Questions et réponses d’AD SCHAERLAECKENS
L’entretien avec Ad Schaerlaeckens, notre collaborateur André Roodhooft lui a posé quelques questions en votre nom. Voici les réponses.
Qu’entendez-vous par motivation?
La motivation s’exprime par l’attachement au territoire (casier). Il suffit qu’un « veuf » se trompe deux, trois fois de casier pour mettre le feu au colombier. A cette intention j’accroche des reposoirs de temps à autres. Il est arrivé que le retour d’un veuf après plusieurs jours provoque la victoire de son voisin de casier le week-end suivant.
Lorsque je rassemble jeunes mâles et femelles, je meuble le colombier de boîtes et caisses où ils cachent leurs amours. Il m’arrive de poser abreuvoir ou de jeter quelques graines près de l’une qui est occupée. Un pigeon doit être attaché à son colombier et aimer y séjourner. Une femelle avec un jeune de huit jours au nid est énormément motivée. Malheureusement, on ne peut la jouer que deux fois alors.
Et le suivi médical?
On ne peut plus s’en passer, mais qui en use le moins récoltera les meilleurs résultats. Je vaccine préventivement mes vieux pigeons contre la paratyphose (salmonelles) en fin de saison. Jadis j’employais de l’altabactine; je suis passé au « parastop » et trimethoprim. Je traite régulière-ment mes éleveurs contre la trichomoniase. Les voyageurs reçoivent une cure alors qu’ils couvent en novembre et éventuellement une deuxième avant les premiers concours. J’ouvre l’oeil et je tends à devoir intervenir médicalement le moins possible. Le tout est d’être très attentif à tout ce qui se passe au colombier. Chaque jour passé « hors cure » est un jour gagné. J’en appelle à l’altabactine lorsque c’est absolument nécessaire. Chez moi vous ne trouverez ni des grosses têtes ni des yeux humides. Je crois devoir cela au régime spartiate imposé l’hiver. L’été les ventilateurs assurent la parfaite aération et oxygénation de mes pigeons. Hormis les vaccins classiques, je n’emploie quasi pas de médicaments. Cela peut paraître invraisemblable, mais c’est ainsi.
Que penser d’une volière devant le colombier?
C’est « super », surtout pour les pigeonneaux. On perd moins de jeunes lors des premières sorties. Ils disposent de plus d’air et de plus d’oxygène et demeurent en parfaite santé. En volière on les trouve radieux. Ils ne présentent ni des narines humides, ni des grosses têtes. Mais il faut qu’ils rentrent la nuit et la petite porte d’accès doit être réduite au possible.
Laissez les pigeons choisir où ils veulent passer la journée: dedans ou dehors. Tous les colombophiles qui jouent fort à pigeonneaux disposent d’une volière extérieure.
Comment sélectionner?
Rien de compliqué pour sélectionner des pigeons adultes. Si vous examinez un pigeon de deux ans chez moi, ce sera un « bon »; mais je ne possède pas beaucoup de « deux ans ». Je sélectionne les adultes au vu de leurs prestations uniquement. La plupart des amateurs cherchent le beau modèle, l’aile idéale et le bel oeil, croyant que ces qualités signifient que le pigeon volera bien.
Moi j’opère à l’inverse. Je tiens compte uniquement des prestations aux concours. Mes résultats sont ma bible. En agissant ainsi on obtient automatiquement de beaux modèles, avec des ailes et des yeux, etc. Je rie produis plus de plumes rêches, elles sont complètement éliminées de la souche. Les pigeonneaux en santé précaire et ceux qui sont trop petits ou trop profonds à l’heure du sevrage sont éliminés sans hésiter.
La colombophilie « hobby » a-t-elle encore un avenir ou allons-nous vers un certain professionnalisme? Ma prévision est plutôt sombre. La réduction soutenue du nombre d’affiliés est inquiétante. Il faudra créer bientôt de plus grandes zones de participation. Le niveau qualitatif des amateurs se nivelle de plus en plus. L’influence du vent et de la situation géographique vont peser de plus en plus, avec les conséquences que l’on devine.
Où en est-on avec la « résistance naturelle »?
Elle est bien moins réelle que jadis. Le recours exagéré aux médicaments, à tort et travers et souvent à des moments inopportuns ont complètement ruinée cette résistance. Cela nous engage à conseiller l’accès à une volière extérieure. Remplaçons les antibiotiques par de l’air frais et de l’oxygène.
Que pensez-vous du dopage?
Qui se fait prendre pour avoir eu recours à des produits prohibés est un pauvre type. Il devrait savoir que l’on peut réussir parfaitement sans s’en servir. La cortisone a été adoptée pour retarder la mue. On obtient le même résultat en pratiquant l’obscurité au colombier. Il me dépasse de voir des amateurs qui prennent des risques en faisant appel quand même à la cortisone.
Que pensez-vous des « mélanges spéciaux »?
Je n’y crois pas. A mes yeux les appellations « plus », « extra », « super » etc. traduisent uniquement l’appât du gain. Je vois régulièrement dans les gazettes la photo d’un vainqueur qui fait la publicité d’une firme. Qui peut contrôler cela et prouver qu’il en est réellement ainsi? Personnellement je m’en tiens aux mélanges classiques. Ces dernières années, j’ai opté pour un régime plus léger. Je nourris beaucoup de dépuratif. En période de mue j’ajoute un supplément de petites graines et les produits adéquats.
Vos résultats fantastiques font dire que vous êtes en avance sur votre temps et que vous détenez quelques petits secrets.
C’est me reconnaître des qualités que je ne possède pas. Je suis extrêmement attentif et observateur pour tout ce qui se passe au colombier. Lorsque je donne une cure je ne commence ni trop tôt ni trop tard et je ne l’engagerai certainement pas lorsque les pigeons sont déjà touchés à mort.
Je ne traite ni aveuglement, ni sans raison. Pourquoi suis-je allé acheter des pigeons chez Jos Smits, Vandenabeele, Voets, Grondelaers, Janssen, Daems, Marcelis etc.?
Croyez-vous que je me serais imposé ces sacrifices pécuniers et autres (déplacements, temps perdu, kilomètres) si j’avais pu obtenir les mêmes résultats en me procurant un petit flacon de substances miraculeuses? Plus je progresse dans la carrière colombophile, plus s’affirme ma conviction que la qualité des pigeons est primordiale. Tant que d’autres s’évertueront à trouver des médicaments et des produits miracles et que je m’en tiendrai moi à dénicher de bons pigeons, je garderai une longueur d’avance sur eux. J’ai expérimenté tout et davantage. Il n’existe pas de produits miracles!
Que conseille Ad Schaerlaeckens aux lecteurs de « Pigeon Rit »?
– Croyez uniquement aux bons pigeons et n’écoutez pas tous les cancans secrets. Ne vous faites pas « rouler » en accordant trop d’importance aux races, aux pedigrees et au wagon de produits que l’on tentera de vous vendre.
– Elevez beaucoup de jeunes, jouez-les et sélectionnez sévère-ment. Accouplez les pigeons venus d’ailleurs aux meilleurs de votre colonie et jugez-les encore plus sévèrement.
On accorde beaucoup trop de crédit aux souches de renom. Les bons pigeons peuvent engendrer des jeunes sans talent comme les autres.
– Il est préférable d’acheter à bon compte dix ou vingt oeufs que de payer cher pour un seul pigeon.
– N’allez pas chercher trop loin de chez vous. Achetez plutôt chez un voisin qui vous bat régulièrement.
Trop de gens s’adressent au mauvais moment, à des vendeurs mal choisis pour acheter les pigeons qui ne leur apportent rien qui vaille.
[ Source: Article édité par M. André Roodhooft – Revue PIGEON RIT ]
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