Les soins des pigeons en période de repos
Débutant:
Je dois t’avouer que je perds la tête lorsqu’on lit comment certains grands champions, comme p. ex. André Roodhooft, Jef Van Riel ou Ernest Duray se contredisent au sujet de la conduite des pigeons pendant la période de repos.
Pour André Roodhooft « le pigeon peut, ou mieux dit, doit être en condition optimale toute l’année. »
Pour Jef Van Riel les pigeons doivent « souffrir » en hiver. Pour Ernest Duray en hiver, les pigeons doivent connaître une certaine léthargie, c.-à-d. une période pendant laquelle les organes de la vie sont dans un repos complet. Et pour Pol Bostijn, l’homme qui connaissait beaucoup de secrets de la nature: le pigeon devait traverser un sommeil hivernal, car, disait-il, dans la nature ce qui dort le plus longtemps pendant l’hiver, se réveille avec la plus grande vitalité. Or, personne n’a remporté autant de succès dans les grands concours de fond de l’été que Pol Bostijn.
Jef Van Riel, Ernest Duray et André Roodhooft doivent avoir raison, eux aussi, puisque leurs succès le prouvent. Et toi, ne perds-tu pas la tête dans tout cela? Surtout lorsqu’on lit ce qu’André Roodhooft pense au sujet du repos hivernal, puisqu’il prétend que le pigeon doit être en condition optimale toute l’année!
Victor:
Entendons-nous bien, cher ami. Tu sais que Platon, cet incomparable génie grec, se méfiait des mots, et laissa souvent à Socrate le soin de creuser et d’analyser ses idées dans certains dialogues célèbres. Je suis un peu dans le même cas lorsqu’il s’agit d’analyser la signification des mots « forme », « grande forme », « santé », « sur-santé » et « condition »! Commençons par ce dernier mot « condition », comme le préconise pour les pigeons, André Roodhooft, « condition optimale ». Pour moi, « condition optimale » signifie, et c’est certainement aussi l’idée d’André, « l’état idéal » du pigeon, p. ex. en hiver, pour que le rendement sportif en été soit optimal. Or cet état optimal est sans aucun doute un état de repos.
Débutant:
Cela correspond, en d’autres mots, à ce que Ernest Duray ou Pol Bostijn préconisent. Le premier l’énonce par le mot « léthargie », le second par le mot « sommeil »!
Ai-je bien compris?
Victor:
Tout à fait, et c’est également mon idée.
Débutant:
Mais ce qui m’intéresse est de savoir ce que le colombophile doit faire pour obtenir et favoriser cet état de repos.
Victor:
Ernest Duray disait volontiers que la poule pond par le bec! Cela veut dire que la nutrition conditionne le « rendement ».
Tout l’art du colombophile consiste, dans ce domaine, à savoir nourrir ses pigeons d’après le rendement qu’on leur demande. Or, comme la dépense physique est quasi nulle pour le pigeon après la mue, il est fautif de continuer à le nourrir « richement ». Je crois que tu comprends ce mot.
Il faut donc servir une nourriture abondante mais pauvre en protéines (la nourriture du muscle) pour ne pas fatiguer son organisme, alors qu’il ne peut dépenser l’énergie que lui-donnerait un colombophile irréfléchi.
Débutant:
Le système d’André Roodhooft est donc excellent pour avoir ses pigeons en « condition optimale » en hiver. Car son système, en nourrissant, comme il le dit, ses pigeons par un mélange dépuratif où le dernier grain d’orge doit être mangé chaque jour, rejoint donc ton idée.
Victor:
Cela est exact, mais fais bien attention. En hiver le pigeon ne mange pas autant tous les jours. Il règle son appétit d’après les calories dont il a besoin, et cela d’après la température du colombier. D’autre part les pigeons qui volent peu ou pas en hiver mangeront moins que ceux qui tous les jours font la volée. Cette constatation nous oblige à conclure que le pigeon sait exactement ce dont il a besoin dans des circonstances différentes pour conserver son équilibre.
Débutant:
Mais si le pigeon n’a pas l’occasion de voler pendant la période morte de l’hiver, ne court-il pas le risque de prendre beaucoup de graisse, malgré une nourriture pauvre en protéines? Car ce ne sont pas les protéines qui engraissent les pigeons, comme p. ex. les pois et les féveroles, mais bien le maïs, le froment, le dari etc. sans parler des graines oléagineuses comme le tournesol, le colza, la graine de lin, très riches en graisses. Or, la graisse n’est-elle pas comme on dit souvent, l’ennemi n° 1 du pigeon? Alors, quoi faire? Cela me paraît très compliqué!
Victor:
Cela ne pose aucun problème, pour la simple raison qu’en hiver un peu de graisse ne fait aucun tort au pigeon puisqu’il ne participera pas aux concours avant plusieurs semaines. D’ailleurs je te conseille d’ajouter à un litre de boisson une petite cuillerée à soupe de sulfate de soude pendant.deux ou trois jours, et de diminuer la ration et de nourrir avec un mélange léger une dizaine de jours avant les accouplements.
Débutant:
Oui, mais beaucoup de colombophiles accouplent début décembre pour élever des jeunes précoces. Ils les découplent donc en janvier après l’élevage d’une tournée de jeunes. Quoi faire alors?
Victor:
Ces colombophiles réaccouplent généralement leurs pigeons début avril. Il faudra, pour ceux-ci, faire doublement attention. Il faudra absolument calmer très fort ces pigeons en février, mars. Sinon, on risque d’avoir des pigeons en grande forme très très tôt, mais une forme de courte durée.
Débutant:
Car tu crois que la « grande » forme ne dure pas longtemps.
Victor:
Oui, je le pense. Et Jef Van Riel ce légendaire champion de l’après guerre, me disait: Noël, pour avoir des pigeons en grande forme toute la saison, il faut deux colombiers différents, car le colombier et la nourriture conditionnent la grande forme. Impossible de la faire durer trois mois dans le même colombier… Ernest Duray disait que la poule pond par le bec, et j’y ajouterai que c’est le colombier qui fait la différence entre la forme et la grande forme!
Noël De Scheemaecker.
Notice:
- Tout l’art du colombophile consiste à savoir nourrir ses pigeons d’après les efforts qu’il exige ou attend d’eux. Un pigeon au repos doit être nourri différemment d’un pigeon qui mue ou élève ou doit partir en voyage. L’amateur qui en tient compte au moment de nourrir aura en fait toute l’année durant des pigeons en une « condition optimale ».
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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