Oiseaux Migrateurs et Pigeons Voyageurs
14 avril 2020 Par admin

Oiseaux Migrateurs et Pigeons Voyageurs: vols migratoires et problèmes d’énergie {1}

Oiseaux Migrateurs et Pigeons Voyageurs

Dans mon article « La migration: nouveaux concepts de recherche », paru en novembre 1993 dans Il Pigeon Rit « , j’ai eu l’occasion d’aborder les dernières techniques permettant de localiser régulièrement les animaux. Ces techniques mettent en jeu des appareils électroniques et un satellite. Les animaux sont porteurs d’un petit émetteur radio, qui émet des signaux captés par un satellite. Ce dernier renvoie les signaux captés vers la terre. Ces signaux sont captés par des stations. C’est ainsi qu’à l’aide de computers, la position géographique à des moments précis est connue avec une précision de 0,2 à 2 km.
Pour les oiseaux, il y a de nombreux problèmes techniques, entre autres pour la fixation de radio-émetteurs. Il y a aussi des limites au poids de l’émetteur et du harnais de fixation.
C’est pourquoi les premiers essais (en Allemagne, vers 1990) ont eu lieu sur des oiseaux de poids importants: de grands cygnes, ensuite des cigognes blanches (ayant un poids de 3,5 à 3,8 kg). Depuis, des progrès ont été faits. D’autres oiseaux ont eu leur tour, notamment la cigogne noire, un oiseau qui se reproduisait dans nos contrées, il y a 100 ans et qui est de nouveau présent dans nos Ardennes.

 

Un biologiste (G. Jadoul) étudie à temps plein ce magnifique oiseau.
Jadoul et son équipe ont réussi à trouver quelques nids. Afin de connaître leur route de migration et leur territoire d’hivernage, ils ont placé des émetteurs sur 6 oiseaux, quelques semaines avant qu’ils ne s’envolent pour leur vol migratoire (7 août 1998).
Ce fut particulièrement intéressant de constater que deux d’entre eux formèrent un couple la saison passée. Leur chemin s’était pourtant séparé avant le départ. Le mâle vola tout d’abord vers Hanovre (Allemagne),
alors que la femelle se trouvait à Châteauroux, ville qu’elle quitta le 30 août pour se retrouver 3 septembre dans le centre de l’Espagne. Le 8 septembre traversa le détroit de Gibraltar pour arriver à Marrakech (Maroc) où elle en profita pour se reposer et refaire le plein d’énergie.
Elle se trouvait en effet devant la partie la plus difficile du voyage, passer l’Atlas et voler au-dessus du Sahara sans avoir l’occasion de boire ou de manger.
Elle atteignit le Sud, la Mauritanie (5.000 km) exactement, le 22 septembre. A ce moment-là, son partenaire devait encore quitter l’Allemagne.
Mais le 23 octobre, les deux oiseaux se trouvaient tranquillement côte à côte en train de pêcher dans une rivière du Sénégal. Les cigognes noires ont ensuite fait parler d’elles. Les journaux ont relaté (7/10/98) les attitudes stupides de chasseurs français et allemands qui, pour leur seul plaisir, ont tiré sur des cigognes, faisant de nombreuses victimes. Parmi celles-ci, il y avait un des oiseaux bagués en Belgique. Le plus inquiétant, c’est que les autorités françaises ont eu peur de prendre des sanctions contre ces chasseurs fautifs le malgré l’existence d’une loi dure.
Dans mon article de 93, je parlais également des limites de la recherche en matière de migration suite au poids de l’émetteur. Les raisons sont de nature énergétique. Ainsi, il faut savoir qu’une surcharge pour le harnais et l’émetteur équivalente à 2,5 – 5% du poids corporel d’un pigeon correspond pour cet oiseau à une diminution de la vitesse de plus de 25% et à une augmentation de la consommation d’énergie de 41 à 52%.
Il n’était donc provisoirement pas possible d’appliquer la télémétrie au pigeon voyageur. Cependant, j’ai entendu indirectement parler des essais qui sont réalisés avec les pigeons puisque le Bulletin National de septembre/octobre 1998 demandait de signaler à l’Institut Zoologique de Francfort les pigeons qui auraient été trouvés porteurs d’un harnais et d’un petit sac sur le dos.
Je ne sais rien de plus et suis donc impatient de connaître les premiers résultats scientifiques.
Un article intéressant: « Logistique des oiseaux migrateurs », est paru sous la plume de deux biologistes néerlandais, Dr. B. Ems et Dr. M. Klaassen, dans un périodique de haut niveau « Natuur en Techniek » au mois d’avril 98.
C’est ainsi que nous avons été mis au courant des résultats des recherches effectuées avec un tunnel révolutionnaire équipé d’une soufflerie. Cet équipement a permis d’obtenir beaucoup de nouveaux renseignements.

 

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire, il y a quelques années, sur les possibilités d’utilisation de tels tunnels chez les oiseaux et le pigeon en particulier. Il s’agit de faire voler un oiseau dans un tunnel face à un courant d’air (créé par une soufflerie) de telle sorte que son déplacement à l’intérieur de ce tunnel soit nul.
Les premiers essais furent réalisés par Vance Tucker (USA) en 1966 avec des perruches qui pouvaient tenir l’air pendant un maximum de 2 minutes.
Vingt ans plus tard, Nachtigal (Saarbrücken) réussit à faire voler pendant 3 heures une variété spéciale de petits pigeons. Le nouveau tunnel a été construit de manière à éviter toute turbulence du flux d’air. Il y a de plus de la place pour une personne qui peut accompagner et exercer l’oiseau.
Les biologistes néerlandais ont réussi pour la première fois à faire voler un oiseau de petite taille, pendant 16 heures d’affilée à la vitesse de croisière de 10 mps. Il s’agissait d’un rossignol. Cet oiseau nidifie en Europe du Nord et passe l’hiver en Afrique du Sud.
En automne ce même oiseau a volé un total de 176 heures dans le tunnel, fournissant ainsi une prestation de vol équivalente à une migration de 6.300 km (ce qui est beaucoup plus que la distance entre son territoire de nidification et l’Afrique du Sud).
En pesant l’oiseau chaque fois avant et après les vols, ces chercheurs ont pu établir les coûts énergétiques (donc l’utilisation d’énergie, provenant presque exclusivement des graisses). Leurs résultats sont de loin inférieurs (41%) à tout ce qui avait été établi sur des essais de vol de courte durée avec d’autres appareils et des essais réalisés au moyen de chocs électriques appliqués aux muscles pour imiter le vol.
Ces essais et d’autres ont amené les biologistes à réfléchir aux difficultés que doivent solutionner les oiseaux pendant leur vol de migration.
Ils doivent, par exemple, attendre d’avoir atteint le poids idéal sans toutefois s’enrober d’un excès de graisse. Lorsque ce moment est arrivé, ils doivent arrêter de chercher de la nourriture et partir pour une première halte appropriée. S’ils sont trop légers, ils doivent rester plus longtemps sur place et continuer à bien s’alimenter. Par contre, si cela doit durer trop longtemps, ils risquent d’arriver trop tard à destination. Les biologistes néerlandais font remarquer que les oiseaux n’ont pas besoin de faire appel aux mathématiques pour effectuer toutes ces opérations, puisqu’ils possèdent déjà tous les futurs plans de vols: les meilleurs instincts ont été sélectionnés lors de l’évolution par la nature.
Au début du mois d’avril 96, les biologistes néerlandais ont débuté avec un autre projet qui concerne des petits cygnes passant la période hivernale au Danemark, mais également dans les Pays-Bas jusqu’au Zwin (Knokke). Un collier émetteur fut fixé sur quelques oiseaux.
Le vol de migration vers le territoire de nidification a été suivi pour un des cygnes. Au cours de ce vol, plusieurs haltes ont été notées. Il s’agit d’endroits ayant permis à l’oiseau de s’alimenter et de « recharger » ses réserves en énergie. A un de ces endroits, se trouvait une équipe scientifique afin de prendre des mesures.
On peut donc s’attendre à la publication de résultats intéressants. Quand on examine l’entièreté du chapitre sur la migration des oiseaux, on se rend compte alors que l’homme est presque capable de passer à la recherche concernant les organes des sens qui interviennent successivement lors de l’orientation pendant le vol de migration. De plus, il est également tout près de percer le mystère du métabolisme des oiseaux pendant les différentes phases de leur migration.

Post scriptum.

Pendant la rédaction de cet article, la T.V. montra un reportage concernant un essai sur des cigognes nées à Planckendael. Ces dernières ont été équipées d’émetteurs et suivies pendant leur vol migratoire. Dans le prochain numéro sera publié un article à ce sujet de Wim Van den Bossche et Kris Struyf du parc zoologique de Planckendael.

A suivre……..

[ Source: Article édité par Prof. Dr.G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]

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