Poquettes – pigeon voyageur
Des pigeons sains, touchés par la variole se rétablissent rapidement, sans qu’on leur administre des médicaments. Il suffit de les héberger dans une cage bien aérée et de leur fournir beaucoup de levure de bière. Le pigeon qui a eu une fois des poquettes, est immunisé pour la vie.
Tous les colombines peuvent avoir des poquettes. Les poules y sont peu sujettes mais elles peuvent tout de même être touchées. Cette poquette n’est transmissible ni à l’homme ni aux mammifères. La maladie peut être transmise par contact direct, comme à la mise en loges, ou par des insectes sangsues. Ceux-ci restent porteurs toute leur vie, mais ils ne transmettent pas le mal à leur progéniture. Le virus se propage également par les érosions de la peau. Lorsque le pigeon est infecté, il faut de 10 à 20 jours pour qu’apparaissent les symptômes spécifiques. Au départ de la peau et des muqueuses, le virus peut aussi attaquer les organes intérieurs (e.a. les poumons). Il ne faut pas confondre la diphtérie avec la tricho ou I’herpes lorsqu’apparaissent des nodosités jaunes dans la gorge.
La forme variolique (poquettes) est cependant la plus courante. C’est encore le cas cette année dans ma clientèle. Les poquettes pullulent sur les paupières, dans la bouche et à l’extérieur du bec. On en trouve parfois sur les pattes et, mais très rarement, sur la peau recouverte de plumes. Le pigeon atteint peut en mourir, mais s’il est résistant et sain, son immunité naturelle provoquera l’assèchement et la chute des poquettes. Le tout en l’espace de une à trois semaines. Le diagnostic se pose par l’image. On peut trouver confirmation en procédant à un examen histologique d’un morceau de la peau ou en développant le virus sur des oeufs de poules.
Prévention
On peut prévenir en vaccinant les pigeons. En injectant un vaccin qui agit également contre la paramyxovirose. Cette injection provoque régulièrement une forte chute de la condition physique, ce qui favorise l’apparition de E-coli chez les pigeonneaux. Il faut vacciner chaque année, malgré quoi je constate de nombreuses rechutes à ma consultation. On peut aussi pratiquer la méthode dite folliculaire. Elle consiste à arracher 10 à 15 petites plumes sur la cuisse et de frotter le vaccin par dessus. On ne peut étendre du produit sur des follicules ensanglantées. Le reste du vaccin peut être jeté après usage car il n’opère que durant quelques heures. Il faut contrôler les pigeons vaccinés après six jours. Les follicules doivent être gonflées. Ne laissez pas les pigeons se baigner dans la semaine après la vaccination. Le vaccin contre les poquettes est « vivant », mais les pigeons fraîchement traités ne passent pas le virus à d’autres. Il est utile d’informer la société de toute apparition de poquettes. Les amateurs qui ne seraient pas encore touchés pourraient vacciner en hâte. Deux semaines après avoir été injectés, les pigeons n’ont plus rien à craindre. On peut aussi vacciner les pigeons qui sont atteints ; ils guérissent plus vite. Les amateurs qui vaccinent sans avoir des poquettes au colombier peuvent participer aux concours sans problème. La réaction au vaccin (après six jours) rend les pigeons malades. Pour cette raison il est conseillé de vacciner six semaines avant le début de la saison.
Pour que la vaccination des pigeonneaux déclenche une bonne immunité, il faut qu’ils aient six semaines d’âge. Cela n’interdit pas de les vacciner à quatre semaines si besoin en est. Une colonie qui a été infectée ne peut participer à la compétition que si on ne découvre aucune nouvelle atteinte dans la semaine après la vaccination.
Carences et excès
Figure 3: le pigeon respire par ce tubule dans le ventre
A = larynx B = poumon C = sacs aériens avants D = sacs aériens arrières tuyau
Le pigeon sain peut extraire de sa nourriture tous les ingrédients nécessaires à son bon comportement. C’est probablement pourquoi on décèle rarement un manque de vitamines. La maladie, la mue ou une épreuve éprouvante peuvent causer un besoin accru de certains éléments nutritifs et provoquer une carence. Certains médicaments risquent de détruire les vitamines. On peut remédier à ces carences via l’eau ou les graines. Il y a neuf ans, j’avais un petit colombier expérimental à l’Université d’Utrecht dans lequel j’ai tenté quelques expériences sur l’insémination artificielle du pigeon voyageur, pour préparer ma licence. Les pigeons ne recevaient que du mélange d’élevage et du gravier, mais pas de vitamines, de minéraux ou même du grit. Quelques jours après leur naissance, les pipants présentaient des os déformés. Quelques-uns ne pouvaient même pas se tenir sur leurs pattes. La section pathologie diagnostiqua une décalcification des os. Ces symptômes ont disparus après quelques jours de grit, de minéraux, de vitamines D et d’une boisson riche en calcium et en phosphore. Les adultes ne présentaient pas d’anomalies. On comprendra qu’une carence ou un excès nutritif provoque une baisse de la condition physique et même l’une ou l’autre maladie. Certaines vitamines peuvent devenir nuisibles par trop fortes doses. Le surdosage en vitamines A irrite la muqueuse conjonctivale et peut, dans des cas graves, provoquer de la décalcification osseuse et une douloureuse artériosclérose. Une dose excessive de vitamines D est nuisible à la constitution de l’ossature. Les produits destinés à l’homme ou à des animaux autres que le pigeon ne sont pas sans danger. Il ne faut pas croire que: ce qui est bon pour l’homme doit l’être pour les animaux. H est à conseiller de s’en tenir à des vitamines spécialement conçues pour les pigeons. En saison de concours on peut choisir une préparation de multi-vitamines ou une forte dose de vitamines B additionnée d’oligo-éléments. En fournissant ces produits en alternance, le risque de voir apparaître des carences est très limité. Les pigeons réagissent bien aux vitamines B1, B2, B6 et B12. La B1 augmente l’énergie et accentue la forme. Un excès de vitamines B ne semble pas être nocif. Retenons que les prestations ne s’amélioreront pas si nous donnons beaucoup de vitamines, mais qu’elles diminuent en cas de carences.
Fortifiants musculaires
Le marché actuel présente énormément de produits complémentaires. La plupart de ces fortifiants musculaires (la Créatine e.a.) parviennent de produits destinés aux bodybuilders. On n’a pas fait beaucoup de recherche sur l’action de ces produits sur le pigeon voyageur. Au cas où ils développeraient réellement la masse musculaire, on peut se demander ce que le pigeon peut en faire.
Le sportif en force a beaucoup de muscles et relativement peu de vaisseaux vasculaires pour éliminer les déchets produits par l’effort durant l’exercice. C’est la raison pour laquelle il produit rapidement de l’acide lactique et que ses efforts ne peuvent être que de courte durée. Le marathonien (sport d’endurance) dispose de relativement peu de muscles mais de beaucoup de vaisseaux vasculaires pour éliminer les déchets. A temps d’effort égal, il produit moins de déchets que l’haltérophile et il les élimine plus rapidement. Il peut produire son effort plus longtemps. Contrairement au coureur des 100 mètres (en force), le marathonien (endurance) n’a rien à une musculature très développée. Devons-nous classer le sport colombophile dans les sports de force ? Même dans les courses de vitesse l’effort à produire est relativement long. L’avantage d’être très musclé pourrait se traduire par une production plus rapide d’acide lactique alors. Personnellement j’estime ces suppléments superflus et plutôt nuisibles. Le bon pigeon peut s’en passer pour bien voler.
Le pigeon oppressé
Il y a peu un homme, porteur d’un pigeon, s’est précipité dans mon cabinet en criant: « Vite docteur 1 Il étouffe ! » A première vue il apparaissait que les muqueuses de l’oiseau étaient mauves. En regardant la gorge de plus près, rien ne paraissait anormal. En pareil cas le vétérinaire doit agir vite. Après avoir arraché quelques plumes du ventre (juste devant le genou) et pratiqué une petite incision, un fin tuyau fut glissé dans l’un des sacs aériens arrières. L’air est alors inspiré par l’incision via le ventre dans les sacs aériens. On peut même bloquer le nez et le bec du pigeon, il respire normalement via le petit tuyau dans le ventre. Traité de la sorte, le pigeon oppressé retrouve des muqueuses roses en peu de temps. Le pigeon étant hors de danger, je pus le soumettre à un examen plus approfondi.
L’écouvillonnage de la gorge et du cloaque ne révéla pas des cellules infestées. Le larynx fut ensuite aspiré à l’aide d’un petit tuyau. Il en sorti un peu de liquide et lorsque le petit tuyau fut retiré on trouva un petit caillot jaunâtre accroché au bout. L’examen suivant révéla une aspergilose. Après une bonne semaine de repos on remarqua que le pigeon n’était plus oppressé. Il avait bien respiré par le petit tuyau qui lui était implanté. Pour le tester, j’ai pressé l’ouverture du petit tuyau, obligeant le pigeon à respirer par le larynx. Cela ne le gênait pas et ses muqueuses n’étaient plus mauves. Alors qu’il avait été proche de la mort deux semaines plus tôt, il était hors de danger et respirait à nouveau normalement. J’ai déjà sauvé une dizaine de bons pigeons de cette manière. J’ai même pu extraire du larynx d’un pigeon de T. Bours de Elsloo un grain d’orge qui s’y était glissé. Tous les pigeons victimes de pareille mésaventure ne peuvent être sauvés à l’aide d’un petit tuyau foré dans un sac aérien. La cause de l’oppression n’est pas toujours provoquée par le blocage d’un sac aérien. Le tissus pulmonaire abîmé par une infection ne pose pas problème pour l’apport d’air. Les poumons ne sont plus capables de charger suffisamment d’oxygène dans le sang. La maladie des poumons doit alors être soignée le plus rapidement possible. En pareils cas il arrive souvent que le traitement s’opère trop tardivement et que le pigeon meurt. Comme il est possible qu’une grande partie de la colonie soit infectée, il importe d’examiner sérieusement tous les pigeons.
LA RESPIRATION DU PIGEON
Pour bien comprendre l’intervention commentée ci-contre, il faut expliquer comment le pigeon respire. En plus de la gorge, du nez, du larynx et des poumons, l’appareil respiratoire contient aussi de nombreux sacs aériens qui contribuent à organiser une respiration très efficace. A l’inspiration, les sacs aériens arrières s’emplissent d’air riche en oxygène. L’air « consommé » passe des poumons aux sacs aériens avants, A l’expiration l’air passe des sacs aériens arrières aux poumons, alors que l’air des sacs aériens avants quitte le pigeon via le larynx. Le pigeon respire donc en… expirant. Cette action permet au vétérinaire d’intervenir comme décrit ci-contre.
[ Source: Article édité par Dr. N. Wolff – Revue PIGEON RIT ]
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