Les organes des sens 10 – Lacuite visuelle
10 juin 2020 Par admin

Les organes des sens (10) – L’acuité visuelle – pigeon voyageur

Les organes des sens 10 – Lacuite visuelle

L’acuité visuelle

Lors de conversations colombophiles, la notion de « vue perçante » revient souvent sur le tapis. Cependant, il y a réellement un peu plus à dire.
Pour que l’homme voie bien (ce qui signifie: voir beaucoup de détails), non seulement l’image du sujet qu’il regarde doit se former sur la rétine, mais de plus, en position centrale, sur la tache jaune, située en droite ligne derrière la pupille. Il y a dans cette tache jaune, une forte densité d’éléments photosensibles; le reste de la rétine donne seulement une vision floue sans détails.
Pour que l’image se forme à la bonne place sur la rétine l’homme regarde attentivement (« fixe ») le sujet ou place les yeux de façon à y parvenir.
Cela demande naturellement du temps et est une opération délicate pour un oiseau qui doit tout exécuter le plus rapidement possible.
Chez le pigeon les choses se passent autrement: la densité des petits cônes est uniforme sur l’entièreté de la surface de la rétine et tous ou presque tous les sujets qui se trouvent dans le champ visuel peuvent être vus en détails. C’est pourquoi certains considèrent que le pigeon est capable d’observer des détails sur l’entièreté de la rétine alors que l’homme ne peut le faire que pour la partie centrale de son champ visuel.
Il est vrai qu’il existe également des chercheurs qui contestent l’équivalence de l’homme et du pigeon du point de vue acuité visuelle. Mais ces derniers doivent admettre la supériorité du pigeon lorsqu’il s’agit de regarder des sujets mobiles ou lorsque le pigeon est lui-même en mouvement (donc en vol). Si le pigeon (ou tout autre oiseau diurne) ne voit pas mieux que l’homme, en tout cas il voit beaucoup plus vite.

Le champ visuel.

Champ visuel du pigeon - acuité visuelle



En considérant l’implantation latérale, chaque oeil au repos dispose d’un champ visuel de 160°. Comme les yeux sont mobiles, il faut ajouter du fait de cette mobilité, environ 20° par oeil. On arrive à un champ visuel total de 180° par oeil. Cependant, on ne peut pas en déduire que les deux yeux réunis peuvent couvrir l’entièreté de l’horizon (360°). En effet derrière la tête se trouve une petite étendue (parfois appelée angle mort ») (de ± 20-25°) dans laquelle le pigeon est incapable de voir. De plus dans la partie centrale les champs visuels des deux yeux se recouvrent sur un angle de ± 25°. Ce qui veut dire que tout ce qui se trouve dans cet angle est vu en même temps par les deux yeux. C’est ce qu’on appelle le champ binoculaire, situé devant le bec (voir figure le champ visuel du pigeon). Dans le champ visuel binoculaire le pigeon est myope, mais la vue reste cependant perçante, ce qui lui permet entre autres de picorer sa nourriture avec une grande précision.
Au contraire, ii est presbyte pour la vision latérale: le pigeon peut alors voir de façon tranchante des sujets situés à de grandes distances.
Nous savons également que comme le pigeon peut bouger indépendamment les deux yeux, il est capable de les maintenir des deux côtés et cela pour un arc de cercle très large. L’importante différence entre le champ visuel de l’homme et celui du pigeon apparaît à la vue des chiffres suivants: le champ visuel total chez l’homme est de 180°, dont 140° en vue binoculaire. Sur le plan du champ visuel, c’est le hibou qui ressemble le plus à l’homme; le hibou est, en effet, un des très rares oiseaux possédant des yeux orientés vers l’avant; il dispose donc comme l’homme d’un grand champ visuel binoculaire.

Hibou grand-duc - pigeon



Le Hibou grand-duc a des yeux orientés vers l’avant et dispose d’un grand champ visuel binoculaire. Sur le plan visuel, il ressemble le plus à l’homme.

Je cite cela en passant car dans la presse colombophile il est souvent fait allusion à « la vue-de hibou » de certains pigeons, qui auraient les yeux plus rapprochés que la moyenne. ils seraient s (selon A. Anker) les plus « intelligents ». Je n’ai jamais fait d’observations personnelles à ce sujet de sorte que je ne peux donner d’exemple dans l’un ou l’autre sens. Cependant j’estime cela peu digne de foi. Et en ce qui concerne.la position des yeux et certaines discussions à ce sujet, je voudrais encore signaler l’une ou l’autre chose. Je ne sais pas si cela fait partie de « la théorie de l’oeil » mais il y a des colombophiles qui affirment que l’oeil doit se trouver au-dessus d’une ligne imaginaire prolongeant le bec.
J’ose opposer à cette théorie un refus catégorique et cela pour les raisons suivantes. Dans le livre « Aspects de la colombophilie » (1975, 1979), que j’ai publié avec mon ami G. Smedt, se trouvent les photographies des têtes de quatre cracks: il est clair que deux pigeons satisfont plus ou moins à cette exigeance alors que pour les deux autres cela ne correspond pas du tout!

L’appréciation des distances et de la profondeur.

L’homme peut apprécier les distances grâce au fait que ses yeux se trouvent en position frontale, et donc dirigé vers l’avant, ce qui lui confère -comme nous l’avons vu- un champ visuel binoculaire étendu. Lorsque l’homme regarde des deux yeux un sujet, il se forme une image sur la rétine de chaque oeil. Ces deux images ne sont pas tout à fait identiques, elles diffèrent légèrement l’une de l’autre car les deux yeux fixent le sujet sous un angle un peu différent. C’est cette différence qui donne à l’homme la perception de la profondeur ou -par expérience – une idée de la distance.
Nous avons vu que la plupart des oiseaux, dont les pigeons, vu la position latérale de leurs yeux, possèdent seulement un très petit champ visuel binoculaire. Cela nous conduit tout naturellement à penser qu’ils apprécient très peu, voir pas du tout, la profondeur. Cependant, cela n’est certainement pas le cas pour un petit nombre d’oiseaux. Je pense notamment aux rapaces. Comme vous le savez, ces derniers plongent avec une vitesse fulgurante et une grande précision sur leur proie. Afin que leur attaque soit couronnée de succès, leur trajectoire doit croiser celle de sa proie. il est donc clair qu’ils doivent « estimer » les deux trajectoires, quelque chose d’impensable sans une bonne appréciation de la profondeur (appréciation stéréoscopique). La façon d’y parvenir reste cependant un grand point d’interrogation. Chez le pigeon et la plupart des autres oiseaux les choses ne se présentent pas d’une façon aussi favorable.

« Si le pigeon ne voit pas mieux que l’homme, en tout cas il voit beaucoup plus vite. »
« Chaque oeil au repos dispose d’un champ visuel de 160°. »
« Sur le plan du champ visuel, c’est le hibou qui ressemble le plus à l’homme. »



C’est certainement au niveau de leur faible vision stéréoscopique . que l’on doit chercher les raisons pour lesquelles tant de petits oiseaux (par exemple les merles) périssent le long des routes et ceci malgré la rapidité de leur accommodation et de leur perception de l’image. Ils se font presque toujours surprendre au sol, alors qu’ils y sont tranquilles. Cela se produit probablement lorsqu’ils s’envolent, ils enregistrent lors de cet envoi une bonne image spatiale et sont conscients du danger, mais, vu la vitesse des véhicules, souvent l’avertissement vient trop tard. Il en va autrement avec les pigeons qui normalement ne se posent pas sur les routes fort fréquentées; il y a des victimes seulement parmi les malades et les épuisés. Mais un autre danger plus important menace les pigeons. En effet, depuis longtemps. déjà, les fils téléphoniques, les antennes, et les câbles à haute tension sont responsables de nombreuses pertes. Ces accidents arrivent principalement aux jeunes pigeons pendant leurs premières grosses volées et chez ceux qui regagnent en groupe leur pigeonnier par grand vent de face.
Ces accidents ne contredisent pas l’affirmation que les pigeons possèdent une grande acuité visuelle. L’on doit surtout prendre en considération le fait que l’homme a placé, à cause du développement technique, toute une série d’obstacles non naturels sur leur trajectoire de vol. Et à tout cela leurs organes des sens ne sont pas préparés! En conclusion de l’étude du champ visuel et de l’acuité visuelle il me resté quelques mots à vous dire sur le pecten. Ce sera le sujet de notre prochain article.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]

Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !

pigeon rit banner


ping gauche - pigeon Les organes des sens (11) – Le Pecten – pigeon voyageur

ping gauche - pigeon Les organes des sens (9) – Rayons UV – pigeon voyageur