Les frères Janssen d’Arendonk
Ah, si j’étais bourgmestre d’Arendonk, je leur élèverais une statue, à eux, les frères Janssen, connus et renommés dans le monde entier. Un nom intimement lié — ad aeternam — au sport colombophile et qui le restera tant qu’il y aura des pigeons et des colombophiles. Ils ont reçu chez eux toutes les nationalités et toutes les couleurs de peau colombophiles en quête d’un authentique Janssen ou simples curieux désirant un entretien avec les maîtres de la colombophilie. Pour un étranger, cela doit être un immense honneur d’être reçu par les frères Janssen. De fait, il ne se passe un jour sans que ceux-ci ne reçoivent une ou l’autre visite, ce qui est devenu une habitude. Et il n’est pas exceptionnel qu’un Japonnais ou un Américain fasse le déplacement spécialement pour se rendre à Arendonk.
La génèse
Le début de l’histoire des frères Janssen se situe au siècle dernier avec le père Janssen, Henri de son prénom, qui naquit en 1872 et qui fut dès ses débuts un colombophile enragé. C’est lui le fondateur de la souche mondialement célèbre de pigeons Janssen. Henri eut de sa femme neuf enfants, sept garçons et deux filles. On peut dire de ces enfants qu’ils tétèrent du lait de pigeon pendant leur prime enfance tant et si bien que dès qu’ils purent marcher, ils
étaient emmenés au colombier par le père Janssen. Ils attrapèrent donc le virus et apprirent quasiment au berceau les petits trucs du métier qui font l’artiste colombophile. Quant à l’entretien des colombiers, les filles n’avaient rien à envier aux garçons.
A partir de 1935 le père Janssen se limita à superviser les conduites et le travail de la colonie qui étaient confiés à la jeune génération.
La deuxième guerre mondiale
Pendant les hostilités, le jeu de pigeons se trouva inexistant pour une durée de quatre ans. Les frères Janssen conservèrent cependant une cinquantaine de sujets pendant tout ce temps. En temps de guerre, les pigeons ne pouvaient pas voler. Si jamais l’occupant surprenait quelqu’un laisser ses pigeons voler, il les faisait saisir immédiatement.
Chez les frères Janssen, les pigeons ont pourtant effectué de manière régulière la volée quotidienne. Ce qui était frauduleux et fort risqué à l’époque.
En été, les pigeons étaient lâchés à 4.30 h. du matin alors que tout le monde dormait encore. La plupart du temps, dès 5 heures du matin, ils étaient tous rentrés. Dans le jardin, les frères Janssen avaient construit une grande volière de 10 m sur 7 m qui était adjouxtante au colombier de jardin. Les pigeons, qui ne pouvaient pas voler, parmi lesquels les pigeonneaux, pouvaient cependant profiter du soleil et du plein air. L’étiquette « Janssen » était déjà une référence dans le monde colombophile d’avant-guerre. Même durant les hostilités nombre de demandes étaient formulées de manière régulière pour l’obtention d’un couple d’oeufs ou de jeunes. Mais le payement ne s’effectuait pas toujours en espèce sonnante et trébuchante: la plupart des pigeons furent troqués contre du blé ou du froment.
Après la guerre
Directement après la libération en 1945, l’on organisa à nouveau des concours sur la portée de Quiévrain (140 km jusqu’à Arendonk). A partir de 1946 les pigeons purent à nouveau être lâchés en France. Les frères Janssen jouèrent si fort en 1945 avec uniquement la jeune génération de l’année qu’ils surpassèrent d’une bonne tête toute la concurrence.
On connaît tous encore le Wondervoske, le Bon Mailleté et le Bleu (encore un fils du Léger de 1935), tous de vrais champions tant aux concours qu’à la reproduction.
Les frères Janssen étaient redoutés non seulement à Arendonk même, mais aussi également dans d’autres communes où ils firent la pluie et le beau temps sur les courtes distances.
Là où il y avait concours, là allaient les frères Janssen: Retie, Turnhout, Vosselaar, Beerse, Ravels, Oud-Turnhout, Herentals, Geel, Merksplas, Kasterlee, Lichtaart, Vlimmeren, Gierle et même Heist o/d Berg.
Ils possédaient à cette époque de vrais champions. En 1945, ils enlogeaient 3 pigeonneaux à Retie, le Wondervoske, le Mailleté et le Foncé. Ils y remportèrent les 1er, 3e et 9e prix.
Le 29 août 1948, ils envoyèrent 14 pigeons au Noyon de Turnhout. Les pigeons furent lâchés par beau temps et vent du nord-ouest. Parmi 526 concurrents, les frères Janssen remportèrent les 1er, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 13e, 17e, 28e, 31e, 65e, 96e, 174e prix. Ils ramenèrent à la maison quasiment tout l’argent du concours et quatre vélos.
En 1945 le Mailleté qui était encore un pigeonneau resta au champ jusqu’à 18 heures le soir, alors qu’il était avec un jeune de 11 jours. Le pigeonneau revint encore à temps pour pouvoir être enlogé à Turnhout. Il fut poulé jusqu’à 200/200 dans sa catégorie et doublé dans les vieux. Ce jour-là, les Janssen n’enlogèrent que deux pigeons. Le résultat fut le suivant: le Mailleté remporta le premier chez les jeunes et les vieux, le deuxième pigeon Janssen se classa troisième partout! Des exemples de résultats comme les trois que je viens de vous présenter, je peux en citer des tonnes. A l’examen des résultats, j’en suis venu à la conclusion que juste après la guerre, les colombiers Janssen étaient peuplés de pigeons aux qualités supérieures. Ils n’ont pas acquis leur célébrité pour rien!
Du temps de papa
Actuellement on ne peut plus rien sans surveillance médicale. Avant et juste après la guerre, on ne connaissait pas encore le terme « assistance médicale » et cependant il y avait des colonies de tout premier ordre comme les frères Janssen.
D’où ma question aux Janssen: « Etes-vous d’accord de livrer aux lecteurs de Pigeon Rit ce qui était donné aux pigeons du temps de papa? ».
Et les Janssen de répondre: « Naturellement, nous voulons bien le livrer et vous pouvez ajouter que nous nous en tenons toujours actuellement au même système.
1. Aussi longtemps que nous nous en souvenions, nous avons toujours donné de l’Aviol. De temps en temps, un filet dans l’abreuvoir.
2. Lors du retour des pigeons, ces derniers reçoivent la plupart du temps du miel dans l’eau de boisson.
3. Nous avons toujours utilisé les gouttes nasales Brux quand les narines ne nous paraissaient pas assez blanches.
4. Jadis nous allions chercher chez le forgeron l’eau dans laquelle les fers à chevaux étaient refroidis. Cette eau ferrugineuse était donnée à nos pigeons.
5. Un clou rouillé était également parfois laissé dans l’abreuvoir.
6. Un pigeon malade recevait un petit morceau de lard ou du mouron des oiseaux mouron à fleurs blanches).
7. De temps en temps un thé d’orties blanches était servi pour dépurer le sang.
8. Contre le mal jaune, un thé de plantain était donné.
Ce sont les premières choses qui nous viennent à l’esprit. Cela n’a rien de particulier, mais nos pigeons y ont été soumis et le sont toujours.
André Roodhooft
Notices:
- Les frères Janssen étaient redoutés non seulement à Arendonk même, mais aussi également dans d’autres communes où ils firent la pluie et le beau temps sur les courtes distances. Là où il y avait concours, là allaient les frères Janssen: Retie, Turnhout, Vosselaar, Beerse, Ravels, Oud-Turnhout, Herentals, Geel, Merksplas, Kasterlee, Lichtaart, Vlimmeren, Gierle et même Heist o/d Berg.
- frères Janssen habitent une petite maison située au n° 6 de la Schoolstraat (rue de rEcole) à quelques centaines de mètres de la grand-place.
- Les colombiers de jeu des Janssen sont situés sous le toit de la maison. Ce sont des colombiers de grenier. Sur la photo les différentes entrées de colombier.
[ Source: Article édité par M. André Roodhooft – Revue PIGEON RIT ]
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