Merveilleuses Narines – pigeon voyageur
Traditionnellement les colombophiles mettent volontiers des gouttes dans les narines de leurs pigeons avant une compétition et au retour du concours. Ils espèrent ainsi faciliter la respiration de leurs oiseaux lors du vol de retour, influencer positivement le résultat et exercer une «certaine» décontamination une fois l’oiseau rentré.
Ce rinçage des fosses nasales (les fosses nasales sont deux cavités séparées par une cloison médiane qui commencent vers l’avant par les narines et s’ouvrent en arrière dans la cavité buccale) est devenu un geste anodin, de nombreux produits différents sont vendus et le colombophile se pose souvent la question de savoir si cela est efficace et quel est le produit à utiliser?
Nous pensons que l’amateur a raison de se poser des questions car il est important de ne pas utiliser n’importe quoi, il faut à tout prix éviter l’utilisation de solutions irritantes. Le pigeon est en effet doté au niveau des narines d’un bon système de filtration et il faut veiller à ne pas l’endommager.
Schématiquement, l’air inspiré traverse un labyrinthe (voir illustration). Les circonvolutions des fosses nasales agissent comme un filtre qui «fixe» mécaniquement les très fines particules inhalées véhiculées par l’air. Les sinus sont recouverts de cellules spécialisées, cellules ciliées et cellules secrétant du mucus qui «attrapent» les virus et particules infectieuses se trouvant dans l’air inspiré, les empêchant ainsi de pénétrer plus profondément le système respiratoire et d’y provoquer des infections. Les particules piégées sont repoussées vers l’extérieur par le travail mécanique de l’épithélium cilié et finalement expulsées par un éternuement. C’est une manifestation bruyante à laquelle les colombophiles sont particulièrement attentifs. Comme on le comprend il ne s’agit pas toujours d’un symptôme d’infection mais bien d’un mécanisme de défense.
Par contre, lorsque les éternuements se multiplient et que de l’écoulement nasal est observé, nous sommes devant un début de coryza. Il faut donc prendre les mesures nécessaires pour éviter la propagation des phénomènes d’infection à la trachée et aux bronches.
Dans la plupart des cas, le renforcement des défenses immunitaires locales et le rinçage des fosses nasales avec une solution stérile d’eau de mer suffit à enrayer l’infection en quelques jours. L’isolement du sujet dans un endroit ensoleillé et aéré accélère la guérison. Si après quelques jours, il n’y a pas d’amélioration une consultation chez un vétérinaire spécialisé en médecine des oiseaux s’impose.
Les fosses nasales constituent donc la première ligne de défense et il est donc important de préserver coûte que coûte ces structures et de faciliter leur fonctionnement. L’interaction avec la flore microbienne normale, la barrière de mucus et certaines cellules constituent les premiers mécanismes de défense empêchant les agents pathogènes d’envahir l’organisme et d’y provoquer une infection.
Ces «barrières» sont non spécifiques et empêchent la pénétration dans l’organisme d’une multitude d’agents infectieux (virus, bactéries, levures,…) Le colombophile comprend aisément que tous les dommages causés à ce «système» a des répercussions sur la santé du pigeon, donc sur sa condition et son aptitude à remporter des prix.
Méfions nous de l’utilisation préventive et répétée de gouttes aux antibiotiques car la résistance des bactéries pathogènes aux antibiotiques usuels est quasi totale, de plus ils sont inefficaces contre les virus et facilitent la multiplication des levures pathogènes genre candida.
D’autres préparations contenant des désinfectants aboutissent souvent au même résultat néfaste en modifiant la flore normale et affaiblissant ainsi une partie des mécanismes de défense. Nous ne parlons pas ici des produits irritants (genre «Nasaline» autrefois commercialisé) qu’il faut à tout prix éviter d’utiliser car ces produits irritants occasionnent des lésions irréversibles à l’épithélium cilié.
D’une manière générale évitons tous les facteurs qui affectent ce système de défense et qui vont rendre le pigeon plus sensible à tous les types d’agents infectieux;
parmi ces facteurs nous avons une alimentation inadéquate, de l’air vicié, une mauvaise hygiène, l’administration préventive d’antibiotiques inadéquats qui rendra le pigeon plus sensible à des infections virales et parasitaires comme la candidose.
La nature a doté le pigeon d’un excellent système de résistance vis à vis des infections. Laissons le «fonctionner» correctement.
[ Source: Article édité par Ing. J.P.Duchatel et Vét. F. Vandersanden – Revue PIGEON RIT ]
Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !
Analyse et compte-rendu – pigeons voyageurs