Lorientation du Pigeon Voyageur. Etat actuel des connaissances – 2
31 mai 2020 Par admin

L’orientation du Pigeon Voyageur. Etat actuel des connaissances – 2

Lorientation du Pigeon Voyageur. Etat actuel des connaissances – 2

2. La navigation magnétique.

Les lecteurs de « Pigeon Rit » se souviennent encore certainement des événements qui se produisirent aux alentours du 15 juin 1991, époque à laquelle avait lieu le concours national de Cahors.
Le monde colombophile belge était en émoi. Provenant de différentes directions le bruit se répandait qu’on allait au-devant d’un désastre pour les concours du week-end ; des perturbations magnétiques étaient annoncées, suite à une forte activité solaire. Les gens considèrent généralement que le sens d’orientation du pigeon repose sur l’utilisation du champ magnétique terrestre. Cependant, les faits se déroulèrent tout à fait différemment. Les 14 et 15 juin les valeurs de K, indiquant les perturbations du champ magnétique, étaient de 3 et 4.
Bien que ces valeurs correspondent à un champ magnétique perturbé à actif, le concours de Cahors connut un déroulement rapide. Ces événements furent pour moi l’occasion d’écrire l’article sur les perturbations magnétiques et l’orientation du pigeon voyageur (voir Pigeon Rit n° 6 avril 92). Dans cet article se trouvent toute, une série d’arguments qui mettent en doute la crédibilité de la théorie de l’orientation magnétique. Suite à cela, un chercheur allemand, effectuant des expériences sur le sujet, me montra du doigt et affirma que j’avais une « vision trop négative ».



Ma réponse sera simple. Ma prise de position était peut-être un peu téméraire puisque dans ce domaine, n’ayant jamais été scientifiquement impliqué, j’ai simplement essayé de donner à partir de trouvailles issues du monde scientifique, un compte-rendu compréhensible par le lecteur, et objectif. En effet, n’était pas trop enthousiasme par les résultats de mes recherches, ma vision des faits est peut-être beaucoup plus réaliste.
Il faut cependant avouer qu’en ce moment le plus grand chaos existe quant aux problèmes d’orientation, ce qui est également confirmé par les données publiés dans deux livres récents 1990-1992) : E. Gwinner (Ed Migration) et P. Berthold (Orientation in birds). Je devais d’ailleurs une fois de plus m’insurger contre l’absence de réactions du monde scientifique à encontre de certains résultats négatifs. C’est notamment le cas de la publication d:: Moore (en 1988 et mentionnée dans mon précédent article) contradictoire au travail de Keeton (1971) lui est à la base de l’hypothèse magnétique.
Il a fallu attendre 1991, jusqu’au moment où Piopi a mis sur le tapis pour la première fois la contradiction existant entre Keeton et Moore. Il y a aussi le travail de Brown, Lednor et Bernstein (1986) qui fait mention du plus grand désastre que la Fédération colombophile américaine ait probablement eu à. connaître à ce jour et cela malgré un champ magnétique particulièrement calme. Eh bien, c’est seulement en 1991 qu’il en sera fait mention pour la premier fois par Walcott.

De telles choses se passent, bien que ce soit une obligation essentielle du monde scientifique de mentionner tout ce qui paraît concernant le sujet que l’on étudie. Au contraire il faut constater que beaucoup de chercheurs se dénigrent. Beaucoup d’autres remarques me viennent à l’esprit :

1.- Souvent il n’est tenu aucun compte des autres facteurs que magnétique qui peuvent conduire à des catastrophes, comme par exemple, un vent de face violent, une température élevée de l’air provoquant l’épuisement des réserves et la déshydratation (recherches de Carr Switzer et Hollander de 1982)
2.- Selon les « partisans », les anomalies magnétiques constitueraient un sérieux problème pour l’orientation du pigeon voyageur, pourtant en pratique on n’a jamais rencontré un quelconque effet de la ligne des anomalies située en France, de Nevers à Rouen.
3.- Dans la littérature, il y a beaucoup trop de résultats négatifs, beaucoup trop d’exceptions, trop de différences bizarres entre des pigeons italiens et allemands et suivant le pigeonnier où les essais ont été effectués. Il y a également beaucoup trop de déclarations contradictoires, ainsi je remarque que certains défenseurs de la théorie magnétique ont, dernièrement, changé leur fusil d’épaulé, il n’est plus fait mention que le compas magnétique sert à mesurer l’intensité du champ magnétique terrestre mais bien. son inclinaison par rapport au sol (aux pôles Magnétiques, le champ est vertical alors qu’il est horizontal à l’équateur, de sorte que l’inclinaison varie entre 90° et 0°).
4.- Souvent les résultats présentent une grande variété que l’on essaie de « redresser » au moyen des statistiques. L’on peut se poser la question de savoir quelle est la signification biologique de ces statistiques !
5.- Je me pose également certaines questions si je compare les résultats expérimentaux obtenus sur l’orientation et le retour des pigeons voyageurs avec les prestations fournies par des pigeons ultra-sélectionnés enlogés par les colombophiles.
6.- Outre cela les chercheurs ne pensent pas nécessairement aux problèmes de santé mineurs de leurs oiseaux d’expérience. De légères maladies subcliniques, comme la trichomonose, l’ornithose, ne sont pas toujours faciles à diagnostiquer sans examen spécial ; pourtant ces problèmes sont importants pour les prestations perce qu’ils occasionnent savent une chute importante de forme.
Il est clair que je fus influencé autrefois par toute une série de conclusions négatives. Mon opinion est encore renforcée du fait que divers collaborateurs des livres cités plis haut ont aussi commencé à douter. Ainsi on peut lire dans l’article de C. Walcott (extra!: du livre de P. Berthold – 1991) : « il est difficile de croire que le pigeon utilise une carte magnétique (ce dernier a pourtant longtemps cru dans une orientation de type magnétique) anomalie magnétique et non un caractère héréditaire ; pour des pigeonniers expérimentaux, distants de seulement 2,5 km, les jeunes pigeons ont eu des comportements diamétralement opposés.
Une autre équipe de chercheurs (Rauvaud, Schmidt-Koening, e.a., 1991) arrivèrent à la constatation que certaines années, une expérience (en rapport avec le champ magnétique) réussissait et que d’autres années, il n’y avait pas de différence entre les animaux testés et les témoins.
Leur conclusion est donc logique: « les résultats confirment une fois de plus que si un effet magnétique existe, il est de nature discrète (d’importance accessoire) ».
De plus, en présence d’une épaisse couche de brumes, opaque aux rayons du soleil .(et surtout aux rayons ultra-violets), il n’est plus question d’orientation chez le pigeon voyageur. ll en va de même pour les oiseaux migrateurs. L’absence d’orientation dans ces circonstances augmente encore le doute, qui était déjà bien grand, concernant l’existence d’une orientation magnétique. Les partisans de cette théorie ne peuvent donc pas expliquer pourquoi les oiseaux, en cas de brouillard, ne savent pas passer de la navigation visuelle à l’orientation magnétique, puisque les caractéristiques du champ magnétique terrestre ne sont en aucune façon modifiées par la présence de brouillard ou lors de nébulosité. On ne connaît toujours pas non plus le « sens » responsable du magnétisme. Puisque tous les scientifiques mentionnés sont au top niveau des recherches en matière d’orientation-, je puis affirmer que je suis en « bonne compagnie » et le lecteur comprendra aisément que je n’ai aucune raison pour revoir mon opinion au sujet de plusieurs scientifiques sont d’avis que les odeurs ne jouent pas de cercle essentiel dans la navigation du pigeon. Peu après le sevrage il faut donner aux jeunes la possibilité de sortir du colombier et de se familiariser avec les environs immédiats. lis pourront ainsi effectuer leurs premières petites volées autour du colombier et agrandir progressivement leur cercle d’observation. Après cela suivront les premiers lâchers à 5 ou 10 km suivis très vite de 30 -50 et même 100 km. Cela ne peut d’ailleurs que susciter beaucoup (j’admiration pour le pouvoir d’orientation de ces jeunes oiseaux).



Dans une nouvel, publication (1992), C. Walcot donne une explication détaillée des essais qui l’ont amené à exprimer une telle conclusion. il constata que c’est la situation du pigeonnier accueillant le jeune après sevrage qui détermine la façon dont il réagira lors d’un lâcher près d’une orientation magnétique. Pour éviter tout malentendu j’insiste sur la différence entre brouillard et brumes, la visibilité horizontale étant limitée par brouillard à 1 km et par brumes à 2 km. Pour un pigeon voyageur rentrant, la visibilité verticale est naturellement beaucoup plus importante. A travers une couche de brouillard (qui peut avoir une épaisseur de 100 à 200 m), l’homme comme le pigeon n’est pas capable de distinguer la moindre chose.
Pour une couche de brumes moins compacte et moins épaisse les choses peuvent être très différentes. Ainsi en témoigne un événement qui remonte, pour moi, au mémorable concours sur Angoulême pour pigeonneaux début 1961.
Je dis mémorable car je pouvais, pour la première fois, pousser. des cris de joie suite à une victoire nationale et une série de prix de tête. Les pigeons furent lâchés par beau temps, bonnes conditions de vol, temps calme et sec et cela jusqu’à l’approche de la frontière belge. Au-dessus de la Belgique s’étendait une couche de brume située à une altitude de 50 mètres assez épaisse pour empêcher de voir quelque chose à travers.
Pour les pigeons, la situation était différente : ils pouvaient voler sans embarras au-dessus des nuages et grâce à leur regard perçant (pensons à leur sensibilité à la lumière ultra-violette), localiser de là-haut leur pigeonnier malgré les brumes. Sans que nous n’ayons rien remarqué nos pigeonneaux pleins d’allant, ont découlé du ciel, de la bonne direction et sans le moindre mètre d’écart.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]

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