Les sursauts de la paramyxovirose du pigeon
Chaque amateur sait que la paramyxovirose est toujours présente. Si l’hiver voit régulièrement sa quasi-disparition, on signale de nouveaux cas dès mars-avril, peu nombreux certes, mais qui devraient suffire à tenir les autres amateurs en alerte… Si les amateurs victimes du mal avaient le courage et l’intelligence de parler… La saison des vieux ne connaît pas de multiplication des cas. Certainement parce qu’une majorité est vaccinée et que ce n’est qu’en fin de saison que le « terrain organique » devient favorable d’une part, et que beaucoup de pigeonneaux une grosse majorité même n’est pas vaccinée, d’autre part. L’affaiblissement du terrain organique est à base de fatigue, et de ses causes physiologiques: carences vitaminiques, carences en oligo-éléments, carences en certains acides aminés essentiels. C’est dire l’intérêt préventif de l’administration régulière d’un complexe polyvitaminé, d’un complexe d’oligo-éléments, auxquels seront adjoints des compléments alimentaires à base de levures, d’extraits organiques de viande, de poisson, ou d’acides aminés purs. Rappelons que nous avons alors également une bonne prévention des poquettes. Cet affaiblissement touche peu à peu également les pigeonneaux quand ils sont à la peine depuis un bon moment; c’est-à-dire fin juillet, courant d’août selon les cas. Notons au passage que si la cortisone, en agissant sur le métabolisme des glucides, diminue la fatigabilité, c’est au détriment de la résistance à la maladie (entre autres effets secondaires néfastes). Notons aussi que la vaccination d’urgence de ces pigeonneaux sous cortisone sera sans effet, la cortisone s’opposant à la formation des anticorps, agents de la protection vaccinale. Les pigeonneaux non vaccinés (depuis leur sevrage) joués à fond sont donc des victimes toutes désignées pour la paramyxovirose de fin d’été.
La contamination se fait au panier et j’ai vu vingt ou trente amateurs me téléphoner, de la même région, me disant « cela a pris 3 jours après le retour de tel (même) concours. » Bien sûr, si le concours a été retardé la contamination s’est faite encore plus facilement: graines dans la litière (donc les fientes), abreuvoirs communs pendant 24h de plus. Les premiers symptômes apparaissent vite: 2 – 3 jours maximum. Torpeur, appétit faible diarrhée inondante. De temps en temps, on voit d’abord des phénomènes nerveux, légers le plus souvent: le pigeonneau tourne la tête vers le haut, comme s’il avait repéré un rapace. Ou bien, en mangeant, il tape à côté de la graine choisie.
A noter qu’il n’y a jamais en même temps, sur le même pigeon, diarrhée et phénomènes nerveux. Mais ces symptômes peuvent apparaître à la suite l’un de l’autre: la diarrhée semble guérie et des phénomènes nerveux torticolis, troubles de la vue) apparaissent. L’attitude de l’amateur dépendra de l’ampleur des premiers symptômes. Si la moitié des pigeonneaux présente d’emblée des symptômes, toute séparation immédiate sera superflue. Sinon elle est très conseillée. Cependant, ce n’est pas en supprimant les malades immédiatement qui suffira à résoudre le problème. Notons également qu’après un temps variable, la guérison de 95 % des malades est de règle, même si l’affaire est particulièrement spectaculaire. Les amateurs qui annoncent « la moitié de morts » les ont, en fait tués. Bien sûr, l’amateur n’a que faire de soigner des inconnus. Mais ceux-là ne seront pas morts de la maladie. Par contre soigner un pigeonneau qui vient de montrer sa grande valeur est, dans 90 % des cas, un bon placement. Je me souviens par exemple d’un pigeonneau mâle qui avait tait 7 prix de tête, pris par la paramyxo en octobre avec un formidable torticolis, qui s’est remis après deux bons mois et a fait, malgré la persistance d’un léger tic de la tête, comme yearling, onze prix de douze engagements. Seuls quelques rares pigeons ont un torticolis tel qu’il leur est impossible de manger seuls. Alors, à l’amateur de décider.
Si le mal semble démarrer doucement, la vaccination ou plus exactement la « prémunition » au moyen d’un vaccin vivant s’impose immédiatement. Les heures comptent car dans ce type de protection acquise « la place est au premier occupant ». Seuls seront protégés les pigeons qui n’hébergeaient pas encore le virus maladie. C’est donc un virus sans danger, vivant (La souche virale « La Sota » ) qui occupe la place quand le virus maladie vient contaminer le pigeon. Ce vaccin La Sota n’est efficace qu’à la dose de 5 à 10 doses poussin par pigeon (ou même beaucoup plus, cela ne présente aucun danger), soit un flacon de 1.000 doseS poussin pour 100 à 200 pigeons. Si on en a moins, on mettra moins de solvant (eau distillée + un peu de lait). Les pigeons sont enfermés d’abord en paniers, puis le vaccin préparé et immédiatement instillé à chaque pigeon sous la forme de 2 gouttes par narine et une goutte par oeil. L’administration par l’eau de boisson n’a aucune valeur (le vaccin y meurt très vite). Le virus La Sota étant un « virus poule », ne vit que 3 à 4 semaines dans le pigeon. C’est dire que la protection -immédiate- sera de courte durée. Mais l’existence du virus dans le colombier peut induire une vaccination « sauvage » beaucoup plus valide. Cette vaccination en milieu contaminé sera complétée, les 2 jours suivants par l’administration de vitamines à très forte dose, puis par la distribution sur les graines de pansement intestinal (la poudre est fixée sur les graines préalablement légèrement huilées) pendant une huitaine de jours dans le but de limiter la diarrhée. Cette méthode simple donne de très bons résultats. S’il y a des phénomènes nerveux qu’on souhaite guérir, on continue l’administration de vitamines. Mais il faut s’armer de patience. Ces phénomènes s’estompent en quelques jours, mais souvent après une persistance de trois mois.
Tout cela serait sans intérêt, si les amateurs voulaient bien admettre qu’il faut vacciner. Cette vaccination, faite aux pigeonneaux dès le sevrage, par piqûre (sous cutanée ou intra-musculaire profonde quel que soit le vaccin) est parfaitement supportée, coûte 1 FB si on emploie les vaccins huileux parfaitement efficaces, protège à pratiquement 100 % au bout de 15 jours et pour au moins 6 mois, le plus souvent 9 à 10 mois. Alors! Sachant ce que nous savons sur cette maladie actuellement. quels arguments peut-on valablement (ah! les racontars) opposer?
Doct. Vét. J.P. Stosskopf
Notices :
- Le vaccin La Sota (très bon marché) n’est efficace qu’à la dose de 5 à 10 doses poussin par pigeon, soit un flacon de 1.000 doses poussin pour 100 à 200 pigeons. Il protège le pigeon endéans les 24 heures. Le vaccin préparé ( un flacon La Sota mélangé à 50 cc d’eau distillée) sera immédiatement instillé à chaque pigeon sous la forme de 2 gouttes par narine et une goutte par oeil. L’administration du La Sota par l’eau de boisson n’a aucune valeur.
- Les pigeonneaux qui sont joués à fond et qui n’ont jamais été vaccinés, sont des victimes toutes désignées pour la paramyxo qui refait bien souvent surface au mois d’août et septembre.
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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La paramyxovirose du pigeon – symptômes et traitements
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