Les Pigeons Voyageurs Et L 039 Ail
26 janvier 2023 Par admin

Les pigeons voyageurs et l’ail

les pigeons voyageurs et l 039 ail

L’usage ancestral. Tous les colombophiles et les amoureux des pigeons ont déjà entendu parler des vertus de l’ail et certains en sont des partisans farouches alors que d’autres ne veulent pas en entendre parler. Dès lors, l’ail : fiction ou réalité? Plante de la famille des liliacées, couramment cultivée dans nos régions, son bulbe formé de gousses est utilisé comme condiment alimentaire.
L’ail a toujours fasciné l’homme et l’histoire apporte de nombreux témoignages à ce sujet. Ainsi, déjà les pharaons égyptiens se faisaient ensevelir avec des sculptures d’ail et d’oignon. Au cours des siècles, l’ail fut souvent conseillé pour ses vertus thérapeutiques. Un papyrus égyptien médical (1550 av. J.C.) cite 22 propriétés de l’ail; Hippocrate (médecin grec, 460-377 av. J.C.) et Aristote (philosophe grec, 384-322 av. J.C.) recommandaient l’ail pour ses vertus médicales.
La pharmacie populaire lui trouve de nombreux usages. Parmi ces usages ancestraux, nous avons noté que pour la désinfection des locaux, il était conseillé de brûler des tiges d’ail avec du poivre de Cayenne. Baltazar Francisco Ramirez (1629) le recommandait, associé à l’absinthe et à la tanaisie, comme vermifuge. En médecine vétérinaire, l’ail pilé entrait dans la composition d’un mélange pour traiter la syngamose (vers dans la trachée) des oiseaux.
En médecine humaine, on constate dans les anciens écrits que l’ail est conseillé comme stimulant des fonctions gastriques, comme antiseptique et anti-diarrhéique dans les entérites et enfin comme vermifuge (lavement anthelmintique). Il est également proposé dans certaines affections pulmonaires chroniques et contre l’hypertension.

Propriétés antimicrobiennes.
C’est en 1885 que Pasteur fit l’observation des propriétés bactéricides de l’ail. C’est donc logique que les chimistes se soient beaucoup intéressés à l’ail. Ils y ont d’ailleurs découvert de nombreux composés volatiles renfermant des atomes de soufre. Par la suite, les travaux de Cavallito et Bailey (1944) ont montré que l’activité antimicrobienne de l’ail est due principale-ment à l’allicine. Des expériences réalisées par ces auteurs et confirmées par d’autres, ont montré que l’allicine possède une activité « antibiotique » vis-à-vis d’une multitude de bactéries (Escherichia coli, Salmonella, Staphylococcus…).

Autres propriétés de l’ail
Des recherches faites sur le rat indiquent que l’incorporation modérée d’ail dans la ration favorise la flore lactique intestinale, ce qui à un effet bénéfique sur l’assimilation de certains nutriments de la ration. Satoh, en 1952, note chez l’homme une augmentation de la synthèse intestinale de vitamine B1 suite à l’administration d’ail et Yurigi (1954) montre que l’allithiamine (résultat de la réaction de la vitamine B1 avec l’allicine) est absorbée plus rapidement par l’intestin que la vitamine B1 elle-même. A. Dey et A.R. Samantha ont montré que l’incorporation d’ail dans la ration de poulets à l’engraissement exerçait un effet positif sur la croissance. Cet effet était comparable à celui obtenu avec d’autres facteurs de croissance conventionnels (antibiotiques). Ces auteurs suggèrent que l’allicine de l’ail serait responsable de cette action bénéfique en inhibant la croissance de bactéries pathogènes, par exemple E. coll. Les mêmes constatations ont été faites par Jagdish-Prasad et Pandey en 1994. D’après le Professeur Loïc Girre (Faculté de Pharmacie, Université de Rennes), l’ail est l’une des plantes douées de nombreuses propriétés vérifiées expérimentalement.
Chez l’homme, c’est un anti-hypertenseur, il freine l’agrégation des plaquettes sanguines et peut donc être utilisé dans la prévention des thromboses. Ces propriétés sont associées à une activité hypocholestérolémiante (baisse du taux de cholestérol) et à une dilatation des vaisseaux coronariens pouvant avoir un intérêt dans la prévention de la sclérose cérébrale et de l’infarctus du myocarde. C’est aussi un hypoglycémiant et un antiseptique pulmonaire à condition d’en absorber suffisamment pour arriver à la concentration sanguine efficace et dans ce cas l’haleine a une forte odeur d’ail.

Utilité de l’ail chez le pigeon
Il y a tout d’abord les propriétés vermifuges de l’ail qui pourraient être intéressantes mais la littérature ancienne parle de lavements anthelmintiques, ce qui est déjà beaucoup plus difficile à appliquer.
Personnellement, j’ai constaté que l’administration d’éclats d’ail (± la taille d’une féverole moyenne), donnés directement dans le bec n’ont pas d’effet curatif sur les vers capillaires ou ascaris du pigeon. Donc, à ce niveau, il ne faut pas se bercer d’illusions et il faut avoir recours à un vermifuge classique. D’un point de vue alimentaire, l’ail contient également de nombreuses molécules soufrées ; or l’on sait que le soufre est un élément important de la plume. C’est peut-être une des raisons supplémentaires pour laquelle les pigeons, recevant régulièrement des produits à base d’ail, ont un plumage de qualité. L’ail contient également du sélénium, c’est un nutriment essentiel dont la carence entraîne une baisse des défenses immunitaires. Mais c’est plutôt l’action « antibiotique » sur l’appareil digestif ou respiratoire qui est intéressante pour les pigeons.
Je me souviens avec nostalgie des années 60. Jeune amateur de pigeons, je me rappelle avoir vu souvent mon grand-père mettre un éclat d’ail pendant un jour ou deux directement dans le bec d’un pigeon qui ne lui paraissait pas en bonne santé. Je ne me souviens plus très bien des résultats obtenus … D’autant plus que l’ail à forte dose est irritant pour le tube digestif. Cependant, ces propriétés « antibiotiques » sont très faciles à vérifier au laboratoire, en mettant en contact les microbes avec du jus d’ail frais.
Je dois dire que j’ai observé que la plupart des germes compliquants du coryza y étaient sensibles.
Pour le colombophile, la question est donc simple.

Comment faire bénéficier les pigeons de cette propriété?
D’après E. Block, les composés soufrés extraits de l’ail diffèrent selon les modes d’extraction; c’est à température ambiante avec de l’alcool éthylique que nous avons le plus de chances d’extraire l’allicine.
Il faut cependant savoir que l’allicine ne commence à se former dans le bulbe par réaction enzymatique que lorsque celui-ci est découpé ou écrasé. L’enzyme responsable de la formation d’allicine est détruite en milieu acide, donc le sera également en présence des sucs digestifs du gésier. De plus certains traitements de l’ail peuvent influencer ses propriétés. Ainsi, le séchage au soleil provoque une perte en composés sulfurés et une diminution de l’activité antimicrobienne. Des études ont montré que la conservation à température de 0 à 2° C était la plus favorable pour conserver l’activité antibactérienne qui diminue proportionnellement avec l’augmentation de la température de conservation. A ce propos, la poudre d’ail inodore est obtenue par inactivation thermique de l’enzyme (responsable de la formation de l’allicine) avant déshydratation.

La recette
Le meilleur moyen d’obtenir de l’allicine à partir de l’ail est de mixer 5 g. de gousses d’ail épluchées avec ± 30 mi d’eau bouillie refroidie et de laisser reposer 20 minutes à température ambiante pour favoriser la formation enzymatique d’allicine. Ensuite ajouter 45 ml d’alcool éthylique absolu et filtrer la préparation.
Conserver au frais.
Il faut servir aux pigeons 20 à 30 gouttes de cette solution d’ail par litre d’eau de boisson.
Ici le colombophile doit surveiller les fientes, et adapter la dose : diminuer la posologie si les fientes deviennent moins consistantes car comme je l’ai déjà signalé, l’excès d’ail est irritant pour les muqueuses intestinales. En effet, selon les différentes variétés d’ail, la teneur en principes actifs est variable de 0,12 à 0,53 %.Plutôt que de traiter préventivement avec un antibiotique inadapté, cette cure « nature » peut être servie avant le début de la saison sportive, si les gorges paraissent rouges ou si les caroncules et le tour des yeux ne sont pas bien blancs.
Par contre, si aucune amélioration n’est constatée, il faut consulter le plus vite possible un vétérinaire qui pourra prescrire le traitement adéquat.

Ing. J.P. Duchatel


Notice:

L’ail est une plante connue pour ses propriétés curatives exceptionnelles. Ainsi l’ail a entre autres une activité anti-microbienne due principalement à l’allicine qui possède une activité « Antibiotique » vis-à-vis d’une multidude de bactéries comme E. coli, salmonella, staphylococcus etc. D’un point de vue alimentaire, l’ail contient également de nombreuses molécules soufrées et conditionne donc la formation et la qualité du plumage.


[ Source: Article édité par Ing. J.P. Duchatel – Revue PIGEON RIT ]

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