Rêves et réalité pigeon voyageur
20 mars 2021 Par admin

Rêves et réalité – pigeon voyageur

Rêves et réalité pigeon voyageur

Qui n’a jamais rêvé de décrocher des prix de tête dans les concours nationaux et les championnats? De classer des « as-pigeons » et de dominer la concurrence ? Il n’y a rien de mal tant que vous vous tiendrez à rêver en gardant les pieds sur terre. On voit couramment des amateurs prendre leurs rêves pour la réalité au terme d’une saison parfaitement réussie. Ils s’imaginent avoir trouvé la clé du succès et concluent qu’il ne peut plus rien leur arriver. Le succès est fragile et de courte durée souvent. Qui veut atteindre le sommet en colombophilie et demeurer en tête doit être ambitieux et modeste à la fois. Qui prétend tout connaître et avoir tout à sa disposition pour réussir, n’est pas loin de redescendre de quelques marches et sa chute est proche. Il y a quelques années je me suis entretenu quelques fois avec un amateur dont la saison avait été tout bonnement phénoménale. Ces entretiens étaient déplaisants au possible. Je ne les oublierai jamais, tant ils m’ont frappé. L’homme n’en finissait pas de parler. Il n’écoutait personne. Il décrivait ses performances en un verbiage haut en couleur et il prétendait, sans hésiter être armé pour tailler la concurrence en pièces dès la saison à venir. Il était convaincu d’avoir élevé une pléiade de jeunes cracks parce qu’il avait procédé à des accouplements judicieux. Comme ce n’étaient pas des jeunes hâtifs, ils avaient été à peine dégrossis, mais on verrait de quoi ils étaient capables l’année prochaine. Convaincu de réaliser ses espoirs il avait commandé un nouveau colombier. « On ne peut faire autrement lorsqu’on dispose de plus de pigeons de valeur que de casiers », ponctua-t-il avec un petit sourire aux lèvres. Ma longue carrière à la Station m’a appris pas mal de choses sur les pigeons et sur les amateurs. Tout le monde sait que les colombophiles aiment vanter la qualité de leurs pigeons et qu’ils exagèrent quelque peu dans la description de leur comportement, mais celui-ci était intensément convaincu de ce qu’il racontait, tant il avait d’assurance dans son propos.
J’ai tenté de lui épargner de grosses déceptions en lui apprenant que rien n’est plus délicat que de prédire l’avenir en sport colombophile. Qu’il arrive régulièrement que quelqu’un brille de tous ses feux grâce à un bon couple d’éleveurs ou à quelques bons pigeons, mais que, une fois les producteurs usés, même le plus grand champion vivra des saisons archi creuses, par manque de bons pigeons.
J’étais honnête et j’avais de bonnes intentions à son égard. Mais je parlais dans le vide. Le regard de l’homme témoignait d’une telle pitié, que je me mis à douter de moi. Je préfère ne pas vous dire ce qu’il m’a répliqué. L’année suivante ses résultats furent bien pâles. Ils pouvaient encore être vus pour les « vieux », mais les yearlings dont il disait que c’étaient certainement des cracks, parvenaient à peine à décrocher un petit prix de temps à autres. Ils étaient pourtant tous apparentés aux meilleurs de ses vieux coursiers. Ils portaient mêmes des ressemblances extérieures frappantes. En bref: ils ne différaient que par leur nullité. L’homme ne veut toujours pas l’admettre.
Je n’avais plus rien appris à son sujet depuis quelques temps, lorsqu’il me téléphona à nouveau. Il avait consulté tous les vétérinaires du pays et même quelques-uns à l’étranger. Il ne doutait toujours pas de la qualité « exceptionnelle » de ses pigeons et il était convaincu qu’ils portaient un virus ou une bactérie. J’ai tenté une nouvelle fois de lui faire comprendre que le sport colombophile et les mathématiques font deux. Deux fois deux font quatre, d’accord. En élevage colombophile par contre un mâle extra x une femelle extra font souvent zéro. Les bons pigeons sont plus que rares. Les chances d’obtenir un bon résultat augmentent en accouplant bon x bon, mais la réussite n’est pas assurée pour autant. L’homme est aveuglé par la descendance et la consanguinité. Il possède toujours quelques veufs qui se classent régulièrement. Tous les pigeons sont logés dans des colombiers identiques et tous sont nourris et soignés de la même manière.
Si d’aucuns remportent des prix et d’autres pas, je ne soupçonne pas la maladie, mais le manque de classe tout simplement. J’ai proposé à mon interlocuteur d’éliminer tous les pigeons qui ne se classaient pas dans les concours et de procéder à une grande sélection dans son colombier d’élevage qu’il dit peuplé de frères et soeurs issus de vrais cracks. Il ferait bien d’engager la prochaine saison avec moins d’éleveurs et moins de coursiers et en confiant la sélection au panier de voyage. Il y verrait bien plus clair qu’en continuant de s’accrocher à des pedigrees, à la consanguinité et aux grands noms. Il n’y a que deux races de pigeons : les bons et les mauvais. Nous tenons tous trop de mauvais pigeons et les bons sont rares. Les caractères extérieurs ne présentent quasi pas de différences entre les deux groupes.
A les voir ou à les juger en main, personne ne veut voir à quelle catégorie appartient un pigeon. Il est des amateurs qui prétendent et croient qu’ils en sont capables. J’attends toujours de rencontrer le premier qui me prouvera son savoir-faire, résultats dans les concours à l’appui. En attendant, nous pourrons toujours faire confiance au panier de voyage. Heureusement.

A. Roodhooft


Notices :

  • Le sport colombophile n’est pas une science exacte. Deux fois deux font quatre, mais un crack mâle x une crack femelle font souvent zéro.
  • Il est aisé d’opérer une sélection parmi des pigeons d’un même colombier et qui jouissent d’un traitement identique. Si certains remportent des prix et d’autres pas, seule la qualité est en cause.

[ Source: Article édité par M. André Roodhooft – Revue PIGEON RIT ]

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