Motivation – pigeon voyageur
J’ai la conviction que des pigeons très motivés peuvent accomplir des prouesses exceptionnelles dans les concours; mais je crois aussi que le bon pigeon est motivé en soi et qu’il n’a pas besoin d’un petit coup de fouet supplémentaire.
Expérience personnelle.
Je n’ai jamais attaché beaucoup d’importance à la « motivation activée » dans ma colonie.
Ces récentes années, j’ai tenu à réduire la pratique de mon hobby à sa plus simple expression. Je pratique le moins possible la présentation des femelles ou des plateaux avant la mise en loges. Je ne présente jamais un plateau ou un partenaire à mes voyageuses traitées au veuvage ou à mes veufs du petit fond avec mise en loges le mercredi ou le jeudi. Il n’y a donc pas de motivation et moins encore de surmotivation. Cela ne m’a pas empêché de remporter plusieurs prix de tête. L’année dernière, elle m’a permis de remporter cinq, six semaines en suivant la victoire en petit fond au Club de fond 2000, chaque fois avec un autre pigeon. En demi-fond, j’aligne régulièrement six seniors et six à huit juniors « veufs ». Mis en loges le vendredi ils arrivent normalement à la mi journée le samedi. Il ya quelques années je décidai de ne plus rien montrer au départ des pigeons. Les veufs ne volèrent pas moins bien et cela m’épargnait beaucoup de travail. En 2000, j’ai eu quelques yearlings qui se classaient régulièrement en tête sans femelle ni plateau. Vers le milieu de cette même année la météo avait annoncé un vent de sud-ouest fort pour le samedi. Craignant que, portés par le vent, mes gars auraient un trajet trop facile et traîneraient peut être à la rentrée je leur présentai le plateau et la femelle. Les prévisions ne furent pas confirmées, que du contraire. Il faisait un temps magnifique sans un souffle de vent. Trois de mes yearlings se classèrent parmi les cinq premiers à l’Union d’Anvers. Je ne puis dire s’il faut attribuer ce résultat à la présentation du plateau et de la femelle uniquement. C’étaient et ce sont toujours de bons pigeons. Ils avaient volé tout aussi bien auparavant sans cette motivation artificielle et il est clair qu’ils devaient être en parfaite condition. Dois-je vous apprendre que depuis ce jour je présente toujours plateau et femelle à trois, quatre veufs en partance pour une étape de demi-fond (les premiers passés bien sûr). Les autres reçoivent uniquement le plateau.
Le colombophile s’accroche régulièrement à l’une ou l’autre habitude ou conception. J’ai la conviction qu’ils voleraient aussi bien sans voir le plateau et la femelle; mais je continue à trimbaler plateaux et femelles à l’enlogement pour le demi-fond. Lorsqu’un amateur a une idée en tête il n’est pas facile de la lui enlever. Il m’arrive régulièrement bon premier un veuf qui n’a pas vu sa femelle au départ. Je me propose alors de ne plus m’imposer cette corvée, mais la semaine suivante j’emporte à nouveau deux, trois femelles au colombier de veuvage. Si les circonstances m’interdisaient un jour de monter femelles et plateaux et que les veufs voleraient fort quand même je pourrais peut-être changer définitivement d’avis.
Motivation poussée.
Je crois aux effets de la motivation, mais je sais qu’elle n’opère pas à tous les coups.
Mon 675/00 est un être assez spécial. Il vole régulièrement en tête, mais il peut tout aussi bien rentrer des heures après les autres. Comme j’avais éliminé en cours de saison le mâle logé dans le casier au-dessus du sien, j’ai ouvert ce casier un vendredi matin. Un quart d’heure plus tard mon 675/00 y trônait en conquérant et le lendemain il se classait troisième dans un concours de l’Union. Je m’en suis donc tenu au même rituel pour mon castard en super forme la semaine suivante. Dans ces conditions je ne pouvais hésiter à l’engager pour les plus grosses mises. Je ne l’ai pas vu le jour du concours! Plus question de lui offrir ce casier inoccupé la semaine suivante … et mon gars tapait la tête du classement!
A part mes essais avec le 675/00, je n’ai rien fait pour tenter de motiver mes veufs ou les femelles voyageuses au cours de la saison. Cela ne m’a pas empêché de remporter onze premiers prix, doublages exclus en 2001.
Je persiste à croire à l’influence d’une motivation artificielle, mais je préfère le bon pigeon sans intervention sophistiquée à un autre, disons super motivé.
Tout qui décroche un résultat exceptionnel dans un concours a tendance à parler de préparation ou de motivation spéciale: offre d’un casier supplémentaire au colombier de veuvage, présentation d’une autre femelle, panier rempli de femelles déposé au centre du colombier des veufs, glisser six œufs sous une femelle à la couvaison et j’en passe.
Il existe un tas de petits trucs pour motiver les pigeons ou pour les rendre jaloux. Nous essayons tous de nous classer au mieux dans chaque concours. Lorsque cela réussit on en parle et on s’en vante à l’occasion, attribuant alors l’exploit du pigeon à la motivation ou à d’autres petits trucs du manager. On se garde bien d’évoquer la « brouette » d’un pigeon super motivé. On ne triomphe pas en tout et à chaque occasion. Le pigeon était probablement en super forme le jour de son exploit et il aurait décroché le même résultat sans la moindre motivation artificielle.
Qui peut le dire? Lou Wouters, un de mes bons amis et fin colombophile, m’a souvent répété: Un pigeon qui l’emporte avec avance a souvent été motivé pour; mais le vrai bon pigeon n’a pas besoin de cela. Et je crois que Lou avait cent fois raison.
[ Source: Article édité par M. André ROODHOOFT – Revue PIGEON RIT ]
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Pigeon, peste aviaire et motivation
Analyse et compte-rendu – pigeons voyageurs