Les Pigeons Volent Ils Tous A La Me Me Vitesse
13 avril 2020 Par admin

Les pigeons volent-ils tous à la même Vitesse ?

Les Pigeons Volent Ils Tous A La Me Me Vitesse

Déjà petit garçon, je m’intéressais aux pigeons: mon père était un joueur talentueux.
Cependant mon intérêt était assez passif: je guettais les pigeons, reportais les constateurs et aidais à l’enlogement… J’allais de temps en temps au pigeonnier pour satisfaire ma curiosité mais je ne prenais aucun pigeon en main. C’est beaucoup plus tard que je suis devenu actif avec les pigeons. Quelques années après avoir terminé mes études, j’ai eu envie de faire quelques recherches sur les pigeons.
Au début, ce fut pour moi un moyen de me faire une idée sur les maladies influençant les prestations des pigeons.
Ce n’était pas de la petite bière, car il faut s’imaginer qu’à cette époque on était totalement ignorant sur le sujet.
Mes recherches progressaient lentement: trop peu de place pour tenir des animaux d’expérience et trop de travail académique à l’Université. J’ai fait de réels progrès dès 1950 quand j’ai eu l’occasion d’installer un petit colombier (avec 8 casiers de veufs et de la place pour une dizaine de jeunes) dans mon
arrière-cour. C’est ainsi que j’ai appris le  » métier « : soigner les pigeons, les jouer et faire quelques essais. J’ai commencé avec des jeunes pigeons provenant d’un peu partout (de mon père et de quelques amis).
Après les entraînements et la sélection, il me restait de quoi former huit couples pour passer l’hiver. C’est à partir de ce moment que je me suis intéressé aux journaux colombophiles.
J’ai eu l’occasion de lire les nombreuses théories qui étaient en vogue à l’époque. Une de celles-ci sert de titre à cet article.
Quel est celui qui a lancé cette théorie pour la première fois?
Je ne saurais le dire, mais un de ses plus fervents adeptes était le pharmacien français Pierre Dordin, un des bons joueurs de fond de cette époque.
Dordin qui habitait la région d’Arras trouvait qu’il y avait des injustices dans la façon de procéder au classement sur base de la vitesse/minute (actuellement c’est toujours cette manière de faire qui est pratiquée).
La distance en droite ligne entre le colombier et le lieu du lâcher est divisée par le temps de vol.
Dordin chercha à mettre en évidence les avantages et les inconvénients de cette façon de calculer en fonction des régions participantes aux concours.
Fort de cette idée, il a fait procéder à des concours avec des lâchers à différents endroits du Sud de la France: Morcenx (distance de Lille: 800 km), Angoulême et Libourne.
C’était dans les années 50, 51 et 52. Dordin pensait que les pigeons ne volaient pas en droite ligne vers leur colombier mais obliquaient vers l’est ou vers l’ouest. Donc, il fallait effectuer des corrections suivant la distance. Il pensait que les « premiers » de chaque région étaient capables de voler à la même vitesse et que le retard pris par certains dans différentes régions était dû à la trajectoire courbe de la ligne de vol suivie.
Selon lui, les premiers constatés des différentes régions devaient donc être « ramenés » à un même niveau de constatation. Je ne peux pas être d’accord avec pareille théorie. Cela n’est pas justifié puisque personne ne connaît le chemin réellement suivi par les pigeons, de même que les différents facteurs météorologiques intervenant pendant le retour (principalement le vent) et les effets qu’ils produisent. Ce n’est donc pas étonnant que P. Dordin ne put convaincre personne du bienfondé de ses affirmations.
Il est tout à fait impossible de corriger toutes les « injustices ».
Il faut avoir assez de sportivité pour accepter cela. D’autant plus que les colombiers « avantagés » ne sont pas toujours les mêmes.
Plus tard, d’autres chroniqueurs ont critiqué également ce système de classement et certains ont même proposé des corrections.
Une démonstration sérieuse n’a jamais pu être fournie. Depuis quelques années on en entend moins parler, cependant ce problème refait de temps en temps surface.
Ainsi l’affirmation suivant laquelle pour un même concours tous les pigeons volent pratiquement à la même vitesse. Le premier prix est alors remporté par le pigeon qui emprunte le chemin le plus court et perd donc le moins de temps en vol.
Il s’agirait donc de concours d’orientation plutôt que de vitesse. Avec cela non plus je ne suis pas d’accord: un bon système d’orientation est certainement très important mais il y a également des différences dans la vitesse de base et même de très grandes variations entre les pigeons. N’importe quel colombophile ayant quelques années de pratique a déjà eu l’occasion d’en faire la constatation.
Je désire cependant étayer mon opinion avec quelques exemples marquants. Pour cela, je me situe dans les années 30-35. Papa avait une colonie de pigeons qui marchait très bien en demi-fond et fond (avec le recul, je peux dire que l’élevage était un peu trop consanguin). Pour les concours de vitesse, nous utilisions 2 pigeons d’une autre origine que notre propre souche de fond. L’un des deux a raté pas mal de victoires car c’était un mauvais rentreur. L’autre, notre Jacobs, a remporté consécutivement pendant 3 à 4 ans lors des premiers concours de la saison des victoires avec 5 à 8 minutes d’avance sur des concours comme St Quentin (120 km) ou Noyon (165 km). Pourtant, ces deux pigeons de vitesse étaient particulièrement limités par leur condition physique: ils étaient complètement » éteints » après 200 km. Cependant leur vitesse élevée dans ces concours ne correspondait pas avec un quelconque avantage dans la situation du colombier.
Au contraire, papa se trouvait dans une position extrêmement défavorable. En tant que « veuvagiste », il était exclu de sa société et de toutes les autres des environs. Il devait donc aller enloger ses pigeons, tout seul, dans un local distant de 15 à 30 km. Voici un autre exemple en rapport avec le premier. Pour cela je reviens au début de mes expériences colombophiles, lorsque je possédais quelques pigeons de mon père et quelques pigeons d’origines diverses.
L’un d’eux était manifestement plus rapide que les autres: il avait remporté de nombreuses fois le 2ème prix sur Breteuil (180 km) mais jamais un premier. Cela était sans doute en partie de ma faute et également à cause des mauvaises conditions topographiques de rentrée dans mon petit colombier. Par contre, les pigeons de mon père devaient être joués sur des distances plus longues. Le plus beau résultat que j’ai remporté avec ces derniers fut sur Tours.
Ce concours particulièrement dur se déroulait au milieu de l’été avec environ 1 000 participants.
J’ai constaté mes 4 enlogés en moins de deux minutes et remporté quatre prix par vingt. A première vue, ce résultat me paraissait être une très bonne prestation, mais très rapidement je me rendis compte que mes pigeons n’avaient pas été capables de voler à la même vitesse que les premiers du classement; ils étaient en très grande forme et malgré cela arrivèrent sur cette distance appréciable, 15 à 20 minutes après les premiers constatés.
En fait, ils n’étaient pas capables de mieux. Ils étaient certainement restés dans leur ligne et il ne fallait pas chercher une excuse dans une situation défavorable.
D’autant plus que le rayon de participation était fort limité, avec Gand comme point central.
Un dernier exemple, peut-être encore plus frappant, est celui du comportement de 2 de mes pigeons (Colombier De Raedt-Van Grembergen. Les lecteurs les plus âgés se souviennent certainement de notre fameux Barcelone II. Ce pigeon, né en 1958, remporta entre autres en 1962 le 2ème prix international de Barcelone, en 63 le 15ème international de St Vincent et en 64 de nouveau le 1er international de Barcelone avec plus de 2 heures d’avance. C’était un pigeon spécial car il fut notre seul pigeon à n’avoir jamais raté son prix d’Arras (105 km) à Barcelone (1 080 km). Il faut ajouter que sur les courtes distances, il ne emportait qu’un petit prix: il n’était pas capable de rivaliser avec les sprinters. Mais plus le voyage était long et difficile, plus il venait en tête. Il jouissait certainement d’un sens d’orientation parfait et d’une énorme résistance physique.
Il était excellent dans des conditions de vol défavorables mais sa vitesse de base était réellement limitée. D’un autre côté, son petit-fils, notre « 016 » de 71 (e.a. vainqueur de la Coupe du Roi en 75), fut un des meilleurs pigeons que nous n’ayons jamais eus. Si ce dernier a parfois raté un concours de vitesse sur une courte distance, il avait hérité de son grand-père l’extrême endurance physique. Sa vitesse de base très élevée lui a permis de voler la tête dans des concours de toutes les distances de 180 à 900 km. Les pigeons capables de faire cela sont extrêmement rares.
Ma conclusion sera que le déroulement des concours est assez complexe, mais fait appel principalement à un bon sens de l’orientation et à une vitesse de base élevée. Il est tout à fait faux d’affirmer que les pigeons volent à la même vitesse. Certains ne sont pas capables de remporter des prix sur des distances courtes et la plupart ne le sont pas sur des longues distances (même s’ils jouissent d’une bonne orientation).
Les pigeons capables de voler victorieusement toutes les étapes de la ligne de vol sont aussi rares que les lièvres blancs.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]

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