L’obscurité au colombier – pigeon voyageur
Le légendaire champion Pol Bostyn, de Morslede ( BEL)
Ma dernière conversation avec Noël De Scheemaecker remonte au mardi 22 janvier, quatre jours avant son décès. Parlant de la pratique de l’obscurité au colombier, Monsieur Noël a rappelé que Pol Bostyn tamisait assez fort la lumière de ses colombiers de veuvage. Je lui ai demandé comment il interprétait le fait que les pigeons des spécialistes du système d’obscurité ne trouvent la forme que six semaines après la fin du régime.
J’ai du mal à croire que Pol Bostyn aurait pratiqué durant toute la saison une certaine obscurité chez ses « veufs » car il se distinguait dans les premières confrontations nationales de la saison comme dans les suivantes. Bostyn a remporté maintes fois le concours de Pau lequel se déroule durant la seconde moitié du mois de juin.
Réponse: « Bostyn prétendait que celui qui prolonge le plus longtemps son sommeil d’hiver s’épanouira le mieux lorsque l’été sera venu ».
J’ai l’impression que Bostyn acceptait plus de lumière que l’on pense à l’approche des concours. Cela me paraît logique en tout cas. « Ecrivez donc un article sur le sujet », proposa M. Noël. J’ai hésité, parce que je ne suis pas un spécialiste du système mais, je m’y mets tout de même comme vous voyez.
A la maison.
Je vous dirai d’entrée ma conviction qu’il est des systèmes plus sophistiqués que le nôtre dans la pratique de l’obscurité au colombier. Mais je me bornerai à vous révéler ma propre expérience en la matière.
Ces deux dernières années nous avons mis une trentaine de femelles dans l’obscurité. Je n’ai pu tirer de conclusion au terme de la première saison. Nous avions perdu alors un quart de nos pigeonnes au premier concours. Mais les pertes furent égales chez les pigeonneaux non obscurcis. Notre participation se trouva donc réduite. Nous avons seulement engagé onze pigeons au total pour les quatre concours nationaux de la saison 2000 avec neuf prix par dix. Un très bon résultat, mais qui empêche de tirer une conclusion pour l’ensemble, car l’une d’elles avait réussi un quatre sur quatre. L’année dernière nous avons engagé 58 pigeonneaux dans les même nationaux et 37 se sont classés, dont 22 dans les prix par dix. Nous étions surtout satisfaits parce que nous avions engagé tout ce qui pouvait voler à chaque concours.
Aérage et rythme biologique.
Avant d’engager la description de notre système, je tiens à souligner que je suis contre la pratique de 14 heures d’obscurité fixes par jour (par exemple de 18 h. à 8 h. du lendemain). Il en résulte que l’aération n’est plus comme elle devrait être durant une bonne partie de la journée. De plus, je crois que l’obscurcissement classique à heures fixes dérègle le rythme biologique des pigeons et pourrait bien être la cause de plus nombreuses pertes. Il faut alors surveiller d’eux fois par jour l’heure d’intervention. J’ai été singulièrement soulagé en apprenant comment pratiquent les frères Herbots et je n’ai pas hésité à adopter leur système. Ainsi nous pratiquons l’obscurité depuis trois à quatre heures de l’après-midi, lorsque le soleil ne se trouve plus pile au-dessus du colombier, jusqu’à ce qu’il fait complètement nuit et ce à partir du mois de mars. De ce fait l’aération est réduite durant huit heures au plus et elle redevient parfaite la nuit. Les pigeonneaux s’éveillent à la lueur du jour et du soleil lorsqu’il y en a , ce qui j’espère garantit le bon fonctionnement de leur rythme biologique. Il faut aussi que je vous apprenne que les pigeonneaux traités de la sorte n’ont guère brillé en vitesse en juin, mais cela importe peu. Les jeunes mâles n’ont pas été obscurcis. Pour les pigeonnes entrent seul en compte les concours nationaux de fin juillet à début septembre.
Nous obscurcissons jusqu’au 21 juin. En appliquant ce système nous classions déjà 9 de nos 17 engagées au Salbris provincial (459 km) du 15 juillet, trois semaines après la fin de l’obscurcissement. Les résultats sur Bourges et Argenton (après 5 à 7 semaines) furent bons. Seul le rude La Souterraine leur a réussit moins.
Je crois pouvoir attribuer cela à un manque de motivation, car deux semaines plus tard sur Guéret cela se passa à nouveau mieux. Nous en étions alors au 9 septembre et nos huit pigeonnes classées étaient toujours bien en plumes (sur 5 à 7 rémiges). Elles firent une mue parfaite et furent accouplées le 20 décembre à nos meilleurs veufs. La ponte se déroula parfaitement.
CLASSEMENT DES OBSCURCIS.
Les classements ci-dessous illustrent bien le bon fonctionnement de la méthode d’obscurcissement décrite et appliquée par Patrick Philippens.
2000:
30/7, Bourges (476 km): 2.291 p.: 11, 47, 170 (3/4)
12/8, Argenton (559 km): 604 p.: 6 (1/2)
26/8, La Souterraine (593 km): 591 p.: 11, 57 (2/2)
09/9, Gueret (584 km): 478 p.: 18, 29, 30 (3/3)
2001:
28/7, Bourges (476 km): 1.421 p.: 23, 49, 106, 140, 156, 171, 187, 201, 337, 474 (10/16)
11/8, Argenton (559 km): 948 p.: 2, 17, 28, 41, 56, 57, 68, 81, 197, 258, 260, 312 (12/16)
25/8, La Souterraine (593 km): 834 p.: 2, 73, 124, 140, 141, 154, 212 (7/16)
09/9, Gueret (584 km): 1.294 p.: 7, 23, 37, 63, 88, 115, 121, 128 (8/10)
Pol Bostyn disait: « Qui dort le plus longtemps l’hiver s’épanouira le mieux l’été ». Les pigeonneaux obscurcis trouvent généralement la bonne condition trois semaines après la fin de l’obscurité et la forme après six semaines.
[ Source: Article édité par M. Patrick Philippens – Revue PIGEON RIT ]
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