13 juillet 2022 Par admin

Les glandes surrénales chez le pigeon

Suite aux questions de quelques lecteurs concernant les productions naturelles de cortisone chez les oiseaux et chez les pigeons en particulier, voici quelques renseignements concernant le fonctionnement des glandes surrénales chez le pigeon. Dans la littérature scientifique anglaise sur la physiologie des oiseaux, nous avons trouvé des données intéressantes.
Les publications concernant ce sujet sont relativement rares et les glandes surrénales des oiseaux n’ont certainement pas été aussi étudiées que celles des mammifères. Le contenu peut peut-être paraître trop scientifique pour certains lecteurs et je m’en excuse auprès d’eux. Mais dans le contexte du problème du dopage, il est quand même important d’approfondir le sujet. Les glandes surrénales du pigeon, d’un point de vue anatomique, se trouvent entre les reins (derrière le dos) et les poumons (devant le dos). Pendant le développement de l’embryon de pigeon dans l’oeuf il y a déjà une production d’hormones surrénaliennes mesurables à la mi-couvaison. Chez l’homme et les mammifères, les glandes surrénales comportent différentes zones – anatomiques et physiologiques – bien différenciées: la partie interne (moelle) et la partie externe concentrique constituée de 3 couches différentes (le cortex). Chez le pigeon, ces 2 parties ne sont pas disposées en couches concentriques mais intimement enchevêtrées. Les glandes surrénales d’un pigeon adulte pèsent environ 20 mg (1/50 de gramme). Certains facteurs peuvent faire augmenter la taille et la production hormonale des glandes surrénales comme: le stress physique pendant le transport, l’hormone thyroïdienne et le métabolisme corporel plus élevé conséquent, l’hormone cérébrale ACTH (le messager cérébral des glandes surrénales). L’administration de corticoïdes comme l’hydrocortisone des mammifères ou de la corticostérone des oiseaux diminue le volume des surrénales car la sécrétion naturelle des surrénales est ralentie et les glandes surrénales au repos ont toujours un volume inférieur que lorsqu’elles sont actives.
La corticostérone est l’hormone cortico-surrénalienne des oiseaux et du pigeon et l’hydrocortisone ou cortisol, celle des mammifères. La 18-hydroxycorticostérone que l’on trouve dans les glandes surrénales ne se retrouve pas dans le plasma sanguin. C’est une étape de la transformation chimique de la corticostérone en aldostérone, une autre hormone cortico-surrénalienne responsable du métabolisme du potassium et du sodium. Cette dernière hormone n’a rien à voir avec le dopage.
Le plasma du pigeon contient environ 6 à 30 microgrammes de corticostérone par 100 ml de plasma. Cette concentration sanguine variable en hormone cortico-surrénalienne chez le pigeon est cyclique et la lumière et l’obscurité jouent un rôle important. Le taux de cortico-stérone plasmatique peut être multiplié par trois ou quatre après une période d’obscurité de quatre heures. Les pigeons constamment éclairés ne montrent pas cette variation et le plasma contient toujours plus ou moins 18 microgrammes de corticostérone par 100 ml de sang. C’est également le cas pour d’autres espèces d’oiseaux. C’est pourquoi grâce à ce principe physiologique la mue peut être stimulée ou freinée d’une manière naturelle en manipulant l’éclairage.
Dans le plasma les corticoïdes sont liés à une protéine, la transcortine. C’est une globuline. La dégradation au niveau des surrénales de la corticostérone formée et sécrétée se produit très rapidement. La moitié de la quantité de corticostérone est déjà dégradée après 10 minutes ou métabolisée. La demi-vie de la corticostérone est donc d’environ 10 minutes. Elle doit donc être constamment fournie pour rester à un niveau adéquat. Cette régulation de la production de corticostérone est dépendante de l’hormone cérébrale ACTH (hormone adrénocorticotrope) et donc les mécanismes physiologiques ne sont pas encore bien connus et compris chez les oiseaux.
Différentes sortes de stress comme le froid, la soif et les manipulations pendant l’enlogement, le transport, augmentent les taux de corticostérone du sérum pendant le transport.
Le stress augmente la production d’ACTH (hormone hypophysaire) qui a une action directe sur les surrénales; c’est un messager qui commande l’augmentation de corticostérone plasmatique.
Les principales actions de la corticostérone sur le métabolisme du pigeon sont les suivantes. La corticostérone augmente les taux sanguins en sucre chez le pigeon comme l’hydrocortisone chez les mammifères. Il se produit le phénomène de néoglucogenèse c’est-à-dire une nouvelle formation de glucose à partir d’autres éléments nutritifs que le sucre. La corticostérone provoque chez les oiseaux une augmentation des taux en graisse du foie (lipogenèse). L’appétit augmente et le métabolisme se modifie d’une manière positive.
Lors d’administration de doses élevées de corticostérone, le poids corporel du pigeon diminue. La cérticostérone provoque une diminution du système de défense de l’organisme ou du système immunitaire à cause d’une action négative sur la bourse de Fabricius et du thymus. Ces deux organismes sont responsables de la résistance de l’organisme vis-à-vis des germes infectieux.

Dr. L. Mathijs

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