Protéines – pigeon voyageur
Toutes les graines que consomment nos pigeons contiennent des protéine en proportion variables: les légumineuses (pois divers féveroles – vesces) de 20 à 26 %, les céréales de 8 à 11 %, les oléagineuses (chanvre – colza tournesol – arachide cacahuète navette etc.) de 18 à 35 %.
Nous pouvons y ajouter quelques aliments sous-produits tels que les levures (35 %) de même que feu les farines animales (40 à 50 %).
Les protéines forment la partie azotée de l’alimentation. Elles sont constituées d’acides aminés divers qui se séparent dans l’organisme pour se reconstituer en protéines animales pigeon. Image grossière: les pièces détachées de protéines des graines servent à faire des muscles, du sang, la trame dès os, les différents tissus du pigeon.
Les besoins du pigeon sont de l’ordre de 4 g de protéines par jour, celui du pigeonneau en croissance de 8 g. Une récente théorie allemande attaque violemment l’usage des protéines donc des légumineuses dans l’alimentation du pigeon. Ça n’est même pas vouloir mettre les pigeons au régime « végétarien » puisque les végétariens « hommes » consomment des grains riches en protéines tels les haricots, les lentilles, les pois etc.
Que faut-il penser de cette position?
La plupart des colombophiles, en période de concours, appliquent un schéma classique d’alimentation: premiers jours après le concours régime pauvre en protéines (et en matières grasses) dit « dépuratif ».
Pendant ces jours le pigeon est censé éliminer les déchets de l’effort accompli lors du concours précédent, c’est-à-dire en particulier les urates, acides lactiques etc. Ce régime par sa faible teneur en protéines (8 à 9 %) et en graisses n’est pas du tout capable de reconstituer l’organisme et la masse musculaire en particulier.
Certes certaines sources de protéines sont plus ou moins toxiques. Certaines variétés de vesces contiennent de l’acide cyanhydrique, poison violent mais très fragile et qui devient très vite inoffensif à faible dose. Ça n’est donc qu’un excès de ces vesces dans le mélange qui risque d’être dangereux. Pour le reste des graines légumineuses, ça n’est que leur excès qui peut devenir dangereux: l’utilisation organique (on dit « le métabolisme ») des protéines de ces graines donnent certes du muscle et autres protéines du corps (osséine par exemple) mais aussi produit des urates éliminés par les reins (le blanc sur les fientes) jusqu’à une certaine quantité, mais qui en excès se déposent sur le péricarde (l’enveloppe du cœur) et surtout dans les articulations provoquant une sorte de mal d’aile’ ou de boiteries qui évidemment n’ont rien à voir avec la paratyphose.
En pratique on peut dire qu’en période de repos (et surtout si les pigeons ne volent pas chaque jour) 35 à 40 % de légumineuses et 50 % en période sportive ou d’élevage, sont des proportions à ne pas dépasser. D’autant plus que de telles proportions n’apportent aucun avantage supplémentaire.
Les amateurs ont fait une tradition de la « dépuration » au retour des concours. Certes elle est nécessaire, nous l’avons vu plus haut.
Mais est-il nécessaire de la prolonger trois jours?
Ça ne fait pas de mal. Mais ne serait-il pas plus intéressant de faire reconstituer au pigeon sa masse musculaire le plus tôt possible, puisque ces muscles sont le lien (avec le foie et le péritoine) de mise en réserve des graisses qui seront à 95 % le carburant du travail musculaire au concours. Ceci nous amène à distribuer dès « le lendemain ou le surlendemain du concours un mélange riche en légumineuses assurant aussi la reconstitution rapide de la masse musculaire qui peut alors dès le milieu de semaine remplir son rôle de réserve de graisse. La ration de fin de semaine sera alors constituée d’un mélange relativement pauvre en graines légumineuses (15 à 20 %) mais très riche en céréales et surtout en oléagineuses telles que chanvre (qui apporte en plus phosphore calcium – magnésium) colza tournesol navette etc… cacahuètes dont les pigeons raffolent.
Bien sûr, tout cela doit être aménagé selon les données du problème: les vitessiers ont moins besoin de réserves de graisses que les fonciers, mais ils sont au concours chaque dimanche au lieu d’un dimanche sur deux. Pour ces derniers, la dépuration de trois jours n’est donc pas incompatible avec une reconstitution musculaire de milieu de semaine puisqu’ils auront encore plusieurs jours pour accumuler les graisses.
Dans ma carrière, je me suis beaucoup occupé aussi d’élevages de pigeons de chair.
Dans ces élevages, des trémies en libre service laissent à disposition, séparément, pois maïs et froment. On a essayé quelques fois de réduire la distribution de pois – plus coûteux. Et les pigeonneaux livrés étaient dans un état d’embonpoint tout à fait satisfaisant. Mais ça n’a pas duré longtemps: les utilisateurs ont violemment protesté contre la « tenue » des pigeonneaux à la cuisson. Ils « fondaient » de moitié, leurs chairs étant grasses, gorgées d’eau mais pauvres en fibres musculaires. D’autre part, dans un élevage qui disposait de pois verts de qualité exceptionnelle, nous avons eu une surconsommation de ces graines avec des accidents d’arthrite tant chez les pigeonneaux que chez les éleveurs. Mais c’est exceptionnel, le pigeon se rationnant habituellement spontanément. On n’a pas ces accidents lorsqu’on laisse à disposition non des pois mais des féveroles beaucoup moins appréciées. Quoi qu’il en soit, le rythme de distribution des aliments riches en protéines proposé plus haut, mérite d’être expérimenté.
Pour ma part, c’est ce que je fais depuis quelques années et je m’en porte bien.
N’oublions pas que nos pigeons ne concoururent que quatre à cinq mois par an et qu’il est toujours possible à l’amateur de suivre un régime plus léger au cours des sept mois restants.
[ Source: Article édité par Dr. J.P Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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