Les tardifs – pigeon voyageur
Les rations élevage et mue apportent protéines, graisses en suffisance aux tardifs, mais la ration d’hiver, servie habituellement à partir du début décembre sera tout à fait insuffisante. Il en sera de même en ce qui concerne minéraux et complexes poly-vitaminés. C’est pourquoi il est toujours hautement recommandé de mettre ses tardifs dans un petit colombier à part, où ils pourront recevoir une ration de croissance complète quand le reste de la colonie sera au régime pauvre de l’hiver.
Un lecteur pose la question « Comment et, à quel moment entraîner l’année prochaine des pigeons de cette année (début juillet) à qui il restera 2-3-4 plumes à lâcher, donc des tardifs »!
Première réflexion, a priori: ce n’est pas la même chose d’avoir 4 plumes à lâcher, que de ne plus en avoir que 2. Les pigeonneaux qui restent sur 2 plumes, mueront comme des adultes. Ceux qui restent sur 4 mueront en même temps, en 2004, la 1ère et la 7ème rémige, donc auront 2 « trous » dans chaque aile pendant un temps certain.
Reprenons à son début, le problème des tardifs. Ils sont généralement issus de pigeons de haute qualité, souvent d’accouplements d’essai, avec des pigeons prêtés, ou de cadeaux entre amateurs. Leur croissance va se faire à la fin de l’été, à l’automne et pendant l’hiver. Les rations élevage et mue vont leur apporter protéines, graisses en suffisance, mais la ration d’hiver, servie habituellement à partir du début décembre sera tout à fait insuffisante. Il en sera de même en ce qui concerne minéraux et complexes poly-vitaminés. C’est pourquoi il est toujours hautement recommandé de mettre ses tardifs dans un petit colombier à part, où ils pourront recevoir une ration de croissance complète quand le reste de la colonie sera au régime pauvre de l’hiver. A la même époque, les couples d’éleveurs de jeunes précoces recevront cette même ration riche.
La mue dépendra, elle, des conditions atmosphériques de l’arrière saison. Si l’été se prolonge, si l’automne est doux, alors la mue continuera. Cela, on n’y peut rien. Peut-être le chauffage de ce petit colombier de tardifs permettrait-il que la mue des rémiges continue. De toute façon, la mue de corps se produira. Seuls, quelques extrêmes tardifs (de fin octobre – début novembre) y échapperont. La ration « mue » servie à cette époque conviendra parfaitement. En effet, la croissance suppose 15 à 16 % de protéines (soit 30 à 35 % de pois féveroles soja) et 5-6 % de graisses (mais, colza, tournesol etc.), minéraux (phosphore, calcium, magnésium, manganèse, oligo-éléments, sel de cuisine).
Il y a aussi le problème de la santé.
L’automne est souvent humide, favorisant les parasitismes. Il est donc indispensable d’assurer une bonne aération (les pigeons ne craignent pas le froid si la ration leur permet de lutter suffisamment), et de surveiller l’état de corps et la qualité des fientes. La fermeture des fenêtres et des bouches d’aération sous prétexte de lutte contre le froid serait l’assurance de problèmes respiratoires à court terme, assortis au besoin de coccidiose et de trichomonose.
Je vais étonner quelques-uns, mais si le temps le permet (ciel partiellement nuageux – temps calme – température d’au moins 8 à 10°C) rien ne s’oppose en novembre – décembre, à l’entraînement de pigeonneaux nés en juillet – août. J’ai ainsi entraîné, il y a une quinzaine d’années, jusqu’à 120 km dix-sept tardifs avec beaucoup de succès. Je n’en ai perdu que trois et l’année suivante, tous les rescapés ont repris la route sans incident et certains avec bonheur. Si cela se révèle possible, on a alors des itinéraires de retour calmes, sans bandes risquant de dévoyer ces débutants. Sans cela, l’entraînement des tardifs peut se faire dès le début de la saison sportive. Il est toujours souhaitable que ces inexpérimentés commencent leur carrière calmement, pour leur nichette, sans problèmes sexuels. Ce n’est qu’après quelques entraînements à bonne distance, par exemple jusqu’à 200 km, qu’ils pourront être accouplés à une vieille femelle de voyage. Ils tiendront alors le nid quand leur femelle – ou leur mâle naturel – sera parti, sans que le couple risque autant d’être déséquilibré donc perturbé sur le plan sportif si l’un des deux se perd ou rentre trop tard. Dès la mi-mai, début juin s’il reste célibataire, le tardif de juillet va reprendre sa mue à deux endroits, par exemple première – sixième rémiges vont tomber en même temps, et ainsi de suite jusqu’à la mue totale de l’aile. C’est dire qu’il sera difficile à exploiter. S’il est accouplé, on pourra à la rigueur le jouer sur un jeune quand les deux plumes de mue seront à longueur et que l’élevage du jeune empêchera les suivantes de tomber. Astuce possible, rajeunir le jeune en remplaçant l’un par un issu d’un autre nid et 8 jours plus jeune. On retarde ainsi la mue des rémiges suivantes de quelques jours.
Bien sûr, tout cela n’est que bricolage. Mais de nos jours il est indispensable de sélectionner le plus tôt possible et on ne peut admettre de conserver longtemps des inconnus. Et puis il en est des tardifs comme des pigeonneaux précoces. Si on attend trop, l’éducation de jeunes pigeons qui sont déjà très puissants, sexuellement formés, se révèle très délicate, entraînant des pertes anormalement élevées, des pigeonneaux étant signalés 100 ou 200 km plus loin que leur colombier. Je me souviens d’une magnifique tournée de tardifs chez mon maître C. G. Vanderlinden. Ils avaient 18 mois et n’avaient toujours pas connu le panier. « J’ai le temps, j’ai le temps », me dit-il. En avril ils prirent enfin la route et ce fut un désastre. A part un ou deux, après maintes tribulations, avec, en particulier, des rentrées anarchiques tout au long de la semaine, qui devinrent de bons pigeons, tous les autres se perdirent on ne donnèrent rien de bien. Croire qu’on élève que des bons est une douce utopie, quelle que soit la valeur de la colonie.
[ Source: Article édité par Dr. Vét. JP. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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