7 juin 2020 Par admin

Propos de saison – pigeons

(1) Visite vétérinaire

Avant le début des concours, de très nombreux colombophiles consultent le vétérinaire pour effectuer ce qu’ils appellent leur visite annuelle. Il convient naturellement de se présenter à la consultation avec quelques pigeons de chaque colombier ainsi que des fientes prises dans toutes les loges.
En effet, de trop nombreuses fois, les clients se présentent avec un voir deux pigeons. Je ne dis pas qu’il faut amener la moitié de son colombier, mais un minimum de quatre à cinq pigeons est préférable pour se faire une meilleure opinion d’ensemble de la condition des pigeons. Trop souvent également il faut prélever les fientes dans le panier ce qui ne constitue pas la meilleure méthode. Le mieux est d’amener les fientes de deux jours. Quand je dis fientes de deux jours, il ne s’agit pas d’amener 4 kg de fientes mais des morceaux de fientes pris de-ci de-là suffisent amplement. En effet, si les pigeons dans le panier ne présentent pas de problème, peut-être que d’autres du colombier sont eux atteints de vers ou de coccidiose.

Lors de la visite, il s’agira d’effectuer une prise en main des pigeons pour évaluer l’état du plumage, la présence de parasites, l’état d’embonpoint ainsi que l’aspect général du pigeon. Une attention sera également réservée à l’état des voies respiratoires et plus particulièrement de la gorge. Un examen de salive sous le microscope permettra de constater ou non la présence de trichomoniase. Certaines levures peuvent être également visibles lors de cet examen (mycose au niveau du jabot). L’analyse des fientes sous le microscope permettra la recherche de coccidiose et de verminose. La mise en culture des fientes est également conseillée une fois par an pour rechercher d’éventuelles bactéries pathogènes (paratyphose). Pour les clients dont les pigeons ont présenté l’année précédente de nombreux problèmes de voies respiratoires, je réalise de plus en plus souvent une analyse bactériologique de la gorge de ces pigeons. Le but de cette analyse est d’abord de mettre en évidence un ou des germes qui sont responsables de problèmes respiratoires. Si un germe est constaté, un antibiogramme est réalisé dans le but de savoir avec quel produit traiter les pigeons.
En effet, l’antibiogramme consiste à tester sur le germe trouvé toute une série d’antibiotiques dans le but de voir si le germe est sensible ou résistant à ces antibiotiques.

De la sorte nous savons exactement quel produit utiliser tout en ne traitant plus à l’aveugle. Les dernières semaines j’ai mis en évidence de nombreux germes dont une grande partie étaient résistants pour le Baytril. Beaucoup prétendent que le Baytril marche dans tous les cas, que c’est le produit « le plus fort »… Et bien, si ces colombophiles avaient donné du Baytril à leurs pigeons, le résultat était le même que de donner de l’eau claire car les germes étaient résistants. Lorsque les résultats sont connus, je choisis un produit pour lequel le germe est sensible et je donne ce produit 7 à 8 jours environ 15 jours avant les concours. Je choisis alors un second produit sensible que j’utilise en cas de besoin en cours de saison.
Je tente toujours d’utiliser en saison un produit n’ayant pas d’influence négative sur la condition des pigeons. Il est très important de démarrer la saison avec des pigeons qui sont à 100% en ordre car un mauvais départ peut avoir des conséquences sur le reste de la saison.
L’observation de la chute du vieux duvet ne reflète pas énormément d’importance à mes yeux. En effet, la manière dont la colonie a été menée en hiver influence cette chute de duvet.
Je sais que des pigeons en bonne santé perdent généralement facilement leur duvet. Les pigeons qui ont élevé en hiver perdront plus rapidement le vieux duvet que ceux qui ne seront accouplés qu’une seule fois pour un unique couvage. Il s’agit de facteurs extérieurs à la santé du pigeon mais qui influencent la chute du duvet. Je vois également d’un bon oeil un pigeon qui a perdu son vieux duvet mais il m’arrive régulièrement de voir des pigeons qui réalisent de grandes performances et qui ont encore assez bien de ce vieux duvet. Cela pour dire qu’il ne faut pas faire de fixation sur ce duvet.

(2) Maladies chez les jeunes

Au printemps de nombreux clients me contactent pour des problèmes chez les jeunes (amaigrissement, manque d’appétit, mortalité…).
Très souvent il s’agit de problèmes de type Adéno-Coli accompagnés de mauvaises fientes et de mauvaise digestion et vomissements. Dans certains cas la mortalité atteignait également des jeunes au nid. Après analyse bactériologique il s’est avéré que le problème était dû à un streptocoque (streptococcus Gallinarum) bien particulier. En effet tous les streptocoques ne génèrent pas de problèmes chez le pigeon mais uniquement certaines souches particulières. Une fois le diagnostic posé, les traitements mis en route se font sur base d’antibiotiques accompagnés de compléments alimentaires pour soutenir les jeunes et stimuler leur immunité. Dans un prochain article j’aborderai plus en profondeur ces problèmes chez les jeunes.

(3) Problèmes de ponte chez les femelles

Certains amateurs se plaignent de problèmes de ponte (un seul ou aucun oeuf pondu) chez plusieurs de leurs femelles.
Ces problèmes peuvent avoir différentes origines. Tout d’abord, il faut veiller à ce que les femelles ne soient pas trop grasses.
En effet, des femelles trop grasses éprouvent de plus grandes difficultés à pondre.
Un autre problème fréquemment rencontré est le problème d’infection de l’utérus. Lorsqu’une infection est présente au niveau de l’utérus, la fécondation ainsi que la formation de l’oeuf sont perturbées et de ce fait ou bien aucun développement n’est possible ou bien le développement s’arrête à un stade précoce. Lorsque ce type de problème est présent, il est généralement accompagné par un gonflement au niveau de l’abdomen du pigeon (juste en avant de la fourche arrière). Ce gonflement est la conséquence de la présence de liquides inflammatoires et ou de pus au niveau de l’utérus de ce pigeon. Dans le cas d’infection de l’utérus, il faut traiter les pigeons individuellement (peu contagieux) avec un antibiotique adéquat pendant une période de 10 jours environ. Un complément en vitamine E, calcium et vitamine D est également conseillé dans le but de « relancer la machine » et que la femelle puisse à nouveau pondre normalement. Une autre cause d’infertilité chez une femelle est l’absence d’ovules au niveau de l’ovaire. Ces ovules une fois fécondés vont former les futurs oeufs après développement dans l’utérus. Le nombre d’ovules que possède une femelle est déterminé dès la naissance et aucun nouvel ovule ne se formera par la suite. De la sorte, une fois que le chapelet est épuisé, la femelle ne pondra plus d’oeuf et dans ce cas des traitements hormonaux ne servent à rien.
En résumé, lorsque vous possédez une ou des femelles qui ne pondent plus, il faut veiller à ce que ce ne soit causé par une infection de l’utérus. Si cette cause est exclue, il faut complémenter l’alimentation avec des vitamines E, A et D ainsi que du calcium. Après tout cela, si la femelle ne pond toujours pas, il faut se résoudre à l’évidence et l’écarter du colombier d’élevage.

[ Source: Article édité par Dr. Vincent Schroeder – Revue PIGEON RIT ]