Mécanismes de la thermorégulation du pigeon
Les oiseaux et les mammifères font partie de ce qu’on appelle communément les animaux à sang chaud.
Scientifiquement, ce terme n’est pas tout à fait correct. Il vaut mieux parler d’animaux homéothermes car la notion « d’homéothermie » sous-entend une caractéristique fondamentale: ils possèdent une température corporelle relativement élevée qu’ils doivent maintenir à peu près constante grâce à toute une série de mécanismes de régulation. Cette propriété des animaux à sang chaud – j’y reviendrai plus loin – les rend beaucoup plus indépendants aux températures extérieures que les animaux à sang froid. Ils sont capables de rester actifs dans beaucoup plus de situations. Cela peut être illustré par l’exemple du « pigeon de ville » qui est un pigeon domestique retourné à l’état sauvage. Ce dernier peut en effet survivre aussi bien sous les tropiques que dans les régions tempérées. Ils vivent et se reproduisent également dans les villes du grand Nord comme à Oulu (Finlande) qui se trouve à une latitude nord de 65°, donc proche du cercle polaire (il y a même là-bas un institut universitaire qui a réalisé une étude sur le pigeon de ville). Le pigeon est donc capable, si nécessaire, de s’adapter aux grands froids comme aux grosses chaleurs.
L’eau y joue un rôle important, grâce aux deux caractéristiques suivantes:
1. Sa grande capacité calorique, ce qui signifie que l’eau peut absorber une grande quantité d’énergie calorique avant que sa température ne s’élève.
2. Sa grande chaleur d’évaporation, ce qui veut dire qu’une grande quantité de chaleur est nécessaire à l’eau pour passer de l’état liquide à l’état gazeux. L’eau pour son évaporation absorbe donc beaucoup de chaleur.
Se préserver du froid.
Un animal à sang chaud comme le pigeon ayant une température corporelle voisine de 41° C, donc nettement plus élevée que la moyenne des températures extérieures, résiste plus facilement aux basses températures. La chaleur lui est beaucoup plus pénible. W.T. Keeton explique ce fait d’une manière très imagée: « un organisme à sang chaud est un fourneau et non pas un congélateur. » Il fait référence au métabolisme élevé (lié naturellement à une production importante de chaleur), qui n’est pas affecté par le froid, tandis que les mécanismes de refroidissement font plus vite défaut. Les données expérimentales suivantes nous prouvent qu’un pigeon est capable, si nécessaire, de produire de grandes quantités de chaleur: un pigeon au repos peut maintenir sa température corporelle par une température extérieure de – 70° C (cela est naturellement limité dans le temps par ses réserves d’énergie).
En ce qui concerne les possibilités de refroidissement plus limitées, il faut dire que le pigeon est malgré tout sur ce point plus favorisé que l’homme. Avec sa température corporelle de 37° C, cela est très pénible pour l’homme de se trouver dans une ambiance de 37° C; pour cette même température, le pigeon possède encore une marge confortable de 4° C. La preuve: les pigeons peuvent se chauffer des heures entières sur un toit sous un soleil brûlant.
A. Eviter le refroidissement.
Par temps froid un double mécanisme est mis en jeu: obtenir:
1. un refroidissement minimum.
2. un réchauffement maximum. Une bonne isolation corporelle est de première importance; celle-ci est réalisée grâce à la couche de graisse sous-cutanée et à l’air emprisonné entre le duvet et les plumes de couverture.
La graisse comme l’air sont des mauvais conducteurs de chaleur ce qui empêche la chaleur du corps de diffuser vers l’extérieur. Bien qu’il soit normal, pour une bonne isolation, que la couche de graisse soit plus importante pendant l’hiver, il ne faut pas que cette dernière soit exagérée. Cela ne veut cependant pas dire que les colombophiles ne doivent pas y être attentifs, surtout ceux dont les pigeons sont enfermés tout l’hiver. Celui qui ne dispose pas d’une volière très spacieuse dans laquelle les pigeons peuvent s’ébattre à volonté, risque d’avoir des problèmes. Dans ce cas il s’agit d’un juste équilibre à respecter: il ne faut pas nourrir trop ni trop peu; un contrôle régulier de l’état d’embonpoint est donc conseillé. Par temps froid il se produit une modification des plumes de couverture: par contraction des petits muscles sous-cutanés obliques qui sont fixés à la base des follicules, les plumes sont redressées. Ceci a pour conséquence d’augmenter la couche d’air prisonnière entre le corps et les plumes. L’effet n’est pas mince: quand les plumes sont complètement redressées, l’isolation contre le froid est double de celle obtenue lors d’un état lisse du plumage. Un deuxième mécanisme intervient. Les vaisseaux sanguins cutanés (principalement ceux de la tête et des pattes) se contractent, ce qui entraîne une diminution du débit sanguin et donc une perte moins importante de chaleur: ce mécanisme intervient pour 10 à 15 % dans l’économie de la chaleur.
En relation avec ceci il faut encore ajouter un mot sur les pigeons qui dorment. Lorsque le pigeon décide de dormir, il se met en boule de telle sorte que ses pattes soient complètement enfouies sous le plumage ventral et ne puissent plus se refroidir. Au même moment, il rentre le cou de façon à faire disparaître le bec au milieu des plumes du cou (alors qu’au contraire la plupart des autres oiseaux placent la tête sous l’aile). Ceci a pour conséquence que l’air inspiré est déjà réchauffé (au contact de l’air qui se trouve entre les plumes de la nuque); il faut encore ajouter que de par leur position les plumes du cou empêchent la déperdition de vapeurs (et donc de chaleur) par les gaz expirés. Puisque d’un côté la température extérieure s’abaisse durant la nuit et que d’un autre côté le métabolisme diminue, il est nécessaire pour que tout se passe bien que les déperditions d’énergie soient les plus minimes possible. C’est ce qui se produit pour un pigeon qui dort.
B. Augmenter la production de chaleur.
Frissonner constitue un moyen très important permettant d’augmenter la production de chaleur. Les frissons sont une succession rapide et simultanée de contractions de toute une série de muscles; ces contractions fournissent tant de chaleur qu’elles peuvent apporter de 25 à 30 % du total de la production interne de chaleur, se produisant lors d’une baisse de la température ambiante.
A suivre
Prof. Dr. G. Van Grembergen
Notices :
- L’homme, avec sa température corporelle de 37° C, ne se sent pas du tout à son aise dans un milieu où règne une température de 37° C. Mais cela ne gène pas le pigeon du fait que sa température corporelle est de 41° C, donc 4° C de plus que l’homme. La preuve: les pigeons peuvent se chauffer des heures entières sur un toit sous un soleil brûlant.
- Malgré que la couche de graisse doit être un peu plus importante pendant l’hiver, pour jouer un rôle d’isolation, celle-ci ne doit pas être exagérée. Cela ne veut pas dire que les colombophiles ne doivent pas y être attentifs, surtout ceux qui gardent leurs pigeons voyageurs enfermés tout l’hiver.
- Si l’on ne possède pas de volières suffisamment spacieuses, dans lesquelles les pigeons peuvent voler, il y a des chances pour que des problèmes surgissent. Dans ce cas il s’agit d’un juste équilibre à respecter: il ne faut pas nourrir ni trop ni trop peu: un contrôle régulier de l’état d’embonpoint des pigeons est donc conseillé.
- La graisse comme l’air sont des mauvais conducteurs de chaleur ce qui empêche la chaleur du corps de diffuser vers l’extérieur.
[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]
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