Les intoxications par les médicaments – pigeon voyageur
Un médicament, c’est un produit destiné a lutter contre la maladie. Ils peuvent être modificateurs (par ex. les purgatifs), antimicrobicus (au sens large: lutte contre les agressions microbiennes, virales, mycotiques), antiparasitaires etc.
Ils sont efficaces a des doses bien définies. Ils ont une dose minimale (DMA:. dose minimale active) en dessous de laquelle ils n’ont pas l’effet souhaité. Ils ont une dose DLSO. c’est-a-dire celle pour laquelle la moitié des patients.., meurent intoxiqués.
Cette DLSO est variable avec chaque produit, mais aussi avec l’état général du patient: on sait par exemple que les antitrichomonoses modernes provoquent des phénomènes d’ébriété avec des doses moindres dans les colonies où traîne la paratyphose, et en particulier chez les pigeons qui hébergent la salmonelle dans leur cerveau.
La rapidité d’élimination du médicament, par les urines ou les fèces intestinaux, après décomposition – ou non, selon les médicaments- dans le foie ou les reins, joue également un très grand rôle. Un médicament évacué lentement et absorbé chaque jour, s’accumule dans le corps et peut alors atteindre une dose toxique.
Sans aller jusqu’a cette DLSO, l’excès de médicaments peut provoquer dans l’organisme des lésions graves – au moins sur le plan sportif – au niveau de tel ou tel organe: la streptomycine à dose excessive est très toxique pour les reins, administrée trop longtemps elle peut, en plus, provoquer des accidents au niveau de l’oreille (nerf auditif).
Les sulfamides en excès fatiguent le foie et les reins.
Données avec un purgatif salin, ils provoquent des calculs du rein etc. etc.
Dans la pratique courante, trois concepts dominent.
– toute la dose
– rien que la dose
– respect de la durée et du rythme recommandé par le fabricant.
J’ai eu autrefois un client qui a « doublé la dose pour son meilleur pigeon ». Il l’a tué par cette double dose. D’autres méfiants, ne mettent que demi-dose: c’est la meilleure méthode pour, non seulement n’avoir aucun résultat, mais encore habituer microbes et parasites au médicament donc le rendre inefficace par la suite. Mais quelquefois, bien qu’ayant observé soigneusement le mode ‘d’emploi, on a un pépin sur un ou deux pigeons. Le plus souvent, il s’agit de pigeons d’âge certain, Chacun sait que le foie et encore plus les reins sont des organes très sollicités sur le plan sportif et que les vieux pigeons ayant beaucoup voyagé sont souvent des néphrétiques chroniques.
L’élimination rénale d’un médicament – sous forme active, ou sous forme dégradée (décomposée en divers éléments non actifs par le foie par exemple) – peut solliciter ces 2 organes et provoquer des désordres: fientes crayeuses – diarrhée collante tristesse – chairs bleues. Cela doit être considéré comme un indice de cette insuffisance rénale, incompatible avec une grande forme et des prestations mirifiques.
Certains produits présentent un danger quand ils sont employés’ au moment de l’élevage: en effet, la quantité d’eau ou de graines absorbée par un pipant de 10-12 jours est pratiquement la même que pour un adulte alors qu’il pèse 4 fois moins a peu près.
Le médicament, donné dans l’eau de boisson ou « collé » sur les graines va donc être à dose tout à fait excessive pour un tel pigeonneau. Beaucoup de produits sont très bien supportés même à quadruple dose, mais certains ne le sont pas. Ainsi le fenbendazole, excellent remède contre les vers capillaires, tue les pipants au plateau au moment du traitement, tout simplement pour cette raison. Il faut donc s’attendre à ce type d’incident quand on doit l’employer en période d’élevage ou, mieux, arrêter l’élevage ou, encore mieux, être suffisamment vigilant pour s’apercevoir avant les accouplements que ses pigeons ont des vers.
Certains médicaments, par leur mode d’action sur les microbes ou parasites, entraînent des effets, secondaires, en particulier’ sur le plumage. C’est évidemment une intoxication indirecte et plus disgracieuse que grave, puisque tout rentre dans l’ordre à la mue suivante. C’est ainsi que la pyriméthamine adjuvant de certains anticoccidiens pour poules, provoque des plumes blanchâtres, zabougriens avec des barbes rachitiques. De même avec le fenbendazole cité plus haut.
Les pigeons sont aussi d’une grande sensibilité à certains désinfectants tels que creoline, cresyl, phénols dont l’odeur les importune et favorise l’apparition dés coryzas latents. Il y a maintenant une foule de désinfectants inodores et beaucoup plus sûrement efficaces.
Les pigeons sont aussi sensibles à certains antiparasitaires externes. Le lindane, le plus efficace des produits contre la gale déplumante et le coriace syringophillus, ne doit être appliqué qu’avec de grandes précautions: une s6rface de 3-4 cm de coté maximum à la fois sous peine de très graves accidents nerveux (épilepsie) et respiratoires (phénomènes asphyxiques). Ne parlons pas du dichiorvos et assimilés, foudroyants pour les oiseaux.
On pourrait multiplier les cas d’espèces. On voit les erreurs les plus invraisemblables. Alors il ne faut pas oublier un certain nombre de règles.
D’abord le médicament n’est pas une fin en soi. On l’emploie quand il le faut, c’est-a-dire seulement pour rétablir une situation sanitaire qui se dégrade. Les cures aveugles doivent être l’exception dans les colonies où aucun diagnostic n’a jamais été fait ou pas fait depuis longtemps. Ensuite, comme je le rappelais plus haut, il faut lire la notice et suivre scrupuleusement le mode d’emploi.
Quand il s’agit d’une affaire grave. on évite les traitements aveugles et on va voir l’homme de l’art plutôt que de bricoler à l’aveuglette. ça s’appelle le bon sens.
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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