pouvons nous connaitre des pigeons 1
19 mars 2021 Par admin

Que pouvons-nous connaitre des pigeons? (1)

pouvons nous connaitre des pigeons 1

Bientôt dix ans seront passés. Nous avions alors en fait que des « canards »… et nous-mêmes, nous n’étions encore que des débutants. Un dimanche, un trieur vint dans le local à Wilrijk. Son arrivée avait été annoncée des semaines à l’avance et, désireux d’apprendre comme nous l’étions, nous nous trouvions à ses côtés, très tôt le matin, dans le but de l’observer et d’essayer de lui arracher son « secret ». Son nom ne me revient plus à la mémoire, mais je sais encore très bien que c’était un homme imposant, qui paraissait juger en connaissance de cause. Il avait un air mystérieux, qui faisait grande impression. Mon frère me dit : « C’est dans la gorge que gîte son secret : il ouvre le bec de chaque pigeon… » A quoi je rétorquai : « Je crois qu’il y a un autre secret dans les plumes, car il les examine attentivement… »
Quoi qu’il en soit, après être restés des heures à le regarder travailler, nous décidâmes d’aller nous aussi, chercher nos pigeons. Il mit un cachet sur chacun d’eux. Après coup, nous entendîmes dire qu’il le faisait surtout pour qu’on ne lui joue pas un mauvais tour, en lui représentant deux fois le même sujet. Ayant jugé nos pigeons, il nous remit une liste, sur laquelle il était indiqué que nous avions six « extras » sur les vingt oiseaux présentés! Les autres étaient tous ou « très bons » ou « bons ».
Il va sans dire que nous n’étions pas un peu fiers!Hélas!ll ne fut pas question de faire des prix… mais nous avions beaucoup de courage, en entamant l’année suivante… qui se clôtura par un unique prix!
On voit que je pouvais bien parler de canards! Il y a quelque chose de changée, depuis ces temps héroïques et, à ce moment-là, nous n’aurions jamais pensé qu’un jour, nous écririons aussi, à propos de pigeons. Mais il va sans dire que nous ne sommes jamais parvenus à découvrir le secret ». Oui, chers lecteurs, nous désirons tous apprendre et tous nous tâchons de connaître quelque chose de nos pigeons, parce que c’est là que se trouve la clef du succès durable.
Et, effectivement, il faut avoir un minimum de connaissances pour devenir un bon amateur, et surtout pour le rester. Comment, dans le cas contraire, pourrait-on voir si l’on progresse ou si l’on recule? Oui, il faut une certaine dose de connaissance, pour ne pas être le jouet de la capricieuse Dame Fortune.
Malheureux est l’amateur qui croit que celui qui joue bien, détient « le » secret. Car il perd confiance en lui-même et dès qu’on a perdu la confiance, on est bien vite un homme battu. Non!Le secret du bon pigeon n’existe pas.
Il est vrai qu’il y a eu des trieurs qui prétendaient connaître « le » secret, entre autres celui qui, récemment, annonça bruyamment qu’il avait découvert le secret dans la queue du pigeon… et qui vendait son secret pour 500 francs!En fait, ce qu’il avait trouvé, c’est le secret de « faire de l’argent ! (1)
Encore une fois : Non, il n’y a pas de secret, mais il y a de nombreux indices qui trahissent les pigeons de qualité. Certains de ces indices sont absolument indispensables, pour qu’un oiseau ait quelque valeur sportive. D’autres indices n’ont pas la moindre importance. C’est pourtant à leur sujet que les amateurs se cassent le plus la tête!Nous allons approfondir ensemble ce sujet.
Le mois dernier, nous avons parlé des muscles, de l’ossature et du poids du pigeon, par rapport à la force de l’aile. Ces quatre points constituent un tout dont l’équilibre est le facteur essentiel. Nous savons comment nous pouvons contrôler si un pigeon possède de bons muscles. C’est après avoir laissé nos pigeons un où deux jours sans manger, que nous le remarquons le mieux. C’est alors qu’on sent si un oiseau est musclé ou non, car dans la négative il fond littéralement. Nous savons également ce que c’est qu’une ossature ferme. Il est d’ailleurs aisé de vérifier sa solidité en appuyant sur le rein du pigeon. Par en dessous, nous tenons les doigts à extrémité du bréchet.
Si la cage thoracique cède sous la pression, l’oiseau possède une faible ossature, c’est-à-dire qu’il est absolument faible de constitution. Je ne sais plus lequel de MM. Sion, Bricoux ou Dupont a dit « que l’arrière du pigeon est probablement presque tout! » L’intéressé voulait dire par là qu’à tout prendre, un pigeon doit être solide de l’arrière et très bien se « fermer ». Et maintenant que nous en sommes à la « fermeture », il nous faut dire un mot de la fourche arrière. Les os de la fourche doivent-ils être comme soudés? Absolument pas et, à ce point de vue, mon opinion a évolué, à la suite de nombreuses expériences faites. D’ailleurs, tout est question de rapport. Un pigeon pesant doit avoir les os du pubis très forts, presque soudés et très près de l’arrière du bréchet. Chez un sujet léger, au contraire, ils peuvent être écartés, à condition :
1) qu’ils se trouvent aussi près que possible du bréchet ;
2) qu’ils soient fermes et ne cèdent pas à une pression légère ;
3) qu’ils ne pendent pas vers le bas. Un pigeon dont la fourche tombe en dessous de la ligne du bréchet, est un pigeon mal bâti, et très peu apte à se défendre, même sur les parcours moyens. D’un autre côté, lorsqu’on appuie avec les doigts derrière le bréchet, et qu’on peut ainsi presser le pigeon, on a à faire à un oiseau faible, car sa fourche tombe facilement en dessous de la ligne de l’arête. Le poids et la force de l’aile sont des sujets faciles pour un chroniqueur colombophile, parce qu’on pourrait écrire des pages et des pages là-dessus, voire des volumes! Et en fait, n’est-ce point là le cauchemar des constructeurs d’avions? Le poids et la force de l’aile sont également en rapport direct avec le moteur. L’étude de ces trois points nous apprendra beaucoup, énormément de choses, au sujet des qualités sportives d’un pigeon.
Pour développer une vitesse maximale sur des parcours réduits ou moyens, un pigeon doit avoir un certain poids, en rapport avec son gabarit. Un grand pigeon n’est pas un long courrier : c’est un sujet de vitesse.
Par contre, un grand pigeon léger peut être un bon sujet de fond. Un pigeon plutôt petit, mais pesant, est un bolide en vitesse et en demi-fond, tandis qu’un petit pigeon léger est ce qu’il y a de meilleur pour le fond. C’est ainsi que l’on trouve les meilleurs pointeurs de 100 à 500 km parmi les pigeons les plus musclés et les plus pesants, en tenant compte, bien entendu, du rapport entre le poids et la taille. Mais cela n’est vrai que si l’aile et le moteur sont également bons.
Par exemple, une aile dure est un signe certain de non valeur chez un pigeon pesant, tandis qu’elle fait moins de tort à un pigeon léger. En fait, plus souple est l’aile, plus le vol est aisé, mieux le pigeon reste en l’air et plus longtemps vole-t-il sans fatigue. Vous remarquez tout de suite que l’aile joue un rôle de tout premier plan : un rôle capital.
Peut-on déclasser un pigeon uniquement à cause de son aile? Oui!En réalité, un pigeon pesant à aile dure, ne vaut rien. Un pigeon pesant à aile courte, surtout l’arrière-aile, ne vaut rien non plus. Toutefois, si cette même aile courte est extraordinairement souple, fortement charpentée et musclée, l’oiseau peut être bon. D’un autre côté, un pigeon pesant à aile souple est un mauvais pigeon par temps dur, si l’avant-bras est trop long. C’est le principe même du levier. Plus loin se trouve le point d’appui, moins les muscles ont de force. C’est ainsi que la fatigue arrive plus vite. Il est vrai que la souplesse des rémiges alaires peut aider les muscles dans une mesure importante, ce qui diminue et retarde la fatigue. Le même fait se produit, dans une mesure beaucoup moindre, avec les rames. Plus celles-ci sont dures, plus elles exigent de force musculaire. Tandis que des rames souples et faisant ressort, fatiguent beaucoup moins. Vous avez ainsi deux indices de premier ordre, en ce qui concerne le rôle de la force de l’aile, dans différentes circonstances.
Une aile parfaite se présente donc comme suit : puissamment charpentée et musclée, très souple, pas trop loin du corps avec un avant-bras court, des rémiges primaires et secondaires situées de manière à se recouvrir mutuellement et à ne laisser aucun interstice.
Et, le principal, c’est qu’une bonne aile reste en rapport avec le poids du pigeon. Mais le meilleur pigeon de vitesse peut être un mauvais aux grandes distances. Le contraire est parfois vrai aussi, quoique dans une mesure moindre et dans des cas plus rares. Un pigeon peut être bâti d’une manière idéale, avoir la meilleure aile et les meilleurs muscles… et ne rien valoir, si le moteur ne vaut rien. Nous en parlerons la fois prochaine. Le moteur est, de loin, la partie la plus sensible de nos machines à voler.
Nous dirons un mot en passant du pilote qui les conduit. A première vue, il semble que ces points restent en dehors de notre contrôle. Loin de là. Nous allons vous montrer, pour terminer cette série d’articles, que nous commençons à connaître quelque chose, dans ce domaine.

Noël De Scheemaecker


Notice:

  • (1) Le sport colombophile a toujours charrié des « secrets » et il en est toujours ainsi. On y croyait davantage à l’époque des années trente et ils faisaient la fortune des juges et des fabricants de pilules. A l’époque la grande majorité ne disposait pas des moyens de communication dont nous disposons de nos jours. Quelques rares privilégiés pouvaient s’informer mieux que la masse… Les frères De Scheemaecker eurent vite compris que s’ils informaient correctement les petits amateurs et s’ils les protégeaient contre les pratiques malhonnêtes, leur périodique connaîtrait un bel avenir. Ils comptèrent d’ailleurs des dizaines de milliers de fidèles lecteurs en quelques années.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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