Pipants Morts Nus – pigeon voyageur
Chaque année des amateurs me consultent au sujet de pipants trouvés morts au nid alors qu’ils n’ont pas encore de plumes. Il arrive que des batailles font des dégâts, mais la mort provient plutôt de l’une ou l’autre maladie.
– La paratyphose est le plus souvent en cause. Il arrive que les adultes présentent des symptômes de la maladie, mais on ne découvre généralement rien à l’œil nu. Les petits morts proposés à un examen (à garder au frais, mais pas au congélateur) sont examinés au standard du paratyphus. J’ai obtenu les meilleurs résultats avec le trimethoprim sulfamethoxazole (tmps) comme thérapie.
La mortalité est rapidement interrompue en général après l’application du médicament.
– La trichomoniase est souvent en cause également. La cure en cours de couvaison ne garantit pas qu’il n’y aura pas de problème à la naissance des
pigeonneaux. On traite toujours beaucoup via l’abreuvoir. Les pigeons boivent généralement trop peu alors et le géniteur du mal résiste. Donnez plutôt la cure sur les graines.
– Moins connue l’infection par Coli E est néanmoins courante.
Cette bactérie peut également tuer les jeunes peu après la naissance. Cela va parfois de pair avec l’inflammation du nombril et des restes d’embryons de l’oviducte. Les sujets très touchés peuvent gonfler du ventre. On peut les traiter avec le temps, mais dans certains cas d’autres antibiotiques agissent mieux (comme prouvé par le test de sensibilité aux antibiotiques).
– Depuis 1995 on repère aussi des circo-virus chez les jeunes morts en Europe. La maladie sévit chez les jeunes de six semaines à un an. C’est à l’âge de quatre mois que l’on découvre le plus grand nombre de cas. L’examen montre que le virus garde le dessus sur les médicaments (comme le SIDA chez les humains). On le trouve dans la bourse de Fabricius, la rate et les tissus lymphoïdes. Il n’est toujours pas parfaitement défini comment l’infection se développe. Les symptômes de la maladie sont: mauvais épanouissement, manque d’appétit et diarrhées en de nombreux cas. L’affaiblissement de la résistance rend les pigeons sensibles à toutes sortes d’infections (paramyxo, paratyphose, herpès etc.). Seul un laboratoire spécialisé peut fournir un diagnostic valable. Les jeunes qui survivent à l’infection semblent être plus vite sujets à d’autres maladies dans le courant de leur existence.
L’infection provoque toujours peu de mortalité parmi les jeunes présentés dans mon cabinet.
Nous ne disposons toujours pas d’une thérapie adéquate (immunité contre les infections bactériennes secondaires et maintien d’une forte résistance).
Restes du jaune d’œuf
On m’a présenté récemment la dépouille d’un jeune nu avec du jaune d’œuf pendant sous le ventre. Le jaune d’œuf est une prolongation de l’intestin et il pend normalement hors du nombril du jeune lorsqu’il est encore dans l’œuf. Le jaune d’œuf nourrit le jeune qui s’épanouit dans l’œuf. En plus de matières nutritives il contient des anticorps qui protègent le jeune contre les différentes infections au cours des premières semaines après sa naissance. On appelle cela l’immunité maternelle (= que le jeune reçoit de sa mère).
Au moment de l’éclosion le jaune d’œuf (consommé pour la plus grande partie) se rétracte à l’intérieur et le nombril se referme. Cela se passe mal de temps à autres et le jeune naît alors avec un reste de jaune d’œuf au bas du ventre. Dans la plupart des cas, ces jeunes meurent. La mort est généralement conséquente à une infection du ventricule. L’examen bactériologique a montré que diverses bactéries peuvent être en cause (E-coli , Streptocoque, Proteus et Clostridium).
Chez les poules et les dindes les problèmes du jaune d’œuf apparaissent le plus souvent parce que les couveuses n’ont pas été nettoyées à fond.
L’infection du petit être passe au travers de la coquille de l’œuf. Il semble y aller de même avec les œufs de pigeons. Nous découvrons beaucoup plus d’infections bactériologiques du nombril lorsque les œufs du pigeon voyageur ont été lavés avant la couvaison. Ne lavez donc jamais un œuf de pigeon sale.
Faites en sorte qu’ils ne se salissent pas en pratiquant une hygiène parfaite au colombier et présentez au moins une fois la semaine un bain à vos pigeons.
La paramyxo des jeunes
Un amateur m’a révélé récemment qu’après avoir vaccinés ses pigeonneaux contre la paramyxovirose ils en ont été malades chaque fois ces trois dernières années. Il voulait savoir si le vaccin employé était en cause. La question en pose beaucoup d’autres. Le diagnostic de la paramyxo était-il confirmé et indiscutable? On peut confondre avec les symptômes d’autres maladies telle la paratyphose (fientes vertes et torticolis également possibles).
Autre question subsidiaire: les symptômes de la maladie sont apparus à quel moment?
La vaccination provoque la formation d’anticorps nécessaires pour tenir tête à la maladie, dans le corps du pigeon. Il faut du temps pour produire ces anticorps. Il est probable que les pigeons soient infectés par le virus paramyxo avant que les pigeonneaux aient pu produire les anticorps en suffisance. Les jeunes sont alors confrontés au virus avant que la protection est activée.
Comme la résistance naturelle du pigeon faiblit quelque peu après la vaccination (perceptible au manque d’appétit, ils se tiennent en boule et souffrent par exemple de coli) les pigeons sont aussi sensibles à toutes sortes d’autres infections alors.
Dans ce cas il faut connaître la source productrice de la paramyxo (pigeons d’agrément dans le voisinage, tourterelles, pigeons non vaccinés au colombier). Il est probable que l’effet de l’infection a été moins fort chez les jeunes nés plus tard à l’avant-saison, ils viennent alors au monde dans un colombier où tous les vieux ont été vaccinés.
Le danger de buter sur la paramyxo est nettement réduit pour ces jeunes alors.
Moralité de l’histoire: les pigeonneaux peuvent attraper la paramyxovirose dès les premiers jours après la vaccination et jusqu’à ce qu’ils ont produit des anticorps en suffisance pour résister à la maladie.
Le vaccin employé n’y est pour rien.
Administration de médicaments
Je voudrais parler des nombreuses interventions fautives dans l’administration des médicaments. Les produits prescrits pour les voies respiratoires contiennent de la doxycycline dans bien des cas.
La présence de calcium réduit sensiblement l’action de cette substance. Retirez donc tout calcium du colombier lors d’un traitement (grit, poudre minérale, etc.). Le médicament voit également son action réduite dans l’eau dite « dure ». Certaines étiquettes, mais pas toutes, mentionnent cette précaution à prendre. Dans le doute éliminez donc toute source de calcium au colombier lorsque vous pratiquez une cure.
– On m’a présenté récemment un pigeonneau dont les muqueuses étaient abîmées. La muqueuse de la gorge semblait même avoir été brûlée. A ma question de savoir, où et comment me fut répondu que le pigeonneau présentait des symptômes de E-coli depuis deux jours (il mangeait et buvait moins que d’habitude). Son maître avait cru bien faire en le traitement individuellement et en lui versant quelques gouttes de Baytril dans la gorge (craignant qu’il ne boive pas suffisamment).
Ce médicament attaque malheureusement et parfois sévèrement les muqueuses. Dans ce cas la thérapie produit tant d’effets négatifs que la maladie.
Si vous désirez traiter un pigeon individuellement, choisissez plutôt une pilule ou une tablette spécialement conçue à cet effet.
– Un amateur a attiré mon attention sur le fait que les médicaments au Ronidazole se diluent difficilement. Il est possible de remédier à cela en additionnant un produit suret à l’eau; du vinaigre de pommes par exemple. L’activité du médicament peut être ainsi améliorée, même si le pigeon boira moins d’eau vinaigrée.
Mieux encore: on évite carrément le problème en passant le produit sur les graines.
– Une simple intervention contre les poux peut poser problème.
Plusieurs produits ne peuvent être appliqués sur la peau nue; ils sont conçus pour être étendus sur le plumage. Si on ne s’en tient pas à la méthode d’emploi, on peut atteindre la peau et détériorer les follicules. On crée des espaces chauves où ne poussera jamais plus une plume.
Ne dépassez jamais non plus la dose (quantité) mentionnée sur l’étiquette. Un excès de médicament peut produire de mauvais résultats. Tenez-vous aux prescriptions de la notice et vous rencontrerez rarement des problèmes.
Il existe des antiparasites à verser dans la gorge qui agiraient également contre les vers. Pas mal de ces médicaments menacent d’abîmer les muqueuses. Les pigeons ne se classeront plus bien durant quelques semaines. Gare donc!
Injections
Les injections dans le cou des pigeons sont de la compétence du vétérinaire; il n’empêche que dans la pratique les amateurs « piquent » eux-mêmes les pigeons avec des antibiotiques. Certains de ces antibiotiques peuvent produire des réactions inattendues. En plus des traces que laissent les injections (hématomes) peuvent encore apparaître des espaces chauves dans le cou. Les préparations avec de la doxycycline produisent généralement des tâches de nécroses profondes. Qui veut quand même injecter de la doxycycline peut savoir que le produit présenté par la firme Pfizer donne les meilleurs résultats. Je ne recommanderai généralement pas d’injecter cet antibiotique à un pigeon. Le pigeon réagit autrement qu’un chat ou un chien. Le Baytril peut également créer des espaces chauves après injection. Confiez plutôt ce petit travail à un vétérinaire spécialisé en pigeons de sport.
[ Source: Article édité par Dr. Nanne WOLFF – Revue PIGEON RIT ]
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