Psychologie Du Pigeon Voyageur
20 avril 2020 Par admin

Psychologie du pigeon voyageur

Psychologie Du Pigeon Voyageur

Psychologie Du Pigeon Voyageur

Très souvent, dans les reportages sur les colombiers à succès, l’amateur interviewé révèle que son pigeon vainqueur était dans un état « d’esprit » spécial et souvent inhabituel.
Tous les colombophiles savent que trois choses dominent l’instinct du pigeon: la sexualité, la propriété, la faim. Bien entendu tout cela se passe sous la domination de l’état de santé: on conçoit mal un pigeon diminué par un parasitisme ou un microbisme, fussent-ils peu importants médicalement, assumer pleinement ces constantes biologiques.
Si nous reprenons chacune des constantes énumérées ci-dessus nous pouvons en évoquer les multiples aspects. L’importance de la sexualité apparaît à toutes ses phases. Depuis la puberté avec le premier accouplement des pigeonneaux, la première ponte, le premier couvage avec un attachement tel qu’on voit souvent un couple de pigeonneaux couver des œufs artificiels pendant 30 ou 40 jours. Ils ne « savent » pas. Ensuite l’attachement des parents à leur nid, en particulier à fin de couvage et lorsque les pigeonneaux ont une huitaine de jours ou plus. A ces stades, interviennent des modifications hormonales profondes (prolactine – hormones gonadotropes thyroxine) en relations certaines avec la forme sportive et l’attachement au nid. Enfin, il ya la sexualité brutale du veuf et de sa femelle mis en présence juste avant la mise en loge et au retour. Mais cela est-il de la sexualité pure (uniquement pour « faire l’amour »?) ou interprété par les oiseaux comme le début d’un nouveau cycle de reproduction (chasse à nid – construction du nid – ponte – couvage – élevage des jeunes …). Dans le premier cas, un veuf qui a coché sa femelle avant la mise en loges ne peut pas briller au résultat. Je sais que beaucoup d’amateurs considèrent cela comme un accident et n’en logent pas le « délinquant », se privant ainsi de toute chance de vérifier l’exactitude ou non de cette opinion.

 

Certaines méthodes de mise en condition, en particulier pour les pigeons de fond et grand fond, démontrent indirectement que la copulation ou non avant l’en logement n’a que très peu d’importance. Ces méthodes – on peut y ajouter des variantes consistent à réunir mâle veuf et sa femelle, cinq jours avant l’en logement pendant toute la journée (où il y a forcément copulation). Le soir ils sont séparés jusqu’au surlendemain matin. Réunis à nouveau à la case, ils reçoivent quelques brins de paille et font un nid. Séparés à nouveau le soir, ils se retrouveront le jour de l’enlogement dans l’après-midi duquel on glissera un œuf chaud dans le nid. Les veufs ainsi préparés répondent très bien à cette méthode et j’en ai tiré à chaque fois beaucoup de satisfactions.
Nous venons d’évoquer le nid, bien central de la sexualité naturelle. L’instinct de propriété est une des bases de la psychologie animale. Cela s’appelle techniquement le territoire. Pour un jeune pigeon, c’est sa planchette ou sa nichette. Pour un adulte, c’est sa case. J’ai eu autrefois un colombier avec trois compartiments d’une douzaine de cases exactement semblables. Et j’ai eu très fréquemment des problèmes. Si je lâchais ensemble ces trois colombiers (de veufs en saison sportive), j’avais de terribles batailles entre pigeons qui s’étaient trompés de colombier mais défendaient la case correspondant à la leur dans le colombier … d’à côté. Je n’avais jamais cela dans le dernier colombier en bout de bâtiment qui avait une fenêtre supplémentaire. Si j’en avais eu le temps (j’étais à l’époque en activité vétérinaire classique « du papillon à l’éléphant ») j’aurais pu, je pense, exploiter ces erreurs à la jalousie.
Enfin, troisième volet de la psychologie du pigeon, la faim entretenue, c’est-à-dire l’appétit. Il y a certes des familles (on parle volontiers de « souches ») de pigeons méfiants et d’autres plus facilement familiers. Une certaine familiarité étant souhaitable mais pas trop – l’acquérir et l’entretenir est un problème dès le sevrage. La technique des « réflexes conditionnés » est à la base de ce dressage qui conditionne toute la vie sportive du pigeon et… de l’amateur. Tout d’abord une première condition: la présence. Gratter quand les pigeons sont dehors, préparer la nourriture dans les mangeoirs en l’absence des pigeons sont – de ce point de vue – une erreur. Les pigeons doivent vivre la vie du colombier avec leur maître. Ensuite viendra peu à peu l’association instinctive: quand on siffle tout en distribuant les graines, les pigeons comprennent peu à peu que sifflet = repas. La rentrée rapide au colombier devient alors un réflexe conditionné. Et l’amateur assistera au repas de ses oiseaux.
De même, avant l’enlogement, lorsque l’on retourne les plateaux. Au bout de quelques concours, les pigeons débutants comprennent vite qu’on va leur présenter leur femelle, ou si on ne les présente pas, qu’ils vont partir et la retrouver à la case au retour. Leur excitation est elle aussi un réflexe conditionné.
De plus en plus on voit des colombiers s’équiper de façon moderne: colombiers sur caillebotis, cases nettoyées au racloir automatique. J’ai connu aussi ouverture automatique du colombier à 7 h. et 17 h.

 

Fermeture avec sonnerie d’appel une heure plus tard et distribution automatique de 15 à 20 g de graines dans chaque case. Certes cela était le fait d’amateurs très occupés (et fortunés). Mais que devient alors la relation homme pigeons avec ses sujétions certes mais aussi ses plaisirs. Et que devient cette familiarité souhaitée comme nous l’évoquons ci-dessus? La morale de tout ceci, c’est que l’observation de l’amateur (donc sa présence au colombier, nous y revoilà) joue un rôle primordial dans toutes les perturbations de cette psychologie pigeonnière. On attache facilement de l’importance aux indices sexuels. Cela joue bien sûr un grand rôle comme nous l’avons évoqué. Au passage, je signalerai la désaffection instinctive des veufs accouplés avant la saison à une femelle stérile à qui on a passé des œufs. J’ai plusieurs fois observé que ces veufs, laissés accouplés avec cette même femelle, ne faisaient pas grand chose aux concours. L’attachement à la case, la conquête d’une deuxième par un bon veuf est souvent le signal de quelques exploits.
Un de mes amis avait un tout bon pigeon qui, en juin, annexait la boîte en bois sans couvercle sur laquelle était posé l’abreuvoir. Toute la journée il faisait la navette entre cette petite caisse et sa case et les exploits sportifs commençaient.
Il y a aussi les pigeons à qui leur case ne plaît pas et qui se mettent à faire des prix quand une autre se libère. Bref, rien ne remplace le « coup d’œil » de l’amateur … qui s’en occupe.

[ Source: Article édité par Dr. J.P Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]

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