5 novembre 2020 Par admin

Médicaments, hygiène ou… chance – pigeon voyageur

Débutant:
Tu le sais, ma saison sportive n’a pas été une réussite. Je crois d’ailleurs qu’avec la chaleur et le vent de bec qu’on a eus cet été, de nombreux amateurs sont dans mon cas. Tu m’as toujours dit qu’il fallait se spécialiser en colombophilie, surtout de nos jours où on trouve aussi bien en vitesse, demi-fond et fond de plus en plus de spécialistes.
Ceux-ci consacrent toute leur énergie et temps libre à préparer une équipe en fonction de leur spécialité.
Je me rends compte que j’ai éparpillé mes flèches dans toutes les directions. C’est une erreur et si je continue à vouloir jouer la vitesse et le grand demi-fond et même l’un ou l’autre concours au-delà de 600 km, je devrai encore attendre longtemps avant qu’on parle de mes succès et que je sois une vedette en colombophilie. Et n’est-ce pas le rêve de chacun de nous?

Victor:
Oui, mon ami, on critique le culte de la « vedette », mais, en fait, tous nous voulons un peu nous « mettre en vedette ». Avouons-le, et il n’y a rien de mal à cela, bien au contraire. En colombophilie, comme je te l’ai déjà dit, il n’y a que la spécialisation qui puisse vous mener le plus sûrement et le plus vite à jouer un rôle de vedette. Toute la difficulté consiste à savoir quelle spécialisation vous convient le mieux.

Débutant:
Quelle est la spécialisation la plus facile, car c’est celle-là que je choisirais, puisque je suis encore un débutant, sans connaissance approfondie du métier.

Victor:
Oh, c’est le « grand fond » qui est, pour le colombophile, la spécialisation qui demande le moins de connaissance et de doigté dans la conduite des pigeons. Ici c’est le pigeon qui intervient dans le succès pour la plus grande part. L’endurance du pigeon – outre une bonne préparation qui consiste pour le colombophile à bourrer son pigeon de réserves physiques et psychiques – joue ici un rôle capital. Il faut donc surtout disposer de pigeons avec de bons poumons, et de bons intestins, à part évidemment, certaines aptitudes de vol. Pour les concours de grand fond la meilleure drogue c’est le repos. Mais le métabolisme parfait présuppose surtout que le pigeon dispose de bons poumons – car l’oxygène est la nourriture la plus indispensable aux tissus – et dispose également de bons intestins.
Jef Van Riel m’a dit un jour, comme j’étais en admiration devant ses résultats dans le grand fond, ces simples petits mots « nos pigeons ont de bons intestins ». Je n’ai jamais oublié cette petite phrase. Jef était trop bon colombophile pour supporter qu’au moindre effort les excréments laissent à désirer – si l’on peut parler ainsi!

Débutant:
D’accord, mais tu parles de grand fond, c.-à-d. les étapes au-delà de 800 km mais de bons intestins, le pigeon ne peut s’en passer, même aux concours de vitesse.

Victor:
Cela est vrai, mais cela est surtout vrai pour les concours de fond, parce que les « réserves » s’introduisent dans l’organisme du pigeon par les parois intestinales principalement. C’est la raison pour laquelle les antibiotiques, en détruisant toute la vie sur la paroi intestinale, sont souvent à l’origine du déclin sportif total d’une colonie de pigeons. Et c’est peut-être là une des raisons pour lesquelles on voit de plus en plus rarement figurer sur les résultats les pigeons âgés de plus de cinq ans.

Débutant:
Les intestins, on peut les juger aux excréments. Mais les poumons, comment juger de leur qualité, cela me paraît impossible.

Victor:
Mais non, car nous avons plusieurs indices de leur qualité. Il y a d’abord le rythme de la respiration. Le pigeon qui a un rythme de respiration lent démontre par là qu’il est en mesure de vivre économiquement. Le rythme s’extériorise fort bien si on tient le pigeon très calmement en mains, et qu’on se rend compte du va et vient de la cage thoracique. Celui-ci doit être quasi imperceptible si le pigeon n’est pas gras.
D’autre part il y a l’intérieur du bec qui nous donne des indices qui ne trompent pas. Le pigeon dont les bords de l’ouverture, qui se trouve derrière la langue et qui mène vers les poumons, sont rouges, gonflés et parcourus par des traits rouges, est un pigeon qui n’a aucune valeur sportive.

Débutant:
Il y a donc le rythme de la respiration et l’état de la gorge qu’il faut examiner pour savoir si on a les qualités essentielles du pigeon de fond.

Victor:
Oui, mais il y a encore tant d’autres choses. Et nous avons oublié un indice: la couleur de la chair. Une chair foncée dénote une insuffisance du métabolisme. Il peut s’agir des intestins qui fonctionnent mal, mais aussi des poumons – ces purificateurs du sang et qui doivent le rendre rouge après en avoir expulsé les déchets. Il est évident que dans un colombier mal aéré, la couleur de la chair est nécessairement foncée, puisque le pigeon n’a pas d’oxygène assez pure pour que les poumons puissent purifier le sang.

Débutant:
Mais comment juger qu’un pigeon dispose également des qualités de vol pour battre 800 km et plus, sans devoir abandonner la lutte?

Victor:
Cela n’est pas si facile à expliquer. Mais il y a quatre qualités primordiales: un poids spécifique assez bas; une charpente osseuse résistante; une musculature souple, et également la grande souplesse d’une aile bien épaisse.

Noël De Scheemaecker

Notices :

L’intérieur du bec nous donne des indices qui ne trompent pas. Le pigeon dont les bords de l’ouverture, qui se trouve derrière la langue et qui mène vers les poumons, sont rouges, gonflés et parcourus par des traits rouges, est un pigeon qui n’a aucune valeur sportive. C’est la preuve qu’un de ses organes, les poumons, est déficient et cela est un handicap insupportable pour le pigeon qui doit voler longtemps.
Pour les concours de grand fond la meilleure drogue c’est le repos.
Les intestins, on peut les juger aux excréments.
Dans un colombier mal aéré, la couleur de la chair est nécessairement foncée.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]