Les pattes du pigeon
13 avril 2020 Par admin

Les pattes du pigeon (1)

Les pattes du pigeon

Des membres du pigeon, ce sont indiscutablement les membres supérieurs (les ailes) qui sont les plus importants. Les membres inférieurs sont de moindre importance. Nous savons ceci rien qu’en observant le comportement du pigeon. La différence se marque également si nous comparons les masses musculaires activant ces différentes sortes de membres: les ailes sont actionnées par la contraction des muscles pectoraux et des muscles de l’aile dont l’ensemble représente 30% du poids du corps pour 6 % pour les muscles actionnant les pattes.
Cependant les pattes n’en sont pas moins importantes.
Le pigeon les utilise plus que pour marcher. En effet, il y a beaucoup plus à en dire d’un point de vue structurel et physiologique.
Quelques mots d’explication à ce sujet. Une première curiosité concerne la structure de la patte d’un point de vue osseux et musculaire. Pour comprendre cela, quelques notions d’anatomie sont nécessaires.
Du haut vers le bas on rencontre dans la patte du pigeon: le fémur, le tibia (comportant un petit processus osseux plus ou moins développé, le péroné), le tarso-métatarse et finalement les orteils (3 dirigés vers l’avant et un vers l’arrière) qui comportent chacun un certain nombre de phalanges (dont la dernière est surmontée d’un ongle).
Le long du côté arrière du tibia se trouvent les muscles fléchisseurs des doigts; lorsque ces muscles se contractent, les doigts se recourbent, les trois doigts avant se rapprochant du pouce arrière et l’ensemble ayant la forme d’un grappin.
Ceci se fait par l’intermédiaire des tendons logés dans une fosse sous la face inférieure du tibia, qui se prolongent le long de la face arrière du péroné et qui aboutissent, finalement, pour se fixer sous la dernière phalange de chaque doigt.

 

Lorsque l’oiseau s’accroupit, le tibia se rapproche du tarso-métatarse et l’articulation entre les deux vient se placer plus vers l’arrière; cela signifie que les tendons déjà mentionnés plus haut, subissent une traction, ce qui aboutit à la courbure des doigts.
Lorsqu’un oiseau se pose sur une branche ou un bâton les orteils se courbent automatiquement enserrant la branche. Pour se convaincre de cet automatisme, une simple expérience peut être facilement réalisée : prendre une patte de poulet ou de pigeon fraîchement sectionnée et tirer les tendons vers le haut permettra de voir les orteils se replier vers l’intérieur. Il y a plus encore.
Les petits ligaments se trouvant sous les phalanges glissent dans une gaine, une sorte d’enveloppe en tissu conjonctif.
La face inférieure de ces petits ligaments possède un nombre incalculable de petites saillies qui, lorsque l’oiseau s’accroupit, sont pressées sur la paroi interne de la gaine. Cet accrochage empêche le tendon de glisser et renforce la fixation. Les muscles peuvent donc se détendre complètement sans que rien ne se passe. La patte d’un pigeon est donc parfaitement construite pour que ce dernier puisse se reposer sur un bâton ou une branche.
En sachant que les tendons ont un métabolisme extrêmement bas (donc ils utilisent très peu d’oxygène), qu’ils sont pratiquement infatigables: on comprend pourquoi un oiseau, dans cette position, peut-dormir sans difficulté sur un bâton et rester longtemps sur une patte, et pourquoi l’autre, orteils recourbés, est retirée dans les plumes de l’abdomen La circulation sanguine au niveau des pattes est également remarquable. Le cœur envoie, à chaque contraction, du sang rouge (avec beaucoup d’oxygène) dans un vaisseau de grande taille, l’aorte; delà le flux est réparti vers les différentes artères (par exemple vers la tête, les membres et différents organes comme le foie, les reins, etc…)
Ces artères se divisent en conduits plus petits, les artérioles, pour finalement se ramifier en vaisseaux sanguins encore plus petits, les capillaires.
C’est au niveau du réseau des capillaires (que l’on retrouve partout dans les tissus et les organes) que l’échange des gaz et des matières nutritives se produit. Toutes les cellules de l’organisme sont concernées pour leur fourniture en nutriments et oxygène. En même temps que le prélèvement d’oxygène et de nutriments se produit une arrivée de déchets et d’acide carbonique; le sang devient de plus en plus foncé, c’est la transformation en sang veineux. Ensuite, les vaisseaux capillaires se réunissent à nouveau pour former une veinule Plusieurs veinules se rassemblent en une plus grosse veine et ainsi de suite jusqu’à finalement amener à la partie droite du cœur le sang vicié. De là le sang impur est envoyé dans les poumons dans lesquels le sang se charge d’oxygène.
Des poumons, le sang revient purifié dans le côté gauche du cœur et la boucle est fermée. Il est intéressant de noter l’importance de l’étendue du réseau des vaisseaux sanguins au niveau de la peau.
Lors de la régulation de la température corporelle chez les oiseaux et les mammifères, ces vaisseaux sanguins de la peau jouent un rôle primordial.
Lorsqu’ils se dilatent (par fortes chaleurs), ils véhiculent beaucoup de sang et une perte de chaleur importante via la peau est possible, au contraire, lorsqu’ils se contractent (par temps froid), il y a une diminution du courant sanguin et la perte de chaleur est donc minimale (la part de ce mécanisme dans l’épargne de chaleur est de 10 à 15 %). Les vaisseaux sanguins des oiseaux et des mammifères présentent également un autre aspect particulier: artères et veines sont situées si près les unes des autres qu’elles se touchent. Le sang artériel venant de l’intérieur du corps et coulant vers l’extrémité des membres est chaud, alors que le sang veineux parcourant le chemin en sang inverse est beaucoup plus froid.
Il se produit ainsi un échange inverse de chaleur: le sang artériel se refroidit au fur et à mesure qu’il s’approche des extrémités. Il cède sa chaleur au sang veineux qui se réchauffe au fur et à mesure qu’il pénètre à l’intérieur du corps.
Cela a pour conséquence que la température de la peau des pattes est peu élevée, ce qui signifie ainsi une diminution sensible des pertes caloriques dans un environnement froid (c’est donc de nouveau un mécanisme d’épargne de la chaleur). Chez certains oiseaux (par ex. hérons, flamants et surtout les oiseaux artiques), cette possibilité est si développée que l’extrémité des pattes se retrouve à la température de 0° C lorsqu’ils courent sur de la glace ou pataugent dans un mélange » d’eau et de glace fondante.
Les pertes de chaleur sont donc réduites à leur strict minimum.
Bien que chez le poulet, le pigeon (et également chez l’homme) ce mécanisme ne soit pas aussi parfait. il permet une meilleure conservation de la chaleur et donne une explication à la constatation journalière que l’extrémité des membres peut supporter des baisses de température plus importantes que les autres parties du corps.
Ces dernières ne supporteraient pas un tel refroidissement.
Et sans affirmer que les pigeons puissent courir pendant des heures sur la glace, il est clair qu’ils peuvent facilement supporter une certaine froidure au niveau des pattes. De même, cela est dénué de sens de choisir des nids en bois plutôt qu’en terre cuite uniquement parce que les premiers tiendraient plus au chaud les pattes des pigeons.
Il existe encore une autre structure très particulière dans le pied des oiseaux.
A côté de la transformation classique du système artériel en système veineux via le réseau des vaisseaux capillaires, il existe un système de liaison transversale entre l’artère et la veine (appelé anastomose, shunt ou by-pass).
A certains endroits de la liaison transversale se trouvent des petits muscles circulaires (muscles obturateurs) qui permettent ou arrêtent la circulation du sang par ces liaisons transversales. Ainsi le sang passe soit directement par la liaison soit par le réseau de capillaires. Ce mécanisme évite aux pattes de geler lorsqu’elles se trouvent dans un environnement externe dont la température est inférieure à 0° C.

 

En effet, périodiquement, les anastomoses artère-veine s’ouvrent, permettant chaque fois le passage d’une plus grande quantité que sang chaud.
Les pattes peuvent également se retrouver dans la situation inverse, par exemple lorsque la température du corps menace de s’élever trop. Toute une série de réactions doivent se mettre en branle pour faire obstacle à cette élévation car au-dessus de 43° C il y a danger de mort.
Pour assurer le refroidissement du corps. l’oiseau ne peut pas faire appel à la transpiration car les oiseaux ne possèdent pas de glandes sudoripares.
Seul l’appareil respiratoire est capable de transformer pas mal d’eau en vapeur. Récemment il a été démontré que ce mécanisme ne constituait pas le plus important des systèmes de refroidissement. La perte de chaleur via la peau est beaucoup plus importante et ceci à cause de la dilatation des vaisseaux sanguins de la peau (vasodilatation) principalement au niveau de la face inférieure des ailes, de la poitrine et des pattes (voir plus haut). En ce qui concerne ces dernières, il faut prendre en considération la partie qui n’est pas recouverte pas les plumes, donc la partie tars métatarsienne, le pied et les orteils. En cas dé surchauffe. la liaison directe artère-veine (dont on a déjà parlé plus haut) joue également un rôle: elle permet au courant sanguin au niveau de la peau, et donc à l’évacuation de la chaleur, d’être plus important que par le réseau sanguin normal des i capillaires. Lors du vol. ce double mécanisme est à même d’assurer l’évacuation d’un tiers du total de la production de la chaleur. Martineau et Larochelle (1988) parlent même de 50 %. Cette constations apparaît encore plus remarquable si on considère que la superficie de la peau des pattes s’élève seulement à 7 % du total de la surface de la peau.
Je voudrais ajouter un commentaire à propos des « pattes chaudes » chez le pigeon: bien que leur température soit de 3 à 4 °C inférieure à la température corporelle, elles nous paraissent encore chaudes.
Il n’y a pas mal de colombophiles qui sont persuadés que c’est un signe de grande forme.
Je n’y ai jamais par contre ‘accordé la moindre importance car je ne crois pas que cela soit un indicateur fiable.
C’est juste un signe de vasodilatation au niveau des pattes.
Cet état particulier peut se produire simplement parce que les pigeons se retrouvent accroupis dans le panier pendant le transport jusqu’au local d’enlogement et n’a donc rien à voir avec la condition.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]

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