Les pigeons en volière
La liberté de pigeons comporte quelques risques. C’est pourquoi de plus en plus d’amateurs, lorsqu’ils ont trouvé le « couple de rêve » qui donne de bons jeunes, s’empressent de le mettre en volière. Ce couple y retrouve quelques pigeons achetés pipants ou adultes, provenant de colonies de grande valeur et pour lesquels on ne veut pas courir les risques de l’adduction. La claustration est donc complète.
Dans cette volière, qu’on veut la plus confortable possible, ces pigeons vont recevoir régulièrement tout ce que l’amateur considère comme indispensable à un bon rendement reproducteur. Il est indispensable que cette volière réponde aux conditions de vie convenables pour ses hôtes: éclairement, aération (les normes habituelles s’y appliquent comme au colombier: quelles que soient la température, la pluviosité, la force et la direction du vent, une fumée doit être immédiatement évacuée par le toit). C’est dire que même ouverte sur le devant, cette volière sera souvent insuffisamment aérée si on n’a pas ménagé des ouvertures à l’opposé: ondes des tôles, vasistas, grosses cheminées etc.
Ne pas oublier que la santé respiratoire y est à ce prix (surtout par grosses chaleurs), sans compter les coccidioses persistantes et coriaces avec leurs pipants maigres, mal emplumés et diarrhéiques. A l’étage, le sol y sera en bois, au sol il sera en béton de cendrée, c’est-à-dire que le béton de surface reposera sur 15 cm de mâchefer, qui isolera du sol de terre et amortira les variations de température, sources d’humidité passagère.
Bien sûr l’alimentation est l’objet de toutes les attentions. Non seulement le mélange est riche mais on apporte aussi verdures, grit, pierre à picorer, sel de cuisine etc. Et cela va très bien. Tout au moins pendant un certain temps. Tous ceux qui ont tenu des pigeons dans de telles conditions savent que les premiers déboirs apparaissent après 4 ans de volière, en particulier sur les femelles: ce sont évidemment elles qui exportent le plus, puisqu’elles pondent. Chaque année quelques amateurs me signalent que leurs pigeons, en particulier au moment de l’élevage, se précipitent au champ dès la trappe ouverte et cela malgré grit, pierre à picorer, verdure, vitamines, voire pain trempé dans du lait, légumes déshydratés etc. etc. C’est dire qu’une carence (un manque) s’établit très vite dans un organisme, puisque ces pigeons non seulement reçoivent toutes sortes de compléments au colombier, mais encore peuvent chaque jour, pendant leur temps de liberté, aller au champ compenser leurs déficits éventuels.
En volière, c’est donc bien pire. Les pigeons qui se précipitent au champ sont généralement guéris par l’apport de sel de cuisine (une cuir. à café par litre d’eau pendant 3-4 heures puis adjonction dans le grit à 10-15 g par kilo), de levures de bière (acides aminés vitamines B), de farine de poisson (protéines animales) et surtout oligoéléments (électrolytes).
Les femelles qui présentent des troubles après 4-5 ans de volière, présentent dans leur énorme majorité des accidents de ponte: parésie de l’oviducte provoquant un arrêt de l’oeuf dans le canal ou ponte abdominale, de toute façon suivie d’une péritonite mortelle et si elle s’en sort grâce à un traitement suffisamment précoce, stérilité définitive dans la plupart des cas.
Pourquoi ces accidents?
Le grit et les minéraux classiques apportent habituellement le phosphore (l’apport de celui des graines, « phytine » doit y être ajouté) et le calcium nécessaire. N’oublions pas, au passage, le rôle primordial du soleil, et de la vitamine D3 (formée dans l’organisme grâce au soleil) au besoin apportée par des cures polyvitaminiques régulières (1 jour par semaine) et de la vitamine A dans l’assimilation et l’utilisation de ces 2 minéraux dans l’organisme. Mais ce ne sont pas les 2 seuls minéraux nécessaires: magnésium et manganèse jouent un très grand rôle dans les processus de formation de l’oeuf et de l’embryon. Leur apport par la seule ration est mal connu, de toute façon très variable. A ces deux minéraux, il faut ajouter ce qu’on nomme les « oligoéléments ». Tous n’interviennent pas directement dans les processus de reproduction mais par exemple le zinc, le cobalt, le cuivre, évidemment à des doses très faibles (de l’ordre du dixième de milligramme) conditionnent le tonus de l’appareil digestif, celui de l’embryon, la qualité de la coquille etc. etc. On voit donc que les apports de ces substances peuvent être un élément très important du bon rendement et de la longévité des reproducteurs tenus continuellement en volière. Certains de ces produits seront en permanence à disposition (levures, grit salé, pierre à picorer), d’autres feront l’objet de distributions passagères (oligoéléments tous les mois, verdure salée chaque semaine etc.).
Dr. J.P. Stosskopf
Notice:
S’il y a un endroit au monde où on a de l’expérience avec des pigeons qui vivent en volière, c’est bien la Station d’Élevage Natural. Elle existe 40 ans et abrite dans ses 50 volières de 25 mètres plus de 12.000 pigeons. Les femelles reproductrices, après cinq ans d’élevage, sont vendues et très rarement un problème de santé ou de ponte est signalé. Cela est dû au fait qu’elles vivent été comme hiver dans des volières bien exposées-sud-est, bien aérées, non surpeuplées et optimales au point de vue hygiène. Elles reçoivent une alimentation adéquate et complète et rarement des médicaments.
La vaccination contre la paramyxo et quelques traitements par an contre la trichomoniase suffisent pour les garder en bonne santé. Et s’il y a tout de même l’une ou l’autre femelles qui tombe malade, elle est tout simplement éliminée.
[ Source: Article édité par Dr. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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La période de veuvage chez les pigeons