tour de france pigeon
15 septembre 2020 Par admin

Nos pigeons voyageurs et le tour de France

tour de france pigeon

Etablir une comparaison entre le Tour de France et nos pigeons ? Pourquoi pas ? La saison des concours ne ressemble-t-elle pas un peu à la grande boucle ? Les concours d’Angoulême et de Bordeaux pour nos pigeons ne sont-ils pas analogues aux étapes des Alpes et des Pyrénées pour les coureurs du Tour ?
Et pour finir, nos pigeons ne sont-ils pas des coureurs volants et les coureurs ne sont-ils pas des « pigeons qui courent » ? L’organisme et le moral des uns et des autres ne sont-ils pas mis à une épreuve extrême et ne sont-ce pas les plus courageux, les plus sains et les plus tenaces qui, finalement, triomphent dans les deux cas ? Cette comparaison est donc loin d’être illogique et, à la lumière de celle-ci, nous pouvons répondre aisément à la question: « Qu’est-ce qui importe le plus, pour sortir victorieux de la bataille ? » Deux choses importent avant toutes autres: « Une santé de fer et une endurance obstinée », en d’autres mots, la forme et le moral (1). Une santé ordinaire ne suffit pas. Il faut une santé à toute épreuve, c’est-à-dire qui ne souffre pas d’un dur travail, parce que l’organisme n’a pas de points faibles exposés à céder les premiers.
Nous en reparlerons plus loin, lorsque nous traiterons des effondrements consécutifs à une étape sévère. L’endurance habituelle ne suffit pas non plus pour avoir le moral nécessaire. L’endurance doit être obstinée et non provenir d’un caractère capricieux.
Dans le Tour de France, l’endurance peut provenir de la soif d’argent ou de la soif d’honneurs qui sont des qualités absolument constantes.
Vous ririez fort si nous prétendons que les pigeons volent par soif d’honneurs ou d’argent. Mais chez nos voyageurs aussi, il y a des sujets capricieux et des sujets constants, il y a des irréguliers et des réguliers…
Etudiez bien vos pigeons, maintenant que la saison de jeu est déjà avancée et apprenez à connaître le caractère (mais oui !) et la santé de vos oiseaux. Voilà, chers lecteurs, ce qui fait l’agrément de vos oiseaux et l’agrément de notre sport ! Tel pigeon, par exemple, sera vite découragé, doutera de son pouvoir d’orientation et arrivera toujours trop tard lorsqu’il sera pris dans un désastre. C’est ainsi que, cette année, beaucoup de pigeons ont été mis hors de combat par les désastres dont le mois de mai nous a comblés, dès le début ! Tel autre pigeon ne souffrira pas d’avoir été pris dans un désastre: s’il revient des heures trop tard, il sera, le dimanche suivant en tête du concours. Des oiseaux pareils sont de vrais bons pigeons, puissants et courageux. La plupart des amateurs ne savent pas quand ils doivent laisser un pigeon au repos, et cependant, c’est en cela que consiste véritablement l’art de maintenir un voilier des années et des années en lice (2).
Lorsque le pigeon, le lendemain d’une rude étape, a encore des selles molles et jaunâtres, c’est un signe qu’il doit absolument se reposer un dimanche ou deux. Dès le lendemain d’un gros effort, les fientes doivent redevenir dures et, dans ce cas, on peut rejouer sans crainte le dimanche suivant. Un pigeon a encore un urgent besoin de repos, quand ses paupières ne sèchent pas et ne redeviennent pas blanches, quand ses muscles pectoraux ne redeviennent pas durs ou quand une place molle subsiste, entre le dos et la queue.
Lorsque après un dur voyage, vous avez des pigeons dont la langue, enflammée ou gonflée, se révèle sans cesse, tandis que l’ouverture de la trachée (derrière la langue) est devenue rouge d’inflammation et s’est arrondie en grandissant, vous devez les arrêter au moins un dimanche, sinon ils ne feront rien de bon. Pour les ramener dans un état satisfaisant, il n’y a qu’un moyen: leur servir une boisson composée d’un tiers de lait pour deux tiers d’eau, durant trois jours avant la mise en loges. Essayez et vous verrez que ce conseil vaut de l’or. Les remarques dont nous venons de parler, indiquent qu’un pigeon a besoin de repos. Les vrais bons pigeons, qui ont dû faire des efforts très lourds, n’en souffrent pas, mais les sujets ordinaires en ont, presque toujours, leur carrière impitoyablement brisée, au point qu’ils sont perdus pour les concours.
Tout comme des coureurs cyclistes qui disputent un tour, doivent se remettre, les pigeons à santé de fer doivent résister aux conséquences d’un désastre pour qu’un mauvais dimanche n’entraîne pas une mauvaise campagne.
Si nous ouvrons bien nos yeux et si nous examinons attentivement nos pigeons, sans antipathie pour l’un et sans aucune sympathie pour l’autre, nous aurons une idée exacte de la valeur réelle de chaque voilier. Nous saurons quels sont les forts et les courageux et aussi quels seront les individus manquant de force ou de courage.
Cela ne veut pas dire que les premiers ne doivent jamais se reposer. Non, car l’oiseau doit avoir une certaine réserve de force et d’énergie, surtout pour les étapes de 600 km et plus, ce qui veut dire que, jusque-là, un pigeon doit avoir volé en dedans de ses possibilités, qu’il n’a pas donné la pleine mesure de ses moyens et qu’il tient quelque chose en réserve, qui lui viendra à point lorsqu’un effort véritablement extraordinaire devra être déployé. A ce point de vue, nous avons eu, nous-mêmes, une profitable leçon au concours de Bordeaux de la dernière semaine de juin, à Anvers. Nous possédons une dizaine de sujets dont nous ne savons pas en réalité quels sont les meilleurs et dont quatre avaient eu un dimanche de repos. Toutefois, ils avaient fait, avant ce dimanche de repos, les étapes suivantes: Quiévrain, Saint-Denis (295 km), Dourdan (345 km), Vendôme (450 km), Orléans (410 km), Blois (461 km) et Angoulême (695 km). Donc, après être restés au colombier un dimanche, ils étaient partis, le mercredi pour Bordeaux (800 km). Le hasard voulut que ce Bordeaux fut assez dur, vu que les pigeons volèrent toute la journée.
Nous croyions jouer très fort et apprendre, par la même occasion, s’il était bien nécessaire d’avoir des pigeons longuement reposés pour jouer un Bordeaux. Sur 711 pigeons, avec quatre engagés, nous débutons au 17e prix… et les autres se classent encore, quoique sensiblement plus loin. « Une bonne leçon », dis-je à mon frère, « quand nous jouerons encore Bordeaux, nous le ferons avec des pigeons préalablement épargnés ! »
Je dois ajouter que nos quatre pigeons volèrent avec une plume nouvelle, non épanouie et longue d’un centimètre, dans chaque aile, ce qui est certainement un désavantage, en cas d’épreuve sévère.
Ces mêmes sujets doivent encore voler un Châteauroux et un Angoulême, avec un intervalle de repos, et je suis convaincu que, des deux fois, ils se classeront au mieux, si le temps est normal. Ce qui précède prouve qu’il y a beaucoup de vrai dans ce que dit le directeur de notre équipe nationale dans le Tour de France, à savoir qu’on vainc les Alpes et les Pyrénées avec des réserves. Par contre les coureurs qui se sont dépensés sans compter dans les premières étapes, y reçoivent le coup de grâce.
D’ailleurs, celui qui sent arriver la fatigue, abandonne facilement. Il en est de même d’un pigeon: lorsqu’il est revenu complètement vanné au colombier, il lui faut longtemps pour qu’il recommence avec plein courage, une sévère randonnée. Et maintenant, pour en revenir à une question fort controversée, celle de la mue d’une rémige primaire: cela a-t-il, oui ou non, une influence sur le résultat d’un concours ? Très certainement ! Naguère, je croyais le contraire et lorsqu’on me disait qu’un pigeon avait raté après avoir lâché une plume je me disais:
« Les excuses sont faites pour s’en servir. » Mais maintenant ? Après avoir examiné attentivement cette question, je suis arrivé à la conclusion suivante: « Tout pigeon peut manquer, s’il laisse tomber une plume au cours des six jours précédant immédiatement une mise en loges, parce que c’est un moment critique. » il y a des gens qui comparent cette période avec les menstruations, comme s’il y avait quelque chose dans le sang qui agirait sur l’harmonie générale du corps.
Cela est possible, car des milliers d’expériences prouvent que les meilleurs pigeons ne manquent jamais qu’à ces moments et régulièrement. Tous les pigeons ne sont pas dans ce cas, mais bien la plupart. Etudions donc nos oiseaux à ce point de vue et cela nous aidera à épargner de l’argent. Les prochains mois, nous examinerons ensemble, en confiance et en toute simplicité, nombre d’autres points qui nous permettront d’affermir nos connaissances en colombophilie, afin de devenir toujours de meilleurs colombophiles.

Noël De Scheemaecker

rémige pigeon voyageur

Trop peu d’amateurs tiennent compte de la chute de rémige à la mise en loges des pigeons. Il en est par contre plusieurs qui n’enlogeront pas un pigeon présentant une pousse tel un clou à la place de la première rémige. Surtout pour une longue distance et avec du vent de face ou de coté, il ne faut pas engager un pigeon qui vient de jeter sa première rémige trois ou quatre jours avant le concours. On peut y aller une fois que les barbules apparaissent sur le rachis. Voici la photo de l’aile du pigeon de Chr. Vanoppen vainqueur de Barcelone international en 1987, un des plus éprouvants Barcelone de l’histoire, dans lequel un pigeon avait atteint la vitesse de 800 mètres/minute.


Notices:
(1) On ne connaissait pas le suivi médical et on ne possédait pas de médicaments pour pigeons en 1930 et les pigeons disposaient d’un solide système immunitaire. Les bons amateurs attachaient énormément d’importance à cette immunité et ils sélectionnaient en fonction de son état. Pour pouvoir fournir des efforts physiques il faut être en bonne santé, mais le pigeon doit aussi être motivé pour rentrer le plus rapidement chez lui. Rien n’a changé si ce n’est que ni la santé ni la résistance immunitaire du pigeon se sont améliorés à cause de l’abus de médication.
(2) Noël De Scheemaecker a raison de mettre l’accent sur l’importance du repos après une course éprouvante ou en préparation à une étape de fond. aura probablement appris cela chez Georges Fabry, champion de renom et pharmacien de son état pour lequel: « Une semaine de repos est le meilleur doping. » N’oublions pas que dans les années 1930 les colombophiles devaient se contenter d’un mélange de petite variété, composé par eux-mêmes et pas trop cher. Ils ne pouvaient trouver dans le commerce des compléments alimentaires tels le vitaminéral, la levure de bière, les électrolytes, les extraits de plantes, les préparations vitaminées etc. A l’époque le monde colombophile ignorait combien les réserves de graisses sont importantes pour les étapes de fond.


[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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