19 avril 2020 Par admin

Les leçons de la canicule – pigeon voyageur

Les Lec Ons De La Canicule Pigeon Voyageur

Nous venons de vivre quelques semaines d’exceptionnelles chaleurs, entrecoupées, selon les régions de rares mais souvent très violents orages.
Les circonstances exceptionnelles ont eu de multiples effets sur nos pigeons, tant au colombier qu’aux concours.
Au colombier, la consommation d’eau a doublé. Tout le monde sait que le pigeon (entre autres nombreux animaux – le chien par ex.) ne sue pas. Sa lutte contre la chaleur, qui commence aux environs de 25°C au colombier ou à l’extérieur, se fait grâce à l’évaporation d’eau au niveau de l’appareil respiratoire, c’est-à-dire sur une surface d’environ 2m comprenant bronches, brionchioles, tissu pulmonaire, les 9 sacs aériens et bien sûr bouche, sinus et trachée.
Lorsque la température monte, le pigeon doit augmenter son rythme respiratoire pour augmenter l’évaporation. Cela l’amène parfois à ouvrir le bec. Elle fait pendant quelques minutes au retour de la volée par temps très chaud, parce que le travail musculaire produit lui aussi de la chaleur. Mais cela ne doit durer au plus que quelques minutes. Si cela perdure, compliqué de bâillements avec rejet de la tête en arrière, c’est que la sphère respiratoire supérieure (nez – bouche – oreilles) n’est pas en ordre et demande une intervention médicale: d’abord anti-trichomonose (la chaleur favorise ce parasitisme).
Puis si cela s’avère insuffisant, emploi d’antibiotiques spécifiques à la flore microbienne mise en évidence par les recherches bactériologiques.
Le recours à un vétérinaire compétent est le plus souvent le meilleur moyen d’en sortir, tant sur le plan sportif que pécuniaire. Et puis, bien sûr, les exigences d’aération augmentent par temps chaud.
Allons allez-y, faites des courants d’air quand il fait chaud. Quoi que vous en pensiez.
Au panier, le problème de l’abreuvement reste entier. Dès la fin de l’enlogement, bon nombre de pigeons boivent. Quand ils savent le faire. Si pour les adultes, il n’y a pas de problème, pour les pigeonneaux, cet apprentissage est une obligation absolue.
Un séjour de plusieurs jours au panier de voyage, ou, à la rigueur, à travers les barreaux du spoutnik (l’abreuvoir à l’extérieur du spoutnik) est une obligation absolue. Faute de quoi des pertes catastrophiques sont plus que probables.
Lors d’un enlogement de pigeonneaux, on constate la plupart du temps que quelques rares oiseaux boivent quand on verse l’eau dans j’abreuvoir du panier. Cela tient essentiellement à l’appréhension de passer la tête à travers les barreaux.
Si on met un petit bac rempli d’eau dans le panier, tous viennent y boire très vite. L’abreuvement juste avant le lâcher, s’il est indispensable, n’en est pas moins boudé par beaucoup de pigeons d’expérience, énervés, qui « sentent » que l’heure du lâcher approche. Mieux vaut abreuver régulièrement lors des arrêts vers le lieu de lâcher.
Ces arrêts dans les wagons ou dans les camions « classiques » posent la question du renouvellement d’air. Certes les wagons disposent de larges portes et de fenêtres hautes à l’opposé.
Mais des heures au soleil dans une gare de triage ne sont sûrement pas la meilleure préparation à l’effort du retour.
J’ai souvent parlé des camions en attente de lâcher. Cela est d’autant plus vrai par temps très chaud: il est indispensable d’ouvrir les bâches et de se mettre en travers du vent, même s’il est faible.
Il est fréquent de voir revenir un pigeon, le plus souvent un pigeonneau tout imprégné de pétrole. Les flaques souillées de gasoil brillent plus et les pigeons s’y abreuvent et s’y engluent.
Le lavage est difficile et le plus souvent l’attente est le meilleur remède. Avec les détergents, on risque une perte complète de l’imperméabilité du plumage; très longue à reconquérir. Par temps très chaud, il est très curieux de voir combien les volées sont variables. Alors que leur durée est habituellement un bon test quant à l’état de forme de l’équipe.
Les volées du soir, en particulier, sont beaucoup plus brèves que par temps frais. Pourtant l’air chaud monte et devrait faciliter la tenue en l’air. On peut dire que la canicule ne modifie guère l’appétit.
Autant les grands froids l’augmentent, autant on voit peu de changement avec les fortes chaleurs. C’est assez logique en ce sens que le pigeon doit employer des calories pour augmenter son rythme respiratoire qui, lui, assure une augmentation de l’évaporation pulmonaire donc du « froid » assurant le maintien de la température normale du corps (± 40°C). Dans la logique de ces observations, on peut dire que ces échanges incitent à diminuer la teneur en protéines de la ration, au profit des sucres (amidon) rapidement utilisables. Donc augmentation de la proportion de céréales et diminution des légumineuses.
Par temps très chaud, on assiste souvent à des chutes répétées de rémiges, à un rythme plus rapide que la normale. Tout d’abord, évacuons le concept qui veut que le pigeon qui a « un trou dans l’aile » parce que 2 rémiges contiguës sont tombées à quelques jours d’intervalle, ne peut pas faire de prix. S’il a mué ainsi, c’est qu’il est en grande santé donc parfaitement capable de se distinguer si c’est un pigeon de valeur. Cependant dans certains colombiers très ensoleillés, on assiste à une débandade de plumages qui met en péril la suite de la saison sportive. Bien que ce ne soit plus guère le temps de l’élevage, l’incubation doit faire l’objet de toute l’attention de l’amateur. En effet cette très forte chaleur provoque la déshydratation de l’oeuf, y compris celui des membranes, qui se raccourcissent.
Le pipant, déjà déshydraté, est alors incapable de fondre le membrane et meurt « à la coquille ».
D’où la nécessité des bains fréquents (le plumage humide des parents assure l’hydratation des oeufs) ou, si l’on veut, le dépôt dans un peu d’eau pendant quelques minutes chaque jour, des oeufs de valeur.