Parlons de maladies et soins de nos pigeons
17 avril 2021 Par admin

Parlons de maladies et soins de nos pigeons

Parlons de maladies et soins de nos pigeons

«Parler de quatre sujets dans une seule chronique, n’est-ce pas un peu exagéré ?». C’est là la question que beaucoup d’amateurs se poseront en lisant ce titre. Minute, s.v.p.. Mon intention n’est pas de traiter plusieurs sujets à la fois, mais plutôt de m’en tenir à une idée bien définie, à laquelle j’ai voulu m’attacher à plusieurs reprises déjà. Lors de mes multiples visites chez certains amateurs, et des échanges de vue qui en sont advenus, il m’a souvent été donné de constater que le colombophile contemporain s’adonne plus aisément aux cures de toutes sortes, les piqûres et les médicaments, plutôt que de chercher à prendre toutes précautions, par ex. par de soins réguliers et de qualité, pour ne pas être obligés de recourir à ces remèdes.



PREVENIR LES ACCIDENTS
Hâtons-nous de déclarer de prime abord que je n’ai guère l’intention d’entrer dans les détails en ce qui concerne les maladies telles quelles. Je ne suis pas vétérinaire de mon métier, et tout ce que je sais sur les pigeons m’a été appris par l’expérience à elle seule.
Je voudrais toutefois consacrer quelques lignes aux accidents qui peuvent se produire dans les colombiers, parce que j’estime que la plupart d’entre eux pourraient être évitées. Un amateur à la page agira de la sorte que l’installation de son pigeonnier, ainsi que l’achèvement de celui-ci, soient de telle nature qu’il est pratiquement exclu de se voir confronté à des surprises désagréables.
Ce qu’il faut éviter en tout état de cause, c’est que les sujets puissent se blesser en s’accrochant, soit par l’aile, soit par la bague, à quoi que ce soit. Ce qui signifie d’éviter toute pointe saillante, et surtout aucun clou ni quelque crochet à I’intérieur du colombier. Prenons également soin que le lattis — auquel nous avons peut-être songé en construisant notre pigeonnier — ait des fentes d’au moins 45 millimètres, pour que le pigeon, sans devoir craindre la moindre blessure, puisse en retirer la tête aux fins de se dégager de la sorte.
Finalement, chaque colombier adéquat devrait présenter l’aspect — à l’intérieur. du moins —d’une boite finement construite en bois choisi à bon escient, de préférence sans aucun coin ou angle pointu, mais aussi sans fentes ou des restes aussi inutiles qu’épaisses et du fait absolument nuisibles à l’entièreté de la construction, ayant en définitive comme conséquence irrémédiable que la chance réservée aux parasites dans quel-que coin obscur reste assez réelle, ce dont il résulte un entretien beaucoup plus compliqué étant donné que la vermine et la poussière ont plus de chances de s’y loger.

GARDER LA SANTE INTACTE
Ces temps derniers il m’est arrivé de plus en plus de devoir répondre aux questions pressantes, posées par quelqu’ami belge ou étranger, ayant toujours le même timbre : «Gust, que faut-il que je fasse pour tenir mes pigeons en parfaite santé (soit pour les y amener) ?». La plupart des gens semblent ainsi avoir conscience du fait que prévenir vaut mieux que guérir. Mais — et c’est ici que le bât blesse — j’ai l’impression particulièrement ferme qu’ils espèrent en tout premier lieu à ce que je lance le nom de l’un ou l’autre produit miraculeux, lequel leur permettrait à coup sûr d’atteindre les mêmes résultats positifs, que ceux inhérents à des soins calculés et raisonnés. Cela, hélas pour ces gens-là, ne saurait être le cas, et bien heureusement, oserais-je ajouter, pour le sport en soi.
D’ailleurs, plusieurs autres questions formulées, semblent avoir la même tendance. «Que puis-je donner à mes pigeons pourqu’il me soit possible de les accoupler au moment opportun et en bonne condition, sans que cette opération doive me coûter trop de temps et de peine ?», ou «Quelles cures seraient à conseiller à l’approche de la saison sportive ?» ou encore «N’y a-t-il pas de moyen pour que je puisse tenir mes pigeons dans une santé parfaite tout au cours de la saison des compétitions ?
Tout cela, en somme, revient au même, et l’on pourrait tout aussi bien me demander carrément : N’y a-t-il pas moyen de remplacer les besognes à accomplir dans nos installations par l’application de systèmes basés sur des formules chimiques ?» Tout cela ne me dit, en général, rien qui vaille quant à «l’amour du sport» étalé par les «amateurs» en question. Surtout que, pour ma part, l’entretien du colombier en soi forme un élément prépondérant dans le hobby qu’est pour moi la pratique de notre cher sport. C’est à mes yeux une part inséparable du jeu tel quel, étendue sur une saison entière. Pour beaucoup, par contre, cela paraît constituer une surcharge à éviter d’urgence, pour ne pas dire une «corvée», qu’il y au-rait lieu de limiter à son plus strict minimum.
A toutes ces questions il n’y a pourtant qu’une réponse valable : «Tâchez de disposer de colombiers sains et secs, et bien entretenus, c’est-à-dire que vous les nettoyez journellement (aussi bien au cours de la saison dite «morte»), ne garder que des pigeons de forte constitution, sains de par leur nature, et surtout, arrangez-vous de telle façon que les soins à administrer à vos colombes soient aussi judicieux que bien rai-sonnés toute l’année durant, régulièrement adaptés à la saison en cours».

PROPRETE : ATOUT MAJEUR
Du point de vue d’hygiène et des soins en vue d’une santé idéale, ainsi qu’en ce qui concerne le combat contre la maladie, la propreté du colombier reste, à mes yeux, un atout précieux, sinon décisif. Or, il m’a maintes fois été donné de constater que c’est précisément cette thèse qui est, la plupart du temps, perdu de vue, dans une indifférence qui frôle le «je m’en foutisme».
Toute l’année durant il y lieu de nettoyer son colombier au moins une fois par jour, aussi, et surtout, en hiver — mais alors de façon approfondie, se servant d’une raclette, après quoi on aura soin de rassembler le tout au moyen d’une brosse. Dans un colombier à la page, il devrait y avoir moyen «de manger à même le plancher».
Les abreuvoirs, quant à eux, doivent avoir leur part dans cette propreté générale. C’est pourquoi mes préférences vont aux modèles, dont les ouvertures sont assez larges, ou dans lesquels, je puisse facilement introduire la main pour en écurer à mon aise aussi bien le fond que les bords. Cela ne signifie en rien que l’on devrait aller jusque l’exagération. Il y a peu de temps je rendis visite à un ami colombophile, lequel avait pris l’habitude de bouillir chaque jour les abreuvoirs. Certes, il n’y a rien de répréhensible à cette façon d’agir, mais cela n’en constitue pas moins une besogne absolument superflue, et une perte de temps. Nous devons nettoyer une fois par jour, mais si, par hasard, il nous arrive de l’avoir omis une fois pour quelque raison que ce soit, il n’y a certes pas lieu de s’inquiéter outre mesure.
Beaucoup plus important sera de veiller incessament à la propreté du milieu environnant le colombier. On aura surtout les yeux fixés sur les toits plats et les gouttières, et pour autant que cela nous paraisse possible, il faudra les tenir dans un état d’une propreté parfaitement stable. Surtout là où nous aimons à ce que les pigeons disposent d’une liberté illimitée, il y a lieu de se rendre compte du fait que nulle part dans les en-virons il y ait quelque danger d’infection dès que les pigeons s’y précipitent. Enfin, il sera nécessaire d’y aller d’une désinfection totale du colombier au moins deux fois par an, ainsi que des accessoires et des objets nécessités à la pratique de notre cher sport. Je le fais régulièrement moyennant une solution d’un demi litre d’eau chlorée (Javel) sur dix litres d’eau pure, laquelle solution servira à une écuration approfondie des installations complètes. En agissant de la, sorte on pourra déjà. exclure pas mal de misères.

DES PIGEONS SAINS PAR NATURE
Des gens faibles et malades ne sauraient, même dans les conditions de vie les plus idéales et les plus adéquates, devenir des athlètes. Il va de soi que cette thèse est également de mise en ce qui concerne les pigeons. C’est pourquoi il sera d’une nécessité absolue de bâtir notre race sur une tribu saine et robuste à outrance, ce qui n’est pas là même chose qu’une race devenue célèbre (parfois de façon artificielle). Des su-jets, disposant d’une résistance robuste et in-née contre tout mal ordinaire ou chronique, pour ne pas parler des infections. Ces pigeons-là, eux, n’auront guère à se soucier de quelque moyen artificiel, à condition d’être abrités dans un colombier sain et sec. Leur santé restera sans aucun doute parfaitement intacte et leurs résultats seront à l’avenant. En aucun cas nous ne saurions oublier qu’en somme nous tenons des pigeons en vue de participer aux concours. Il en ressort qu’ils doivent être aptes à voyager dans des paniers, sans qu’ils aient à craindre, au moindre contact, de voir la contagion être leur sort, et d’attraper ainsi quelque maladie. Un homme sain voyage également dans des wagons remplis de gens parfaitement inconnus, lesquels peuvent manifester quelque rhume intense, voire être grippés. Un gaillard robuste, tout à fait sain de par sa nature, ne craindra guère quelque danger en l’occurence. Le même phénomène devrait se produire chez un pigeon de constitution saine, lequel peut fort bien se voir hébergé dans un panier contenant un ou plusieurs sujets contaminés.
Cette remarque n’empêche pas moins que l’on devrait, dans chaque local colombophile, au cours de la saison des compétitions, avoir le courage de refuser tel ou tel pigeon, manifestement porteur de quelque symptôme d’une maladie quelconque. De la sorte on épargnera pas mal d’appréhensions aux membres qui n’enlogeront que des pigeons parfaits du point de vue santé. Ces derniers temps on ne saurait se soustraire à l’impression que certains chroniqueurs ont tendance à recommander un traitement spécial à tout sujet qui a été enlogé, ne fût-ce qu’une seule fois. De tels faiblards, on ne saurait en faire usage en vue des concours, et, ce qui plus est, on devrait se méfier fermement là où il s’agit de se former une tribu à soi, à force de devoir se servir de sujets qui ne s’avéreraient nullement capables à produire la moindre résistance là où il s’agit d’un contact quasi normal — dans les paniers — avec leurs congénères. Certes, il peut s’agir d’assez beaux sujets à regarder — des plantes de serre — mais ils ne sont guère créés pour inhaler l’air pur et encore moins pour accomplir, avec quelque chance de succès, le la-beur pur, qui consiste dans la pratique simultanée des concours et de l’élevage. C’est vraiment trop leur demander.



DES MEDICAMENTS QUAND MÊME?
De nos jours un énorme usage abusif de multiples médicaments est à constater, la plupart du temps — et surtout — par la gent humaine. Combien d’entre-nous ne pratiquent-ils pas la médecine sur eux-mêmes en avalant des pilules et des rogues de toutes sortes contre la migraine ou pour combattre leur tension nerveuse, ou bien parce qu’un ami ou un membre de la famille «a manifesté les mêmes symptômes, et s’est vu adjuger quelque médicament concluant».
Cela aussi se produit au colombier. Là aussi pas mal d’amateurs agissent de façon irresponsable et étourdie. Nous apprîmes même des cas où certains soi-disant colombophiles servirent à leurs volatiles les médicaments que leur médecin traitant venait de prescrire soit pour leur propre besoin, soit pour celui de leur épouse ou de leurs enfants. D’autres s’achetèrent témérairement l’un ou l’autre médicament destiné aux pigeons, et provenant d’un ami colombophile, «par-ce que chez ce dernier le produit en question avait fait des miracles». Ceux qui agissent de la sorte en seront certes pour leurs frais, soyez-en convaincus.
Des médicaments — et cela vaut pour chaque cas en particulier — on ne s’en servira qu’en des cas bien définis, et encore en suivant l’avis de quelque connaisseur, voire d’un vétérinaire. C’est alors seulement que l’on saurait éviter des catastrophes, ainsi que la perte de pas mal d’énergie et de capital.
Je ne me gênerai nullement en alléguant ici que beaucoup plus de pigeons sont gâchés à ja-mais que l’on n’en voit guérir par un emploi irraisonné des médicaments ou soi-disant «moyens miracle». Surtout, ne gaspillez jamais votre patience ni votre argent, en vous vouant aux conseils de l’un ou l’autre charlatan, lequel vous offre un moyen dont il ne connaît, la plupart du temps, les effets, lui-même, soit qu’il vous donne quelque chose ayant l’air de vous plaire, dans le seul but d’y gagner quelque galette… mais sou-vent au détriment de vos pigeons.
Si, en me bornant aux médicaments en soi, j’aurais un conseil à formuler, il s’agirait d’un produit recommandé en l’occurence par des gens de science, spécialisés en la matière. C’est ainsi que naguère me vint sous les yeux une oeuvre traitant des maladies, écrite par éminent homme de science, lequel j’estime au plus haut degré pour ses ouvrages scientifiques ayant toutes une teneur plus qu’appréciable, et lequel, en surplus, s’est avéré en maintes circonstances en connaisseur averti des pigeons. Ce qui me frappa dès le premier abord, c’est qu’il ajoutait lors de l’énumération de telle ou telle prescription une phrase qui en dit assez long à mon avis, notamment : «Attention à ceci ou à cela», ce qu’il fit suivre invariablement par un conseil jamais assez apprécié : «L’exagération ne saurait qu’être nuisible».
Voilà de sages paroles émanant de quelqu’un qui en sait davantage, et auxquelles je m’associe complètement. Des médicaments, des cures et tout ce qui a trait au domaine vétérinaire, en tant que combatteurs des maladies, reste le domaine privilégié de l’homme de métier, lequel, partant de ses connaissances, apprises à l’université, ac-couplées à l’expérience vivante, est seul expert en la matière. C’est de cela que beaucoup trop de gens n’ont pas encore la moindre notion, parce que pas mal d’entre eux s’imaginent être assez malins et lucides «pour qu’ils puissent eux-mêmes jouer au docteur auprès de leurs pigeons.
Celui qui agit de la sorte, aura à payer assurément un lourd tribut d’apprentissage, alors que ses pigeons en seront les victimes en tout premier lieu.

[ Source: Article édité par M. Gust Ducheyne – Revue PIGEON RIT ] 

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