pub ou arrogance ? – pigeon voyageur
Je lis énormément et avec plaisir tout ce qui touche au pigeon et je tente toujours d’en retirer quelque chose. Je rate rarement une chronique d’Ad Schaerlaeckens, un homme qui sait de quoi il parle. Ces récents jours je me suis mis à maugréer plus qu’à mon tour à la lecture d’articles ou de publicité présentant des système d’alimentation révolutionnaires (sic). On traite de pourcentages en hydrates de carbones, en protéines, en graisses et de mélanges onéreux au point que j’en reste bouche bée. Malgré trente années d’activité au sein d’une firme spécialisée dans la production d’alimentation pour pigeons, je ne puis assimiler ce qui se répand de nos jours au sujet de l’alimentation. Suis-je trop bête?
L’amateur moins informé que moi perçoit tout cela comment? Ou dois-je admettre que la majorité ne se cassent pas la tête et admettent tout bonnement toutes ces balivernes. Chez nous ce n’est pas une rage, mais les amateurs allemands donnent de plein pied dans le panneau. J’ai été assailli de courriers allemands, sollicitant mon avis sur ces compositions. Je ne puis répondre. Cela dépasse mon entendement.
Lecture effarante.
J’ai pu lire récemment que les mélanges traditionnels ne répondent plus aux besoins actuels. A croire l’auteur les anciens mélanges « élevage » et « mue » contiennent 15 % de protéines alors qu’il en faudrait 18 % pour le pigeon de nos jours.
Je n’ai pas contrôlé en combien ces pourcentages sont exacts. Le même auteur écrit que le mélange sport traditionnel contient 6% de graisses. Et il ajoute que cela aussi n’est plus de notre temps.
Selon lui un mélange sport « moderne » devrait contenir 10 % de graisses. Ne me demandez pas le pourcentage des divers grains d’un mélange, je ne le sais pas malgré trente années de présence au sein d’une firme spécialisée. J’ajouterai, en plus, que cela ne m’intéresse pas. En période d’élevage je nourris avec de l’élevage, en période de mue avec du mue et à la saison des concours avec du sport. L’hiver je liquide mes restants tout en composant le repas principal avec de l’orge et du dépuratif en majeure partie. Il ne faut pas chercher plus avant et la poignée de maïs, cacahuètes et dessert que j’y ajoute en saison ne doit changer beaucoup la composition de mon mélange.
Quelques jours plus tard j’ai pu lire une version totalement opposée. Il y allait d’un texte allemand et je l’ai « classé » à la corbeille à papier sans hésiter.
J’aurais dû le garder pour vous en parler car je ne puis me rappeler toutes les âneries qu’il contenait.
J’ai retenu néanmoins qu’il proposait d’extraire les pois et les protéines du mélange sport, prétextant qu’ils ne sont que surcharge pour le pigeon. Le mélange alternatif qu’il présentait était à ce point banal que je ne l’ai plus en tête. J’observe avant tout que ces présentations et conseils sont toujours l’œuvre de gens qui ne savent pas décrocher un prix dans les concours ou qui n’ont même pas de pigeons.
Publicité et nouveauté.
Il faut des nouveautés et de la promotion pour que le commerce tourne à plein temps. Il est normal que les firmes automobiles présentent à répétition de nouvelles voitures sur le marché. Cela étrille la concurrence qui tente de faire mieux à son tour. La mode aussi évolue sans cesse. Ce qui était en vogue dans les années ’30 a sombré dans l’oubli au fil des années.
Quoi de plus normal. Comme les autres, le sport colombophile évolue et développe des modes.
Le jeu à nid n’est plus de mode.
Tout le monde pratique le veuvage et même le veuvage dit total. Le jeu à femelles et à pigeonneaux est en plein essor.
A l’avenir nous jouerons de plus en plus avec de vieux partenaires au veuvage pour pigeonneaux.
Les Allemands sont très friands des modèles Aarden, Janssen et Schellens. Si la production et l’évolution des mélanges se met à subir l’évolution de la mode à son tour, je ne pourrai suivre le mouvement. Je vous dirai seulement que tout qui va payer très cher ces fameux mélanges, est certainement plus simple d’esprit que moi.
Ne vous laissez pas séduire.
La rage qui sévit en Allemagne pour l’heure n’est que passagère à mes yeux et s’estompera au fil du temps. J’ai pas mal de relations avec des colombophiles allemands. D’aucuns se moquent de cette rage, mais bon nombre d’autres portent tous leurs espoirs sur ces nouveaux et onéreux mélanges. Cela se répand à grande vitesse. On en parle, on en discute et on finit par démontrer scientifiquement (?) qu’il faut y recourir.
Les firmes ou grossistes qui présentent un nouveau mélange révolutionnaire trouvent quantités d’amateurs disposés à puiser au fond de leur poche pour y souscrire. C’est pourtant loin de ce que l’on pourrait appeler l’œuf de Christophe Colomb. Le sport colombophile est déjà suffisamment cher sans ces onéreuses fantaisies. Il y a une centaine d’années les pigeons se contentaient de froment, de seigle et de déchets de battage. Au fil des années furent présentés des mélanges améliorés, de qualité fiable. Nous en avons un pour chaque saison. La composition et les pourcentages diffèrent d’une firme à l’autre et rien n’y fait si l’un présente du maïs rouge et l’autre du rouge-jaune.
Ces légères différences n’ont aucun effet sur le comportement des pigeons. On ne présente plus de mauvaise nourriture pour les pigeons. Toute firme qui se respecte ne peut se permettre de mettre sur le marché un produit de mauvaise qualité. Ne vous laissez pas séduire par ces prétendus mélanges révolutionnaires beaucoup trop chers. Nous élevons et nous jouons depuis des années avec des mélanges traditionnels.
N’écoutez pas celui qui prétend que le pigeon a changé et ne jetez pas votre argent inutilement.
Peu importe la firme où vous prenez vos mélanges pourvu que les graines soient saines et que les prix ne flambent pas. C’est surtout cela que je tenais à vous dire.
[ Source: Article édité par M. André ROODHOOFT – Revue PIGEON RIT ]
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