c’est-à-dire aux environs de huit coups par seconde) lors de l’atterrissage. A première vue, on pourrait penser que ces oscillations de la tête gênent l’acuité visuelle lors de l’atterrissage. Rien n’est moins vrai. Des recherches récentes (1993 et 1994) ont montré que la précision de l’atterrissage n’est pas affectée lorsqu’on masque un oeil. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que ce `head-bobbing’ n’est pas un obstacle mais constitue une sorte de conduite pour les pattes lors de l’approche de la place d’atterrissage. Ce comportement contribue à la régulation visuelle de l’atterrissage. Cela coule de source: il ne saurait y avoir assez de mécanismes de sécurité puisque l’atterrissage se déroule rapidement et que tout doit être coordonné avec la plus extrême précision.
[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]
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